Nous étudierons tout d'abord le processus français de privatisation, en insistant notamment sur son contexte, sa chronologie et sa forte spécificité (I). Puis, nous tenterons d'évaluer l'impact économique et financier des privatisations menées à ce jour (II), avant de conclure sur l'actualité et l'avenir des privatisations en France (III)
[...] La deuxième étape que doit aujourd'hui franchir le processus de privatisation semble être l'effritement des noyaux durs ce qui suppose, à terme, la disparition de "l'exception française d'un capitalisme aménagé". Il est incontestable que les privatisations ont modifié, de multiples façons, le paysage économique français. Cependant, la révolution annoncée n'a pas eu lieu. Le capitalisme français, qui ne répond pas ni au modèle anglo-saxon (fort pouvoir des marchés) ni au modèle rhénan (participation traditionnelle des banques) doit encore trouver sa voie. [...]
[...] Le processus de privatisation : une forte spécificité française Contexte et causes des privatisations françaises Le secteur public en 1986 : Son importance est le fruit de plusieurs étapes successives de nationalisations : au lendemain de la Première Guerre Mondiale : nationalisation d'entreprises en faillite ou situées en zone allemande, nécessité du redressement; pendant la crise des années trente : en 1935, création d'Air France, née du regroupement de compagnies en difficulté; à la Libération : les nationalisations sont massives (programme du CNR): les houillères du Nord et du Pas-de-Calais, les usines Renault, les entreprises des secteurs aéronautique, énergie, transports aérien et maritime ainsi que les établissements de crédit et 34 compagnies d'assurances sont concernées; 1946-1981 : il n'y a pas de nationalisations proprement dites mais des créations d'entreprises publiques (CEA, RATP) ou des regroupements (UAP, GAN, Elf, Aérospatiale); en 1982 : par la loi du 11 février sociétés industrielles (CGE, Saint-Gobain, Pechiney, Rhône-Poulenc, Thomson) banques et 2 institutions financières (Suez et Paribas) sont nationalisées. Usinor et Sacilor avaient été nationalisés dès la loi de finances du 27 novembre 1981. Au total, la taille du secteur public est, en 1983, considérable : celui-ci comprend 3000 entreprises et 1,9 millions de personnes soit de la population active. Quant au secteur public industriel, il représente 31% du CA des salariés des exportations et 50% des investissements de la branche. [...]
[...] II- L'impact économique et financier des privatisations Les répercussions financières . sur la politique budgétaire Ce sont probablement l'explication et l'impact les plus évidents des privatisations. Trois utilisations de ressources nettes sont envisageables et ont été utilisées : le remboursement de la dette émise (cas de la première vague cf. supra), le financement des dépenses courantes (80 des 108 Mds de la deuxième vague y furent consacrés), la capitalisation ou la recapitalisation des entreprises du secteur public, éventuellement en vue d'une meilleure privatisation. [...]
[...] Quel avenir pour les privatisations? Si l'avenir des privatisations proprement dites ne peut être prévu avec certitude puisqu'il est très dépendant des alternances politiques et des réactions du corps social, on peut lister les grands défis qui attendent les entreprises déjà privatisées. renforcer le "corporate governance" (approximativement traduit par "gouvernement des entreprises") qui est aujourd'hui fort réduit par l'existence des GAS, des "actions spécifiques" que détient l'Etat et par l'existence de nombreuses participations croisées; dans le même sens, mieux défendre les intérêts des "petits porteurs", sans quoi jamais une culture d'actionnariat populaire (non incitée par l'Etat contrairement à aujourd'hui) ne se développera en France. [...]
[...] soit au total 12 sociétés banques et compagnies financières ainsi que 13 compagnies d'assurances. La capitalisation boursière de ces entreprises était de 120 Mds de F soit, déduction faite des coûts de la privatisation Mds de ressources nettes pour l'Etat. II- 1988-1993 : la règle du "ni-ni" : Malgré cette règle énoncée par le président Mitterrand privatisation, ni nationalisation"), l'Etat, incapable de financer l'expansion de ses entreprises a dû consentir à leur "respiration" c'est-à- dire qu'elles se sont financées en vendant une partie des titres de l'Etat, celui-ci restant toutefois majoritaire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture