La faillite de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers en septembre dernier a entraîné une crise financière planétaire touchant les grandes banques internationales sous l'effet d'un risque systémique repérable aujourd'hui à l'échelle internationale. La crise actuelle correspond en partie à une crise bancaire, tant les banques jouent un rôle de premier ordre sur les marchés financiers depuis la libéralisation des systèmes financiers opérée depuis près de trois décennies. Certaines analyses économiques expliquent cette crise par le rôle grandissant qu'ont joué les banques sur les marchés financiers dont l'instabilité se répercute sur la politique des banques quant à leur rôle traditionnel, celui de l'octroi de crédit aux agents économiques.
Cette interdépendance entre risque de marché et resserrement des crédits semble a priori intéressante pour expliquer la répercussion de la crise financière sur l'économie réelle, ce qui remet en question le rôle des banques dans un système financier désormais internationalisé.
Mais si les fonctions d'une banque sont sans doute à redéfinir aujourd'hui, il n'en demeure pas moins que la banque joue un rôle incontournable dans le fonctionnement d'une économie. En servant d'intermédiaire entre les agents à besoins de financement et les agents à capacité de financement, elles assurent le financement des entreprises et des ménages et jouent ainsi un rôle déterminant sur l'investissement et donc sur la croissance.
[...] Face à ce risque d'insolvabilité, les banques disposent d'une faculté de mutualisation des risques : en prêtant à un grand nombre d'emprunteurs, le risque de la banque est amoindri. Enfin, une troisième fonction fondamentale des banques est de fournir les agents économiques en moyens de paiements liquides, c'est-à-dire des moyens de paiement, en plus de la monnaie, qui sont acceptés par tous, car facilement et rapidement transformables en monnaie. Juridiquement, seules les banques ont le droit de mettre en circulation des moyens de paiement. [...]
[...] D'autre part, elles élargissent leur service aux ménages. Une importante part des crédits accordés par les banques correspond à des crédits immobiliers qui leur sont octroyés. A cela s'ajoutent les crédits à la consommation qui conduisent à l'endettement des ménages sans que ceux-ci ne se trouvent en situation d'insolvabilité puisque cette période faste s'accompagne par une augmentation constante des salaires : le pouvoir d'achat des Français est multiplié par trois en une génération. Durant cette phase de croissance exceptionnelle, les banques ont donc su adapter leurs services à l'évolution de la structure économique qui correspond alors au système fordien centré sur une production et une consommation de masse. [...]
[...] Ce même cloisonnement sera aboli aux Etats-Unis en 1993 sous la présidence de Bill Clinton. Il s'en suit l'émergence de grandes banques à tout faire En plus de remplir les fonctions traditionnelles des banques de dépôts, elles ont une forte activité sur les marchés financiers, activité qui n'est pas sans risque sur la stabilité des circuits financiers. L'affaire Jérôme Kerviel, trader à la Société Générale, n'est pas simplement un fait divers : elle manifeste la corrélation entre les fluctuations des titres financiers et le bilan des banques. [...]
[...] Il faudra attendre l'après seconde guerre mondiale pour assister à une véritable bancarisation de l'économie. La forte croissance enregistrée dans les pays de l'OCDE durant les Trente Glorieuses par an en moyenne, se caractérise par un taux d'endettement relativement élevé des agents économiques. La typologie constituée par l'économiste américain John Hicks distinguant économie d'endettement d'économie de marchés financiers précise les caractéristiques du mode de financement prépondérant durant l'après- guerre. Celui-ci se définit par une monnaie à caractère endogène et par l'importance des crédits bancaires octroyés aux entreprises et aux ménages grâce à la prérogative des banques de créer de la monnaie. [...]
[...] Les débuts de l'industrialisation en Grande-Bretagne à l'aube du XIXe siècle ne laissent qu'un rôle mineur aux banques. Les secteurs moteurs de la Révolution industrielle étant des industries légères à l'image de l'industrie cotonnière, les premiers entrepreneurs ne manifestent que de faibles besoins en capitaux. De plus, les premiers secteurs industriels enregistrent de fortes rentabilités notamment grâce à des situations de monopole temporaire et à des normes salariales peu pesantes. Dans son ouvrage intitulé La Révolution industrielle, Patrick Verley évalue le taux de profit moyen des secteurs moteurs de l'industrialisation entre 20 et 30%. [...]
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