A l'heure où le Secrétaire américain au Trésor Henry Paulson appelle à un renforcement des pouvoirs des banques centrales face à la crise, comment garantir leur indépendance du pouvoir politique alors que leurs pratiques obsolètes et inadéquates à la mondialisation les rendent l'objet de fortes remises en cause ?
Dans un contexte de crise financière globale qui a pour épicentre les Etats Unis d'Amérique, de ralentissement de la croissance et de hausse du chômage dans la zone Euro, les Banques Centrales sont de plus en plus pointées du doigt par les responsables politiques comme coupables des maux économiques de l'Occident et semblent perdre la confiance des citoyens. Or, d'un premier abord il s'agit d'un débat aussi vieux que le capitalisme : le pouvoir politique voudrait voir dans la création monétaire un attribut de la puissance étatique de façon à pouvoir financer ses dépenses publiques, à l'image du seigneuriage médiéval, par la planche à billets ou à dévaluer la devise pour soutenir les exportations, sans se soucier de tout déficit de compétitivité.
[...] Bien sûr, la réaction de FED et BCE à la crise des surprimes démontre encore une fois la nécessité d'une institution garantissant la liquidité du système bancaire (l'injection de liquidité de la FED a jusqu'à présent réussi à éviter une explosion du Credit Crunch c'est-à-dire la méfiance réciproque des banques qui se soupçonnent de détenir des crédits douteux) en cas de crise. Toutefois il apparait nécessaire, avec une rectification des objectifs statutaires qui ne devraient pas être exclusivement focalisés sur l'inflation- une réforme dans la gouvernance des banques centrales. [...]
[...] Les conséquences du choc suite à l'apparition de la concurrence de pays aux coûts aussi faibles sont claires : une baisse des prix et des salaires et le transfert de capitaux dans les pays émergents. Aussi, les industries et les services délocalisables ou confrontés à la concurrence de Chine et Inde se voient obligés de comprimer leurs coûts salariaux aussi bien que les prix de vente. Cet effet dépressif sur les prix intérieurs des pays avancés est amplifié au fur et à mesure que la part des productions des émergents dans la demande intérieure progresse (de 30 à 45% entre 1995 et 2006 dans la zone euro)et que le pouvoir de négociation des salariés se détériore suite aux transferts de la production en Asie. [...]
[...] Cette rectification ne pourra pourtant pas voir une inclusion de la croissance parmi les objectifs primaires des banques centrales : dans ce cas de figure, les banques centrales baisseraient indéfiniment leurs taux. Pour que les banques centrales contribuent plus à des objectifs sociaux de croissance et d'emploi, on devrait en effet plutôt favoriser la coopération et la coordination avec les politiques budgétaires et structurelles des gouvernements (et dans le cas de la BCE prévoir, à très long terme, une mise en place de ces politiques au niveau européen). [...]
[...] Toutefois, comme toute institution, les banques centrales ne peuvent pas être efficaces sans les bonnes incitations. On pourrait donc prévoir un système de nomination du Directoire et des Présidents sur la base de critères objectifs et une évaluation des résultats de la part des autorités politiques. On voit donc se dessiner une organisation institutionnelle idéale où la banque centrale serait responsable devant les pouvoirs publics et fixerait ses objectifs de concert avec ceux-ci. Toutefois, son indépendance dans l'orientation de la politique monétaire serait maintenue et même renforcée du fait de la légitimité accrue à travers une communication transparente. [...]
[...] Elle substitut le rôle qui a longtemps été celui de l'or comme base nécessaire au développement du crédit et donc de la monnaie scripturale des banques qui constitue l'essentiel de la masse monétaire. Cette monnaie scripturale reposant sur la valeur-confiance de la monnaie banque-centrale est allouée par les banques commerciales pour une transformation d'échéances entre prêteurs à court terme et investisseur à long terme. Or, il s'agit d'opérations risquées : un manque temporaire de liquidité pourrait enclencher une crise de confiance capable de paralyser le système bancaire en entier. [...]
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