La prise en compte du genre dans la microfinance

Résumé du document

Aujourd'hui, près de 2.8 milliards de personnes, c'est à dire près de la moitié de la population mondiale, vivent avec moins de deux dollars par jour, tandis que près d'un milliard de personnes vivent avec moins de un dollar par jour .
Dans ce contexte, les organismes de micro finance et de micro crédit deviennent un outil générateur de revenus pour une population pauvre jusqu'alors exclue des traditionnels services financiers.
Les projets de micro finance consistent généralement en l'attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs ou à des artisans qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. La micro finance se développe surtout dans les pays en développement où il permet de concrétiser des micros projets favorisant ainsi l'activité et la création de richesse mais se pratique aussi bien dans les pays développés ou en transition.
Ces projets visent des personnes excluent des systèmes bancaires. Excluent car ce sont souvent des personnes pauvres et de ce fait n'intéressent pas les banques puisqu'elles ne demandent pas de gros prêts, excluent aussi de part leur situation géographique. Ces populations se trouvent en effet pour la majorité soit à la périphérie des villes soit en milieu rural ce qui explique le manque d'échanges et d'informations entre les banques et ces populations.
Après un échec des interventions passées qui ciblaient essentiellement soit la femme soit l'homme, comme seul bénéficiaire de ces services ; la micro finance depuis un plus de trente ans s'est tournée vers une nouvelle approche qui consiste à prendre en compte la question du « genre » dans ses programmes.
Dès lors la question qui se pose aujourd'hui est de savoir en quoi ces projets de micro finance qui tiennent compte de la question du « genre » dans leurs programmes et qui sont en premier lieu à visée économique deviennent des outils générateurs de changements au niveau de la condition de la femme et de son statut dans ces pays en voie de développement ?
Pour y répondre, dans une première partie nous chercherons à analyser le passage d'une approche féministe qui s'intéresse aux femmes à une approche qui s'intéresse au genre, pour voir ensuite quels en sont les enjeux et les conséquences de l'introduction « du genre » en particulier en ce qui concerne le statut de la femme dans ces pays pauvres.

Extraits

[...] Les femmes des pays du Nord commencent à revendiquer leurs droits, tant au niveau de la loi, que de l'éducation et du travail Elles dénoncent petit à petit la subordination des femmes et comprennent que les projets de développement en place dans les pays du Sud sont réalisés aux dépens des femmes (CQFD, 2004). En effet, à cette époque et depuis les années 50, c'est une politique de développement très capitaliste qui est mise en place. Elle suit la théorie de la modernisation et a pour objectif prioritaire la croissance économique, niant ainsi les droits de la femme. Ces différentes revendications élaborées par les mouvements des femmes des pays du Nord entraînent une évolution progressive des projets de développement. Ainsi, le développement opte petit à petit, pour une ouverture au regard féminin. [...]

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[...] Ainsi, même si le crédit récupéré ou géré conjointement par le ménage améliore sans doute les conditions de vie familiale, en revanche les conséquences sur l'émancipation de l'épouse risquent d'être insignifiantes. Pour autant, il faut rappeler que les projets de micro finance et leurs retombées notamment en termes d'amélioration de la condition de la femme et d'un équilibre des genres doivent s'analyser sur un long terme. En effet, ces femmes ne renonceraient en rien à ces services financiers qui leur sont offerts. [...]

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