Depuis la fin du XIXème siècle, le capitalisme atomistique, reposant sur la multiplicité d'entreprises concurrentes, a donné naissance dans certains pays à de grands groupes industriels et financiers qui, grâce à l'emprise qu'ils exercent sur un marché, semblent pouvoir y limiter la concurrence. Cette évolution est en principe néfaste dans un système qui assure que la concurrence obligera les entreprises à être plus efficaces et à redistribuer les gains de cette efficacité au consommateur sous forme de baisses de prix. C'est pourquoi certains Etats s'efforcèrent de limiter la concentration par le biais de lois antitrust. Mais d'autres Etats au contraire restèrent indifférents à cette transformation, quand ils ne cherchaient pas au contraire à la favoriser. Il y eut donc, d'un pays à l'autre, divergence quant à l'attitude à adopter à l'égard de la concurrence et de la concentration, quand bien même ces pays se réclamaient tous de l'économie de marché.
Nous allons tout d'abord nous pencher sur la logique qui a poussé certains Etats à exacerber le jeu de la concurrence. Mais nous verrons ensuite que cette attitude pose plusieurs problèmes, ce qui peut expliquer que certains Etats aient admis, ou même favorisé, des restrictions dans le jeu de la concurrence.
[...] Les politiques antitrust, en voulant à tout prix sauvegarder la concurrence, privilégient l'efficacité redistributive, au risque de freiner l'efficacité productive. Inversement, ne pas corriger le marché risque de privilégier l'efficacité productive sans que les bénéfices n'en soient redistribués au consommateur, ce qui explique d'ailleurs que les attitudes protrust aient été souvent accompagnées de protectionnisme. Le modèle des marchés contestables souligne précisément qu'en l'absence de protectionnisme, d'intervention de l'État et de toute autre barrière à l'entrée, on peut concilier l'efficacité productive et l'efficacité redistributive. [...]
[...] C'est donc faire une grande confiance au marché, qui serait dès lors capable de se défendre contre lui-même. Reste à savoir dans quelle mesure les hypothèses sur lesquelles repose ce modèle peuvent être mise en œuvre. Bibliographie La concurrence par Pascal Salin. La politique de la concurrence par Emmanuel Combe. Le droit de la concurrence par Yves Chaput. [...]
[...] Le monopole est considéré comme défavorable à l'innovation (absence d'incitation à être plus efficace) et au consommateur (absence de redistribution de la rente du monopoleur sous forme de baisse des prix). Il faut donc limiter le degré de concentration dans une branche et interdire les comportements qui instaureraient des barrières à l'entrée de nouveaux concurrents. L'école structuraliste de Harvard s'efforce ainsi de définir une concurrence praticable dans laquelle nulle entreprise ne pourrait fixer et maintenir un prix qui biaise le fonctionnement du marché. [...]
[...] En cas de crise économique, l'absence de concurrence, surtout en présence de coûts fixes élevés, permet d'éviter une contraction brutale des prix et des chiffres d'affaires, et une déflation générale. C'est pourquoi le NIRA (National Industrial Recovery Act) de 1932, par exemple, invitait les entreprises à élaborer des codes de concurrence loyale qui devaient permettre d'éviter la guerre des prix. La théorie des marchés contestables cherche à allier l'efficacité des grandes entreprises tout en empêchant la confiscation de la rente par le producteur. Il faut pour cela, dit W. [...]
[...] Les règles de la concurrence loyale doivent donc être édictées au niveau international, comme le souligne l'école industrialiste pour lequel le déclin de l'économie américaine dans les années 1970-1980 s'explique par les contraintes imposées aux entreprises par les politiques antitrust. Elles justifient l'intervention de l'État, ce qui revient à dire que le capitalisme ne tient pas tout seul Or l'Etat est-il si infaillible et omniscient qu'il sache mieux que le marché quel est le degré de concentration acceptable ou le niveau prix à partir duquel la concurrence est faussée ? Elles reviennent à pénaliser les entreprises les plus efficaces qui, par leurs efforts d'innovations de procédés et de produits, se sont imposées sur les marchés. C. [...]
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