Un des traits marquants de l'évolution du commerce mondial au cours des trois dernières décennies a sans doute été la participation croissante des pays du Sud, dans le contexte d'une reconfiguration à la fois géographique et qualitative des échanges à l'échelle mondiale.
Longtemps cantonnés à un rôle mineur en raison de leur faible niveau de développement et d'une spécialisation limitée aux produits de base, les pays du Sud contribuent aujourd'hui pour 1/3 aux échanges mondiaux (contre moins de 25% à la fin des années 1970) et leur participation s'est grandement diversifiée au bénéfice des produits manufacturés.
Cependant, l'augmentation globale de la part des pays du Sud dans le commerce mondial masque de profondes disparités à l'intérieur du groupe des PED, caractérisé par une hétérogénéité croissante.
Ce constat amène une interrogation : le vaste mouvement de libéralisation des échanges qui a accompagné la mondialisation a-t-il permis aux pays du Sud de valoriser leurs avantages comparatifs et de s'intégrer ainsi au commerce mondial ?
S'il est vrai que globalement l'ouverture a favorisé leur participation à travers la mise en place d'une nouvelle DIT (Division Internationale du Travail), qui a surtout bénéficié à quelques pays d'Asie, trop d'obstacles s'opposent à ce qu'on parle d'une véritable intégration dans un commerce international qui reste fortement polarisé autour des pays de la Triade.
[...] Deux éléments principaux peuvent être identifiées (cf. Prebish, Singer, économistes du développement): Les gains de productivité dans les activités primaires des PED se sont traduits par une baisse des prix liée à une offre pléthorique par rapport à la demande des pays du Nord; le développement de substituts ou de stocks tout comme la concurrence entre producteurs de produits primaires (par exemple Côte d'Ivoire/Colombie pour le café) ont accéléré la dégradation des cours mondiaux des produits de base, sans baisse équivalentes des prix des importations industrielles du Sud. [...]
[...] - aujourd'hui, les expériences autocentrées ne sont plus de mise : la participation des pays du Sud passe par l'adoption de politiques d'ouverture favorables au libre-échange A partir des années 1980, en partie sous la pression du FMI et des bailleurs de fonds qui ont imposé des politiques libérales aux PED endettés, les stratégies d'ouverture commerciale ont globalement succédé aux modèles précédents. Les réformes commerciales entreprises se sont appuyées d'une part sur la libéralisation des importations (levée des contingentements) et une dévaluation compétitive des monnaies, mais également sur la promotion des exportations. Ce fut le cas par exemple en Argentine sous le premier gouvernement Menem. [...]
[...] Cependant, il existe des obstacles à une intégration véritable dans un commerce mondial qui reste fortement polarisé autour de la Triade A. Les obstacles à une véritable intégration par le libre jeu du marché: un commerce N/S asymétrique, structurellement inégal - les limites de la théorie des avantages comparatifs et le poids des inégalités structurelles entre les économies Selon le postulat classique, la libéralisation des échanges entreprise sous l'égide GATT puis de l'OMC aurait dû favoriser le commerce entre des pays aux avantages comparatifs et aux dotations factorielles différentes. [...]
[...] Les modalités de la participation du Sud au commerce mondial : une nouvelle DIT ? - le recul des spécialisations primaires et le phénomène de montée en gamme à la faveur des produits manufacturés : retour sur la théorie des avantages comparatifs (Ricardo) Selon la théorie des avantages comparatifs de Ricardo (qui a succédé à celle des avantages absolus de Smith), le libre-échange est à l'origine d'une DIT dans laquelle chaque pays se spécialise dans les productions pour lesquelles il bénéficie d'un avantage comparatif, qui se traduit par des coûts de production moins élevés. [...]
[...] En revanche pour les pays moins avancés, l'ouverture s'est souvent accompagnée d'un effet d'éviction déstabilisateur : les importations ont cru plus vite que les exportations et évincé la production domestique lorsque ses coûts de production étaient supérieurs aux prix mondiaux des biens importés. Au-delà des effets contrastés de l'ouverture, la mise en concurrence des unités de production nationales au sein d'une économie mondialisée et de marchés élargis s'est globalement traduite par une transformation dans la structure de la participation des pays du Sud au commerce mondial qu'il convient à présent d'expliquer. [...]
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