"La tendance à la régionalisation économique du monde va-t-elle dans le sens du protectionnisme ou du libre-échange ?"
Après que le débat sur le traité constitutionnel européen a déchaîné les passions, la question de la régionalisation semble plus que jamais d'actualité. On entend par régionalisation la tendance à l'intensification des échanges entre des pays proches géographiquement, officialisée par des accords fondant des zones de libres commerce, éventuellement doublés d'un processus d'intégration politique comme dans le cas de l'Europe. Ce type d'accords s'est multiplié depuis les années 1960, les plus célèbres étant bien sûr le Traité de Rome en 1957 et la signature de l'ALENA en 1992. Dans le cas de l'Europe, cela s'est traduit par un doublement de la part du commerce intrazone dans le commerce total de la zone : de moins de 30% en 1957, elle se situe aujourd'hui à un peu plus de 60%. Mais ce chiffre élevé nous fait prendre conscience que la régionalisation économique peut parfois se faire au détriment des pays tiers, ce qui conduit naturellement à s'interroger sur les conséquences mondiales de l'intensification des liens régionaux : la régionalisation de l'économie constitue-t-elle un repli, fondement d'un protectionnisme régional ? Autrement dit, est-elle une entrave au multilatéralisme et au libre-échange généralisé ? La question est finalement de savoir si un libre-échange régional est favorable ou non au libre-échange mondial. Il semble, en effet, que l'intégration régionale puisse être un tremplin pour le multilatéralisme, pour un « apprentissage » du libre-échange. Mais la régionalisation dérape parfois dérape parfois vers des pratiques protectionnistes, vers un véritable repli. En fait, les conséquences de cette régionalisation sur le multilatéralisme dépendent avant tout du degré d'intégration de chacune des zones et de la volonté qu'il y a derrière ces projets : sont-ils uniquement économiques ?
[...] Ainsi, la PAC est aux antipodes du libre-échange, qui suppose de laisser péricliter les activités pour lesquelles on n'est pas suffisamment productif. Les opposants à la régionalisation voient donc dans celle-ci un alibi pour pratiquer une nouvelle forme de protectionnisme, ce type de protectionnisme. Néanmoins, quand on s'attarde sur l'exemple de la PAC, on ne peut que prendre conscience qu'il s'agit d'un cas unique, dans la mesure où l'UE elle la seule zone régionale à s'être dotée plus exactement, à se doter progressivement) d'un pouvoir supranational, capable de telles aides directes. [...]
[...] La tendance à la régionalisation économique du monde va-t-elle dans le sens du protectionnisme ou du libre-échange ? Après que le débat sur le traité constitutionnel européen a déchaîné les passions, la question de la régionalisation semble plus que jamais d'actualité. On entend par régionalisation la tendance à l'intensification des échanges entre des pays proches géographiquement, officialisée par des accords fondant des zones de libres commerce, éventuellement doublés d'un processus d'intégration politique comme dans le cas de l'Europe. Ce type d'accords s'est multiplié depuis les années 1960, les plus célèbres étant bien sûr le Traité de Rome en 1957 et la signature de l'ALENA en 1992. [...]
[...] Bien évidemment, la contribution au libre-échange mondial correspond au solde entre ces deux effets : elle est positive si l'effet de création de trafic est supérieur à l'effet de détournement, comme le montrent beaucoup d'études dans le cas de l'UE. Mais, quel que soit l'effet qui l'emporte, la régionalisation conduit à un optimum de second rang, auquel un libre- échange généralisé est préférable pour un puriste. Mais dans le cas où l'effet de création de trafic est le plus important, il s'agit d'un progrès du libre-échange par rapport au protectionnisme. Finalement, il semble que les conséquences protectionnistes ou libre- échangistes de la régionalisation dépendent largement du degré d'intégration des zones régionales, ainsi que du projet politique duquel elles participent. [...]
[...] La première étape est l'instauration d'une zone de libre-échange. Elle correspond uniquement à la suppression des droits de douane dans un certain nombre de pays, qui gardent leurs propres tarifs extérieurs : elle n'a donc aucun aspect protectionniste et participe de la libéralisation du commerce. La suppression des entraves au commerce, et tout particulièrement celle des droits de douane, est la définition même du libre-échange. La seconde étape consiste en l'application d'un tarif extérieur commun par les pays de la zone de libre-échange. [...]
[...] En définitive, la régionalisation pose les premiers jalons d'un libre-échange généralisé en ce sens qu'elle constitue un apprentissage du libre-échange à plus petite échelle. Il est tout à fait imaginable que, à terme, ce seront les représentants des différents ensembles régionaux (intégrés à des niveaux différents puisqu'on imagine mal, en revanche, que beaucoup de pays acceptent de déléguer une part importante de leur souveraineté à une instance supranationale) qui viendront négocier à l'OMC la suppression des entraves au commerce entre eux Jean-Marc Siroën, La régionalisation de l'économie mondiale Paul Krugman, La mondialisation n'est pas coupable [iii] Jacob Viner, The Customs Union Issue Béla Balassa, The theory of economic integration Jean-Louis Mucchielli et Fred Celimene, Mondialisation et régionalisation Friedrich List, Système national d'économie politique [vii] Lester Thurow, Head to Head [viii] Charles-Albert Michalet, Qu'est-ce que la mondialisation ? [...]
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