L'épargne correspond à la part du revenu disponible des ménages qui n'est pas consommée. Le revenu disponible correspond aux revenus d'activité (comme les salaires) ajoutés aux transferts nets de redistribution (telles que les cotisations par exemple) et d'impôts. Le taux d'épargne des ménages est donc la fraction non consommée du revenu disponible. On fait la différence entre épargne privée (somme de l'épargne des ménages et des entreprises) et épargne publique, où le revenu de l'Etat est représenté par le revenu net des taxes, alors que sa consommation est définie par les achats de l'Etat.
Le taux d'épargne en France est traditionnellement élevé. Il est actuellement de 15%, c'est l'un des plus élevés des pays d'Europe et ce taux est également plus élevé qu'aux États-Unis. Les déterminants de l'épargne restent difficiles à définir, son niveau dépendant pour une grande part des évolutions liées à la richesse et aux revenus des ménages. Dans cette perspective, l'épargne ne semble pas dépendre des mesures de politiques économiques de court terme.
Cependant, si son niveau et ses déterminants sont difficilement contrôlables, l'Etat cherche, par différentes mesures fiscales, à orienter l'épargne de nature à inciter à l'investissement. Ces mécanismes incitatifs sont le principal outil de pilotage de l'Etat pour orienter l'épargne et favoriser le financement de l'économie.
D'une façon générale, il apparaît que le comportement d'épargne des ménages français tend à marquer une aversion prononcée au risque. Les ménages ont en effet tendance à privilégier des modes de valorisation de l'épargne peu volatil et peu rentable. Ce mouvement est encouragé par une fiscalité globale sur l'épargne favorable à ce type d'investissements. Cette structure de l'épargne française est préjudiciable à l'économie et au financement des entreprises. Dans ce cadre, il est nécessaire de s'interroger sur les mécanismes et l'orientation générale à donner à l'épargne. Quels types d'investissements doivent-ils être privilégiés pour orienter l'épargne des ménages ? Quels sont les mécanismes incitatifs à mettre en place ? Dans quelle mesure les réformes récentes de la fiscalité de l'épargne représentent-elles un moyen d'améliorer le financement des entreprises ?
Il apparaît que la structure actuelle de l'épargne française est marquée par une prise de risque exagérément modérée et préjudiciable au financement l'économie (I). Cette structure a longtemps été encouragée par la fiscalité de l'épargne qui tend donc maintenant à orienter l'épargne de façon à augmenter son efficacité et à renforcer son rôle dans le financement de l'économie (II).
[...] Le taux d'imposition moyen de l'épargne ressort ainsi à les diverses dispositions dérogatoires représentant en 2004 une dépense budgétaire de 13 milliards d'euros. Cette fiscalité incite les ménages à détenir des produits peu risqués et peu rentables (livrets, obligations, assurance-vie, L'épargne des ménages français présente deux difficultés. Cette épargne est trop liquide, la part des livrets livrets bleus, CODEVI s'ajoutant aux investissements offerts par les OPCVM sur les marchés monétaires dans les années 1980-1990. Elle est, à l'inverse, insuffisamment investie en actions. [...]
[...] Bibliographie Chroniques économiques 2005 : l'épargne mondiale : frein ou moteur de la croissance ? / Le cercle des économistes ; coord. par Anton Brender. [...]
[...] Cette structure de l'épargne des ménages français s'explique de deux manières. D'une part, la volatilité des produits d'actions est nettement supérieure à celle des produits d'épargne liquide. Les ménages ayant une aversion pour le risque, ils investiront moins dans les produits volatiles. D'autre part, la diversification de l'épargne par des produits d'action reste complexe : elle nécessite un effort non négligeable d'apprentissage et génère des coûts de transaction et d'information que l'on ne retrouve pas dans des produits d'épargne liquide. [...]
[...] Ces mesures avaient plusieurs buts. D'une part, il s'agissait d'éviter une délocalisation massive de l'épargne consécutive à la libéralisation. D'autre part, il s'agissait de garantir aux entreprises des moyens de financements moins onéreux que les prêts bancaires. Ces mécanismes incitatifs avaient également pour visée de permettre un meilleur développement de la place financière de Paris. Il faut cependant souligner que, dans ce cadre, l'Etat a consenti un certain nombre d'allègements fiscaux à la fois en faveur de l'épargne investie en action et en faveur de l'épargne investie en produits liquides. [...]
[...] La perception des différents mécanismes d'incitation fiscale par les ménages fait débat. Les mesures prises ne concernent pas un nombre de ménages important : certaines niches fiscales relatives aux actions ne touchent qu'une très petite part des contribuables des contribuables sont concernés par l'imposition proportionnelle à 16% des plus-values mobilières. En présence de mécanismes incitatifs tout autant favorables à l'épargne en produits liquides et en actions, l'aversion au risque continue à jouer un rôle majeur dans les décisions des ménages. [...]
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