On constate une augmentation du prix de l'électricité depuis plusieurs années partout en Europe, qui reflète l'augmentation des cours de l'énergie fossile à l'origine de 64 % de l'électricité produite.
Néanmoins en France la production totale d'électricité n'est assurée par les énergies fossiles qu'à hauteur de 10 %, 78 % de la production provenant des centrales nucléaires.
Les coûts de production de l'électricité assurée via les centrales étant stables, d'aucuns conjecturaient que la France serait de fait à l'abri des fluctuations de prix touchant le secteur en Europe. Toutefois, ce n'est pas le cas, les prix en France ayant augmenté à l'image de ses voisins européens sur le marché dérégulé, chose que souligne David Spector dans son ouvrage Electricité : faut-il désespérer du marché ? Qui s'attache à déterminer les causes de ce paradoxe.
[...] Un rapport récent a pointé qu'il serait efficace de disposer d'un parc nucléaire assez vaste pour satisfaire la demande française du temps. Un tel parc pourrait couvrir ses coûts complets en étant rémunéré du temps sur la base du coût marginal de la production par énergies fossiles. Dans les faits, à cause du renchérissement des énergies fossiles, cette durée de marginalité nucléaire optimale a augmenté jusqu'à s'établir à en 2006 (soit une capacité de puissance de 72 GW). Or, à cause des de l'augmentation de la demande française, comme de la capacité accrue d'interconnexions sortantes, le nucléaire n'est marginal que du temps (soit 52 GW). [...]
[...] La première, dite étatiste, impliquerait qu'EDF assure du parc nucléaire français et augmente ses investissements jusqu'à atteindre la capacité optimale. L'État pourrait alors exiger de l'entreprise publique qu'elle vende son électricité nucléaire au coût marginal en période de marginalité nucléaire. La seconde, libérale, encouragerait également les investissements jusqu'à atteindre la capacité optimale puis procéderait à une déconcentration radicale du marché, avec au moins quatre opérateurs différents afin que les prix se rapprochent le plus possible des coûts marginaux. La gestion de la rente nucléaire d'EDF obligera l'État à intervenir massivement et durablement sur le marché de l'électrique, que ce soit dans un sens étatiste ou libéral. [...]
[...] Cela offre également à EDF de nouveaux débouchés, la capacité nucléaire française pouvant se substituer à des techniques de production plus coûteuses. La conséquence évidente de ces vertus est de renforcer davantage la rente du nucléaire français, car sur le marché européen, qui n'est d'ailleurs toujours pas abouti, la capacité nucléaire totale reste bien en deçà de la demande y compris lorsque celle-ci atteint son niveau minimal. Sur ce marché hypothétique, le prix de l'électricité nucléaire serait donc toujours égal au coût marginal d'une technique de production fossile. [...]
[...] Une concurrence réelle pourra-t-elle naître d'une déconcentration virtuelle ? Depuis 2001, EDF procède à des cessions temporaires de centrales virtuelles, qui s'apparentent à des allocations d'actifs à durée très courte ; elles représentent de sa capacité de production nucléaire. Certains estiment que c'est par ce biais que la déconcentration aura lieu, laissant place à une concurrence réelle. Or on constate que celle-ci pourrait au en contraire réduire l'effet déjà relativement faible de la déconcentration. Une cession de réacteur donne lieu à un paiement définitif et déterminé à l'avance, indépendant de l'évolution future des prix, tandis que la cession de capacités virtuelles porte sur des durées très courtes (entre 3 mois et 3 ans) et renouvelables. [...]
[...] Marge de 30 * durée de marginalité nucléaire ( du temps) * puissance moyenne (59 GW) La rente de monopole serait économiquement inefficace. Pendant la durée de marginalité du nucléaire, le coût marginal de l'électricité est très faible. L'efficacité exigerait que cette faiblesse du coût marginal se retrouve dans une baisse des prix qui profite aux différents agents économiques. Or la présence d'un monopole empêcherait que les prix pratiqués se rapprochent du coût marginal. Trop élevés, ces derniers entraîneraient alors une baisse de la consommation d'électricité au profit d'autres sources d'énergie. [...]
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