L'ouvrage 'Le Capitalisme au XXIème siècle' de Thomas Piketty fait référence, entre autres, à l'évolution des parts de rémunération du capital et du travail. Piketty a remis en cause par exemple la stabilité des parts de chaque facteur de production, et a relevé que cela était spécifique aux Etats-Unis pendant une période de temps. L'une des implications des données qu'il présente est que la rémunération du facteur capital a augmenté substantiellement durant les trois dernières décennies suite à une série de facteurs, dont la réforme fiscale qui a abouti à une réduction graduelle du taux marginal d'imposition.
[...] Malgré tout, cela ne veut pas dire que l'investissement est la seule composante pour laquelle la firme doit recourir à des montages financiers. Il faut ainsi dépasser le théorème de l'ancien chancelier Allemand Helmut Schmidt[3] : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain". Les firmes françaises paient une fraction de plus en plus importante de leurs profits en dividendes, comme en atteste la fraction de ces derniers dans l'EBE – l'excédent brut d'exploitation, qui est passée de 18% à 50% entre 1993[4] et 2016. [...]
[...] Néanmoins, le rôle croissant de la sphère financière est palpable dans son rôle à expliquer le déclin de l'EBE observé entre 2008 et 2009. Alors même que le secteur financier ne représente pas une fraction importante de la valeur ajoutée, le fort déclin généré par la crise financière de 2008-2009 se fait ressentir et est observé sur le graphe. La sphère financière n'étant pas intensive en facteur de travail, son taux de marge sectoriel sera très important, et biaisera la répartition de la rémunération des facteurs en faveur de ce dernier. [...]
[...] Enfin, l'une des hypothèses attachées à la décomposition de la valeur ajoutée entre facteurs de production est celle d'une élasticité de substitution unitaire entre capital et travail, une hypothèse qui n'est plus réaliste à long terme, où des facteurs de productivité, mais également institutionnels, comme le pouvoir de négociation syndical, influent sur la répartition du profit entre facteurs de production. Dans notre cas, c'est la financiarisation de l'économie française qui débouche sur une distribution en amont, c'est-à-dire une rémunération du capital qui se fait avant même la détermination de l'EBE. Le rôle de plus en plus important du secteur financier signifie que la rémunération de services financiers prend une part de plus en plus importante de la valeur ajoutée, sans toutefois toucher au taux de marge tel qu'il est calculé dans l'article d'Askenazy par exemple. [...]
[...] Cette financiarisation de l'économie n'est pas fortuite, puisqu'elle peut être interprétée comme le résultat de mutations technologiques et institutionnelles sur une longue période, débouchant sur ce résultat. Piketty, Thomas 'Le Capitalisme au XXIème siècle' Editions du Seuil Calviac Selvame, Virginie. « Le partage de la valeur ajoutée. Philippe Askenazy, Gilbert Cette, Arnaud S partage de la valeur ajoutée. Philippe Askenazy, Gilbert Cette, Arnaud Sylvain, Paris, La Découverte, coll. « Repères » n˚ pages ISBN : 978-2-7071-6776-7 », Idées économiques et sociales, vol no pp. [...]
[...] Les données brutes ne peuvent pas donner d'idée précises pour les raisons évoquées par Askenazy, allant des changements introduits par l'intégration de l'économie française dans les échanges mondiaux, mais également de la complexité croissante des moyens de financement, ainsi que de la disparition de la frontière entre la masse salariale, et les tâches sous- traitées par l'entreprise. Le tableau ci-dessous reprend l'évolution des principaux agrégats macroéconomiques qui peuvent servir de première estimation de répartition de la production entre capital et travail. [...]
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