En février 2008, le président de la République français, Nicolas Sarkozy demandait à Mrs Joseph Stiglitz, Amartya Sen (tous les deux prix Nobels) et Jean-Paul Fitoussi, réunis au sein d'une commission de réflexion sur « la mesure de la performance économique et du progrès social », de déterminer les limites du PIB en tant qu'indicateur des performances économiques et du progrès social afin d'aboutir à des indicateurs plus pertinents notamment dans la mesure du bien-être et du bonheur.
Le Produit Intérieur Brut ou PIB a été élaboré aux Etats-Unis, en 1932 pendant la « Grande Dépression », à la demande du Congrès qui souhaitait élaborer un indicateur synthétique de l'activité économique nationale afin de guider le choix des orientations politiques et d'en mesurer les effets. Le PIB est alors devenu, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, sous l'influence des néo-keynésiens, l'instrument majeur de mesure de l'activité économique. D'abord cantonné aux Etats-Unis, il s'est ensuite universalisé, sous l'égide des Nations Unies.
Le PIB mesure le niveau de production d'un pays, c'est-à-dire sa croissance économique et permet donc d'évaluer et de comparer les performances économiques des pays. En résumé, il peut être défini comme la somme des valeurs ajoutées des producteurs résidant sur le territoire national.
Le bonheur, quant à lui, dépasse la simple sphère économique; il peut se définir comme un état durable de plénitude, de satisfaction complète d'où la souffrance, l'inquiétude et le trouble sont absents. Le bonheur s'apparente donc à un état de bien-être.
On peut alors se demander si le PIB, indicateur purement économique, est à même de prendre en compte les éléments nécessaires à la mesure du bonheur et du bien-être des sociétés contemporaines.
[...] Fut ensuite publié l'Indicateur de Pauvreté Humaine. - L'indice de santé sociale (ISS) Mis au point dans le cadre du Fordham Institute for Innovation in Social Policy par les chercheurs Marc et Marque-Luisa Miringoff, l'ISS a acquis une grande réputation internationale. L'ISS est un indicateur social synthétique visant à concurrencer ou à compléter le PIB dans les jugements de progrès. Il est calculé à partir de seize variables élémentaires, regroupées en cinq composantes associées à des catégories d'âge: -enfants: mortalité infantile; maltraitance; pauvreté infantile -adolescents: suicide des jeunes; usage de drogues; abandon des études; enfants nés de mères adolescentes -adultes: chômage; salaire hebdomadaire moyen; couverture par l'assurance maladie -personnes âgées: pauvreté des plus de 65 ans; espérance de vie à 65 ans -tout âge: délits violents; accidents de la route mortels liés à l'alcool; accès à un logement d'un prix abordable; inégalités de revenu familial. [...]
[...] Conclusion Au vu de cet exposé, il paraît évident que le PIB ne permet pas de mesurer notre bonheur et notre bien-être. En effet, cet indicateur synthétique ne prend en compte que des aspects économiques et monétaires et semble donc peu adapté à mesurer notre bien-être. Il prend ainsi en compte dans son calcul des éléments néfastes qui dégradent notre bien-être et au contraire, il ne prend pas en compte des éléments qui accroissent notre bien-être. Pour répondre à cette lacune du PIB, une multitude d'indicateurs ont vu le jour, qu'ils soient humains, sociaux ou environnementaux. [...]
[...] Toutefois, cet indicateur est intéressant, car il permet, lui aussi, de voir que le PIB ne reflète pas de manière efficace le bien-être. En effet, une comparaison entre les deux indicateurs pour un même pays aboutit souvent à des résultats étonnants: si le PIB augmente, l'IBEE, quant à lui, est souvent au-dessous de la courbe du PIB et décroît de manière régulière. Indicateurs qui concernent l'environnement Les questions environnementales ont pris une telle importance dans nos sociétés qu'il semble impensable de ne pas en tenir compte dans la mesure du bien-être des populations. [...]
[...] Car les chercheurs ont conçu cet indicateur en partant de l'idée que la santé économique et la santé boursière ont droit à des indices médiatisés alors que la santé sociale est réduite à l'oubli). L'objectif de cet indicateur est de couvrir plusieurs dimensions des inégalités et de la pauvreté, de construire pour chaque dimension un indicateur permettant de suivre l'évolution dans le temps des inégalités correspondantes et enfin d'additionner ces indicateurs par dimensions pour obtenir un indicateur global, le BIP 40. Les dimensions retenues sont au nombre de six: emploi et travail; revenus; santé; éducation; logement; justice. [...]
[...] Des comptes nationaux du bonheur sont irréalisables! Toutefois, un bon compromis semble l'utilisation des multiples indicateurs qui s'offrent à nous et qui nous permettent d'avoir une vue d'ensemble. Ou bien, il faudrait peut-être élaborer un agrégat qui ait la même considération politique et médiatique que le PIB et qui tiendrait compte du PIB, mais aussi d'autres variables qui contribuent à notre bien-être. Mais malgré la commission Stiglitz, un tel agrégat ne semble pas à l'ordre du jour Bibliographie - Les nouveaux indicateurs de richesse, Jean Gadrey et Florence Jany- Catrice - Au-delà du PIB, Pour une autre mesure de la richesse, Dominique Méda, Paris, Flammarion, 2008. [...]
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