Le débat qui s'est ouvert en France à propos du patriotisme économique est assez révélateur de l'absence de définition précise de ce concept. L'expression de "patriotisme économique" est apparue pour la première fois en 2003 dans la revue "Intelligence économique, compétitivité, cohésion sociale" du député Bernard Carayon. Il désigne un comportement propre aux consommateurs, aux entreprises ou encore aux pouvoirs publics qui consiste à favoriser le bien ou le service produit au sein d'une nation ou d'un groupe de nations. Selon Christian Harbulot, le patriotisme économique définit le cadre de développement d'un pays confronté aux opportunités et aux menaces issues de la mondialisation des échanges. Il permettrait donc la poursuite de l'intérêt général.
Le patriotisme économique repose sur le concept de légitime défense économique et se manifeste aujourd'hui par un protectionnisme financier qui consiste à protéger une entreprise dite "stratégique" pour l'économie d'un pays face à des multinationales étrangères.
Il existe aujourd'hui beaucoup de controverses à ce sujet et de nombreuses questions se posent quand aux conséquences d'une telle politique dans un contexte de mondialisation de plus en plus pesant.
Jusqu'où peut-on aller pour défendre ses entreprises sans être qualifié de protectionnisme, doit-on laisser libre cours au marché sans intervenir ?
Nous verrons tout d'abord que le patriotisme économique constitue une menace au système libéral et que par conséquent, faire du protectionnisme aboutit à une incohérence dans les discours politiques, par exemple.
[...] Concernant "affaire Danone", le premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré qu'il fallait "défendre les intérêts de nos entreprises et rassembler toutes les énergies autour d'un véritable patriotisme économique. Ainsi, le contrôle des investissements étrangers et le dispositif anti-OPA seront renforcés. Jacques Chirac avait d'ailleurs appelé en conseil des ministres à renforcer la protection des entreprises stratégiques françaises. D'autre part, concernant le secteur énergétique, la France y perd en préférant le repli sur soi et le refus de la coopération européenne. [...]
[...] La concurrence loyale doit être privilégiée au lieu d'être minée par le protectionnisme". Conclusion La responsabilité des dirigeants d'une entreprise est de la faire prospérer et de saisir au mieux les opportunités. Il est de leur devoir de faire abstraction des frontières et des origines nationales de la firme. Ainsi, les politiques de défense des champions nationaux contre les investisseurs étrangers sont donc en pratique totalement dénuées de sens. Elles privent alors le pays d'un afflux de capitaux étrangers au nom de principes obsolètes et perturbent le bon fonctionnement du grand marché européen par exemple. [...]
[...] Tout d'abord les sociétés étrangères participent au maintien de l'emploi sur le territoire national. D'après l'Insee un salarié sur sept, exception faite du secteur financier et des administrations, travaille en France pour une entreprise étrangère. Le fait que les étrangers aient massivement investi dans le tissu industriel constitue un soutien non négligeable à l'emploi dans ce secteur secondaire. De nombreuses PME ont été reprises et développées soit par des groupes internationaux, soit par des fonds d'investissement étrangers. En 2004, les étrangers ont créé en France plus de nouveaux emplois. [...]
[...] Danone est alors une des plus grandes entreprises agroalimentaires françaises. La réaction de la classe politique française est immédiate : le premier ministre (de Villepin) annonce que le gouvernement fera tout pour s'opposer à une éventuelle offre publique sur Danone et Matignon annonce qu'il faut rassembler toutes les énergies autour d'un véritable patriotisme économique La législation française est pourtant explicite sur ce point : le gouvernement français dispose, en effet, depuis 2004 d'un droit de veto qui lui permet de s'opposer à certaines opérations dans les secteurs considérés comme sensibles (à savoir l'énergie ou la défense). [...]
[...] Cependant, l'expérience a montré que ce repli sur soi est la plus sure garantie du déclin. Par ailleurs, dans un monde généralisé, aucun état membre ne peut agir indépendamment et le protectionnisme économique n'est pas de mise. En effet, le Président de la Commission européenne Manuel Barroso a précisé que la Commission " interviendra si les sociétés abusent d'une position dominante sur le marché", car elle est légalement responsable de l'application des règles de concurrence et de la protection des consommateurs. De plus, "protéger le marché européen contre d'autres Européens est contraire à l'Europe". [...]
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