Au début des années 1950, après la suppression des tickets de rationnement mis en place à la fin de la guerre et après avoir reconstitué son potentiel de production endommagé par l'épreuve du conflit mondial, l'agriculture présente encore son visage traditionnel, hérité de la fin du XIXème siècle : celui d'un secteur à la fois fondamental et retardataire dans l'économie nationale. Premier employeur, avec près du tiers des actifs, elle ne parvient pas, malgré la sollicitude des pouvoirs publics, à couvrir les besoins alimentaires de la population. De grandes réformes sont entreprises dans les années 60 : au niveau national, mise en oeuvre des grandes lois d'orientation agricole PISANI-DEBRE qui structurent l'agriculture française sur un schéma productiviste; au niveau européen, institution de la politique agricole commune (PAC) qui vise à assurer l'indépendance alimentaire des six pays fondateurs du Marché commun.
Depuis le milieu des années 70, grâce à ce double cadre national et communautaire de subventions, l'agriculture française a non seulement réussi l'autosuffisance alimentaire très rapidement, mais encore est devenue rapidement exportatrice nette, à tel point qu'elle constitue aujourd'hui pour la France un atout non négligeable dans la compétition mondiale.
Toutefois, l'agriculture française est à présent confrontée à deux nouveaux grands défis qui conditionnent son avenir : d'une part, l'érosion continue de la population agricole qui précipite la désertification des zones rurales (2% de l'emploi en 2005) et d'autre part la libéralisation croissante de l'agriculture au niveau mondial qui conduit la PAC à réviser ses modalités d'aides aux agriculteurs dans une Europe élargie et qui tend à réduire la voilure de la protection des producteurs français face à une concurrence mondiale offrant des produits à bas coûts et de qualité comparable.
L'étude de la place de l'agriculture dans l'économie française ne saurait ainsi se résumer à un cadre national. Ce secteur économique ''pilier'' de la construction communautaire repose principalement de la Communauté européenne, tant dans la définition de ses objectifs et orientations que sur le plan financier. L'agriculture française tire déjà la moitié de ses revenus de subventions diverses. Dans quelle mesure doit-elle entamer une métamorphose si elle veut conserver son rôle au sein du système productif?
L'examen des tendances lourdes de l'évolution de l'agriculture française (I) conduit aussi à envisager le rôle de l'agriculture française aujourd'hui et demain au travers des évolutions de la Politique Agricole Commune (II).
[...] A elle seule, elle génère 20% de la ''richesse verte'' de l'Union européenne à 25. La majeure partie du courant d'échanges est régionale plus que mondiale : plus de 70% des exportations françaises s'effectuent vers les autres pays membres de l'Union européenne. Dans la structure du commerce extérieur français, l'agriculture est le poste qui demeure le plus excédentaire, avec l'aéronautique. Ces dernières années, les autres secteurs ont au contraire creusé le déficit. La performance du secteur agricole français est de plus très supérieure à celle des autres. [...]
[...] L'étude de la place de l'agriculture dans l'économie française ne saurait ainsi se résumer à un cadre national. Ce secteur économique ''pilier'' de la construction communautaire repose principalement de la Communauté européenne, tant dans la définition de ses objectifs et orientations que sur le plan financier. L'agriculture française tire déjà la moitié de ses revenus de subventions diverses. Dans quelle mesure doit-elle entamer une métamorphose si elle veut conserver son rôle au sein du système productif? L'examen des tendances lourdes de l'évolution de l'agriculture française conduit aussi à envisager le rôle de l'agriculture française aujourd'hui et demain au travers des évolutions de la Politique Agricole Commune (II). [...]
[...] Miser sur la qualité pour se distinguer des produits importés à des prix plus bas va devenir la stratégie de nombre d'exploitations, et pas seulement dans la filière laitière. En effet, de nombreuses démarches de qualité et de certification ou de traçabilité des produits sont entreprises dans le secteur agroalimentaire: outre l'AOC (la plus répandue avec 65000 exploitations), le développement de la notion de terroir, l'agriculture raisonnée ou biologique (centrée sur le respect des êtres vivants, de leur cycle naturel et de leur environnement) ou la certification et l'adoption de cahiers des charges permettent de développer, à l'instar du ''label Rouge'', la qualité et d'insister sur l'identité agricole des produits. [...]
[...] Le renforcement de la conditionnalité marque une inflexion forte de la politique agricole commune. Le poids des aides directes dans la formation du revenu des exploitations dépasse, pour la plupart des systèmes d'exploitation, les 100%. Le lien entre les règles liées à la conditionnalité et les aides traduit la volonté de la Commission européenne de justifier une partie des soutiens financiers directs par le respect d'un certain nombre de réglementation et de pratiques. La première conséquence à court terme de tels dispositifs porte sur les impacts à l'échelle des exploitations agricoles: abandons de certaines productions, évolution des pratiques et développement de l'agriculture raisonnée comme outil de développement et de progrès par la certification et l'agrément des bonnes pratiques agricoles. [...]
[...] Celles-ci sont évaluées globalement à l'échelle de l'exploitation, sans qu'il y ait de lien direct avec les aides concernées par les sanctions. Ainsi, dans une exploitation viticulture et élevage, le non-respect de l'usage des phytosanitaires sur une parcelle viticole entraîne la réduction de l'ensemble des aides de l'exploitation, y compris celles liées à l'élevage. En France, comme dans tous les Etats membres, la conditionnalité s'applique dès 2005 avec à cette date le respect de 9 règlements ou directives, des BCAE (bonnes conditions agricoles et environnementales) et du maintien des surfaces en prairies permanentes afin de conserver certaines surfaces de pâturages. [...]
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