« Il fait trop chaud pour travailler » : le croirait-on, l'étymologie du mot « chômage » revoie aux grandes chaleurs qui empêchaient autrefois les travaux des champs. Le mot désignait aussi toute journée ou le travail était suspendu : les jours « chômés ». De nos jours, malheureusement, le mot chômage est devenu synonyme de crise économique, de souffrances, de doutes, de vies en suspens. Pour l'immense majorité des gens la crise c'est cela et rien d'autre. Le reste, les déficits des différents budgets, l'endettement, le CAC 40, les gens s'en moquent éperdument. Ce sont des problèmes mystérieux d'un autre monde. Le chômage lui, on sait ce que c'est, on sait ce que cela signifie.
Les économistes se sont très tôt séparés sur l'analyse de ce dysfonctionnement central de la mécanique économique. Depuis les origines deux sensibilités, deux logiques se sont distinguées et affrontées. Au bout de deux siècles de réflexion nous en sommes toujours là. D'un côté la tradition libérale, immuable dans son dogme : le chômage est lié à un mauvais fonctionnement du marché du travail. La solution est simple : rendons au marché sa fluidité, sa liberté de fonctionnement et le chômage disparaîtra spontanément.
De l'autre la tradition critique à l'économie libérale, plus ou moins keynésienne ou marxiste, qui considère que le chômage est, au contraire, au cœur même de l'incapacité de l'économie de marché d'avoir un fonctionnement optimal…
[...] La fin du travail ? En 1995 l'américain Jeremy Rifkin publie un livre sobrement intitulé La fin du travail Dans la préface à l'édition française, Michel Rocard qui n'est pourtant pas homme à se laisser impressionner facilement écrit : Lecteur, on n'entre pas dans ce livre impunément. Il est effrayant, torrentiel, déconcertant et parfois agaçant. Bigre ! De quelle nouvelle affolante Rifkin serait-il l'ambassadeur ? La nouvelle est la suivante : le développement économique a comme but d'améliorer les capacités productives de l'homme. [...]
[...] 1996), aboutit à une exhortation : que l'on prenne acte de l'épuisement du travail directement productif, notamment par une baisse importante du temps légal de travail et l'institution de revenus de substitution, et que l'on intègre enfin dans la sphère économique ce que Rifkin appelle les tiers secteurs c'est-à-dire toute la sphère du travail bénévole, des associations, de la gratuité qui annoncent l' ère post-marchande Le livre de Rifkin (comme celui de Forrester) a trouvé un grand écho dans le public, ce qui est rare pour un texte économique. Les économistes ont été plus circonspects. Les uns, franchement scandalisés, ont trouvé là une source d'inspiration du malthusianisme qui mène tout droit à des erreurs graves comme les 35 heures. [...]
[...] Le reste, les déficits des différents budgets, l'endettement, le CAC 40, les gens s'en moquent éperdument. Ce sont des problèmes mystérieux d'un autre monde. Le chômage lui, on sait ce que c'est, on sait ce que cela signifie. L'histoire a montré quels dégâts le chômage pouvait provoquer. Le spectre de la crise de 1929 avec ses files d'attente devant la soupe populaire, et ses cortèges de gens désespérés prêts à tout pour échapper au fléau, a durablement marqué les esprits. [...]
[...] Cette leçon fut parfaitement retenue tout au long des Trente Glorieuses : le système mis en place dans l'après-guerre était totalement keynésien : des lois instaurent des salaires minimums au niveau national (le SMIG français date de 1950), des accords patronat-syndicats (les conventions collectives) font de même au niveau des branches. Par ailleurs, les systèmes de protection sociale (allocations familiales, retraite, maladie, chômage) établissent un véritable salaire social qui va permettre une véritable explosion de la demande. Les trente glorieuses seront des années de plein emploi. En 1967 il n' y a que chômeurs en France. Un chiffre probablement au-delà du plein emploi La confrontation de deux visions : quelle conclusion ? [...]
[...] La réponse que Keynes donne au problème est révolutionnaire à tout point de vue. Tout d'abord, la demande de travail (par les entreprises) ne dépend pas du niveau des salaires. Aucune entreprise n'embauche pour un salaire, fut-il ridiculement bas, si elle n'a pas besoin de main d'œuvre. Ce qui détermine l'embauche, dit Keynes, c'est le niveau de la demande de biens et services qui est adressée aux entreprises et plus particulièrement la demande effective, c'est-à-dire la demande prévisionnelle, la demande attendue par les entreprises pour demain. [...]
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