Ni capitalisme familial, ni capitalisme d'État, la France est entrée dans l'ère du capitalisme de marché. Il convient de rendre compte de cette révolution inavouée du capitalisme français, marquée notamment par la fin du volontarisme étatique et le dynamisme de l'intégration économique européenne (I). Le capitalisme français a-t-il achevé sa mutation ? S'est-il aligné sur le modèle anglo-saxon ou subsiste-t-il quelque spécificité du modèle hexagonal (II) ?
[...] Peut-on encore parler d'un capitalisme à la française? Introduction Au capitalisme d'avant guerre, concentré autour de quelques grandes familles détentrices des moyens de production (les deux cents familles de l'époque du Front populaire) s'est substitué après 1945 un système oligopolistique soutenu par la puissance publique, du point de vue de l'investissement, du crédit et de la demande. Le système bancaire y a joué un rôle essentiel, la mobilisation et l'allocation du capital ne s'effectuant que très marginalement par les marchés, d'ailleurs très vigoureusement réglementés. [...]
[...] Ex : abandon de la chimie par Rhône Poulenc (vente de Rhodia) pour se spécialiser sur les sciences de la vie et de la terre. - la folie des fusions-acquisitions : les vagues d'OPA, OPE amicales ou hostiles, nationales (Havas-Vivendi ; BNP-Paribas ; Carrefour-Promodès ; Elf-Total) ou étrangères (OPA ratée de Generali sur AGF, de Coca-Cola sur Orangina ; AGF-Worms Allianz ; Rhône-Poulenc-Hoechst, etc). A l'échelle mondiale les fusions-acquisitions ont dépassé 3000 MM $ en 1999. Depuis le début de la décennie, les sommes ainsi brassés se sont élevées à MM En Europe, les opérations effectivement bouclées ont dépassé 440 MM d'euros en 1998. [...]
[...] Conclusion On ne peut plus à proprement parler d'un capitalisme à la française, sinon pour souligner le caractère transitoire et temporaire. Il ne se distingue plus vraiment du capitalisme anglo-saxon, si ce n'est par quelques survivances institutionnelles et une sensibilité toute française qui refuse de rompre les liens tissés entre les marchés, les entreprises et l'État. Un nouveau rôle pour l'État : la fin du capitalisme d'État signifie en fait la fin de l'État producteur au profit de l'État régulateur : au-delà de ses grandes fonctions régaliennes, le rôle de l'État, au sens large, n'a fait en réalité que croître au cours des quinze dernières années. [...]
[...] La construction européenne a accéléré et parachevé ce mouvement A. La crise du capitalisme d'État Dans un pays de tradition colbertiste et sur fond d'État providence à l'issue de la seconde guerre mondiale, la prise en main de l'économie par l'État a concerné tous les domaines. L'État a cumulé toutes les fonctions : architecte des circuits financiers, dispensateur exclusif des crédits par le biais des banques qu'il détenait sous sa coupe, principal actionnaire de France. Depuis la fin des années 1970 et surtout dans les années 1980, ce système est entré en crise : les contradictions inhérentes d'un capitalisme d'État (difficultés classiques qui proviennent de toute situation de monopole), la pression internationale (le triomphe des politiques libérales dans les pays anglo-saxons, échec du communisme, crise du modèle social suédois), les difficultés financières de l'État lui-même, ont éreinté le modèle étatique. [...]
[...] - une fiscalité défavorable : l'État reste le principal émetteur de titres sur le marché français (bons du Trésor obligations assimilables du Trésor) et stérilise de la sorte une bonne partie de l'épargne ; les privilèges fiscaux dont bénéficient ces titres d'État ont contribué à la faible présence de l'épargne française sur le marché de l'entreprise. D'autre part, l'État n'a jamais contribué au développement d'investisseurs institutionnels français : la France a bien des fonds communs (Fonds communs de placement Organismes de placement collectifs en valeurs mobilières (OPCVM) et Sociétés d'investissement à capital variable (Sicav)) mais ils préfèrent la rente et restent à l'écart du risque et donc des actions. Fin 1998, sur les MMF gérés collectés dans le cadre de l'assurance-vie étaient placés en titres d'État. [...]
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