Le retard français

Thèmes abordés

Retard, français, économie, puissance économique, matière économique

Résumé du document

La France a toujours semblé en retard sur ses rivaux économiques historiques. Que ce soit lors de la Révolution Industrielle par rapport à l'Angleterre, pendant les années 1980 lors du phénomène de libéralisation des économies vis-à-vis de l'Angleterre ou des États-Unis ou même maintenant par rapport à l'Allemagne qui semble être devenu le modèle à suivre.
Qu'en est-il vraiment de ce retard français ? Un retard à proprement parler ne s'établit toujours qu'en comparaison d'une sorte d'étalon censé fixer la norme ou la voie à suivre. La France bien qu'on ne puisse nier qu'elle a toujours plus semblé une « nation suiveuse » en matière économique ne paraît pas pour autant être un pays en difficulté. Ce terme de retard est-il vraiment pertinent ? Qui plus est aujourd'hui la France semble avoir pris sa revanche sur l'Angleterre, en témoigne le classement des plus grandes puissances économiques : la France devance désormais l'Angleterre depuis de nombreuses années.

Extraits

[...] Cependant, cette spécificité française a su constituer un avantage. La tendance très française à ne jamais choisir un modèle et de s'y engager de manière totale comme ont pu le faire l'Allemagne, l'Angleterre ou les États- Unis ne constitue pas uniquement un inconvénient, on pourrait y voir un avantage non négligeable. En effet l'Allemagne que l'on pose comme exemple et comme voie à suivre ne semble pas, lorsque l'on étudie sa situation économique à long terme, être un si bon exemple. [...]

[...] L'industrie française reste essentiellement ce que F. Mendels appelle une proto-industrialisation, c'est-à-dire que le tissu industriel se développe essentiellement dans les campagnes, il y a une forte inter-dépendance entre le secteur agricole et le secteur industriel. Au début du 19ème siècle, la structure sociale française a très peu changé par rapport au siècle dernier. Il n'y a pas eu de révolution agricole à proprement parler, mais plusieurs petites innovations qui n'avaient cependant rien de révolutionnaires. Or pour Paul Bairoch, les progrès agricoles sont une condition nécessaire au démarrage industriel. [...]

[...] Le retard français est un processus long qui a découlé de plusieurs siècles de féodalisme, la rigidité du système français a empêché celui-ci d'évoluer à temps afin de prendre le train de la croissance au 18ème et 19ème siècle. Cependant elle a su dès le milieu du 19ème siècle sortir son épingle du jeu, et, en l'espace d'un siècle, rattraper son rival historique l'Angleterre et la devancer sur le plan économique. La France n'a peut-être pas connu le prestige qu'ont connu l'Angleterre victorienne ou l'Amérique du 20ème siècle mais elle a toujours su rester prudente et réfléchie. [...]

[...] L'absence de forte croissance démographique en France gêne l'apparition d'une vraie révolution agricole. En effet, l'évolution de la population en France n'est pas aussi forte qu'en Angleterre. La population française passée d'un régime démographique avec une forte natalité et une forte mortalité à un régime démographique avec une faible mortalité et une faible natalité, n'est quasiment pas passée par le stade de transition démographique durant laquelle la population augmente de manière exponentielle. Le phénomène de pression créatrice décrit par Esther Boserup n'a donc pas lieu en France, le pays ne se retrouve pas au pied du mur comme ce fut le cas en Angleterre. [...]

[...] L'un des phénomènes explicatifs de cette absence de take off est le fait donc qu'il n'y ait pas eu de révolutions agricoles préalable à l'industrialisation mais plutôt une longue évolution agricole qui a accompagné la Révolution Industrielle. Un autre facteur est le rôle prépondérant de la demande dans le phénomène de Révolution Industrielle. En France comme nous l'avons vu plus tôt la transition démographique s'est opérée très vite, il n'y a donc pas eu d'augmentation de la population forte qui puisse induire une augmentation de la demande. Qui plus est, en France, il semblerait que, peut être dû à l'intervention de l'État, il y ait eu moins d'initiative privée et d'esprit d'entreprise qu'en Angleterre. [...]