Au mois de mars dernier, lorsque Gaz de France et Suez ont fusionné afin d'empêcher une OPA du géant énergétique italien Enel sur Suez, de nombreuses voix en Europe se sont levées contre cette mesure jugée protectionniste, et contraire aux principes libre-échangistes du marché commun, fondés sur les avantages comparatifs ricardiens. Le gouvernement français s'en est justifié en parlant de « patriotisme économique ». Cet exemple nous pousse à nous questionner sur un phénomène déterminant du commerce international : le protectionnisme. Est qualifiée de protectionniste toute politique adoptée par un pays visant à protéger les entreprises locales de la concurrence des importations étrangères. Le protectionnisme est-il une pratique neuve ? Quels en sont ses acteurs, ses moyens et ses résultats ? Quels agents en tirent un profit, et de quelle nature est-il ? Que nous apportent les débats riches des analystes économiques sur la question suivante : à quels agents économiques une politique protectionniste profite-t-elle, ou au contraire, à qui nuit-elle ? Grâce à des exemples actuels, nous verrons dans une première partie que certains agents économiques profitent du protectionnisme et le justifient, puis dans un second temps, nous observerons qu'une pratique protectionniste nuit à d'autres agents et est ainsi vivement critiquée par les économistes qui tentent de le réduire.
[...] Les organisations régulatrices du commerce international ont pour but de limiter le protectionnisme. C'est dans le but de favoriser le libre-échange international qu'ont été créées les organisations mondiales comme le GATT (General Agreement on Tariff and Trade) et son successeur, l'OMC. Le marché mondial est par nature imparfait, mais il s'agit là de réduire ses imperfections. La création du marché commun dans le cadre de l'UE s'est également faite selon la même optique. Néanmoins, on peut se demander si l'UE n'est pas un marché intérieur libre-échangiste, protégé des importations extérieures. [...]
[...] Comment l'Etat met-il en place le protectionnisme ? L'Etat dispose de trois moyens d'action pour mettre en place une politique protectionniste, c'est-à-dire limiter les importations étrangères. a)Les droits de douane (tariff in English) : impôt ou taxe sur chaque unité de bien importé dans un pays. Graphique 15-8 : quel est l'effet du droit de douane ? Le prix du marché passe de 4 à 6 euros, donc la quantité totale demandée diminue. Les importations baissent de 200 à 100, alors que la production nationale passe de 100 à 150 unités. [...]
[...] Le protectionnisme permet de remédier aux défaillances du marché. a)Le protectionnisme permet de limiter les effets du libre échangisme sur les salaires. Pour être compétitives face aux producteurs chinois, les industries textiles européennes auraient dû délocaliser leurs usines de production, car les salaires occidentaux sont bien supérieurs à ceux des Chinois. Un argument plus controversé est la lutte contre le chômage : le protectionnisme réduit les importations étrangères et concentre la demande intérieure sur les entreprises locales, qui produisent plus et donc embauchent. [...]
[...] Inversement Boeing sait qu'Airbus va forcément entrer sur le marché donc Boeing ne peut pas espérer gagner d'argent et reste en dehors du marché. On comprend bien le profit que peuvent retirer les entreprises soutenues par l'intervention de l'Etat. Les entreprises profitent donc bien du protectionnisme. Ces deux agents ont trouvé des justifications aux politiques protectionnistes Le protectionnisme permet de protéger une entreprise ou un secteur à court terme. a)Les industries dans l'enfance. Cette thèse du protectionnisme éducateur développée par l'économiste allemand Friedrich List (XIXe) explique que les entreprises nouvellement créées sont vulnérables pendant un certain temps, comme un nouveau-né. [...]
[...] Le protectionnisme répond à des motivations politiques. a)Un premier argument qui plait à l'électeur est celui de la préservation de l'indépendance nationale et de la protection des produits traditionnels, face aux importateurs étrangers. Pourtant économiquement les thèses mercantilistes selon lesquelles un pays est plus riche s'il achète les produits qu'il produit lui-même et donc ne finance pas ses voisins, sont dépassées. Enfin le protectionnisme peut être invoqué pour des questions éthiques, comme le respect des DH, ou la lutte contre le dumping social (délocaliser la production dans le pays qui offre la meilleure réglementation et la main-d'œuvre la moins chère aux producteurs). [...]
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