En seulement une cinquantaine d'années, la conduite de la politique des Banques Centrales a beaucoup évolué. Dans les années 1960, les banquiers centraux « keynésiens » avaient pour objectif de réaliser un arbitrage entre stabilité des prix et le plein emploi. A partir des années 1980, lorsque la situation macroéconomique s'est aggravée (l'inflation ayant passé la barre des 10%), les banquiers centraux sont devenus plus « conservateurs ». Ces derniers avaient pour objectif le maintien de la stabilité macroéconomique qui s'apparentait en priorité à la lutte contre la hausse des prix des biens et services en la maintenant à des niveaux proches et inférieur à 2%. Dans d'autres mesures, ils devaient permettre la croissance du PIB, la lutte contre le chômage... Mais quelle que soit l'époque, et leurs objectifs, les Banques Centrales se sont toujours accordées sur le fait qu'objectifs macroéconomiques et macro-financiers étaient en réel conflit, la réalisation de l'un empiétant voire empêchant la réalisation de l'autre. Seulement les crises récentes ont lancé un débat quant au rôle des Banques Centrales et les théories sur lesquelles elles basaient leurs actions.
La stabilité monétaire et la stabilité financière sont-elles réellement en conflit ? Dans quelle mesure les objectifs macroéconomiques et macro-financiers des Banques Centrales ne peuvent-ils pas cohabiter ? Ne peut-on pas relativiser ce conflit d'intérêt ?
Nous verrons dans une première partie le possible conflit entre les deux objectifs, ses bases théoriques et les conséquences qu'il implique. Enfin, dans une seconde partie nous verrons que ce conflit peut être relativisé et que certains appellent désormais à un changement total d'orientation des actions des Banques Centrales.
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Durant la période allant de 1990 aux années 2000, l'objectif de stabilité monétaire a été efficacement mené par l'ensemble des Banques Centrales. En effet, cette période nommée période de « Grande modération » était semble-t-il un succès vis-à-vis de ce que préconisaient les Banques Centrales : l'inflation était basse, stable et contenue aux alentours de 2%. Seulement il semblerait que cette réussite d'un point de vue macroéconomique ait été préjudiciable à la stabilité financière. En effet, la crédibilité acquise par les Banques Centrales a poussé les acteurs économiques et surtout les banques à prendre beaucoup plus de risques. Les Banques Centrales ont réussi à ancrer les anticipations des agents à un niveau bas d'inflation. Mais ce sentiment de sécurité et de confiance excessif des agents envers les Banques Centrales les a poussé à prendre plus de risques qu'ils n'auraient dû et a finalement contribué à un endettement excessif. Il est clair ici que la stabilité monétaire engendrée par le paradoxe de crédibilité peut amener à une instabilité financière (...)
[...] En effet, les banques ayant remarqué qu'elles étaient systématiquement secourues par les Banques Centrales en cas de manque de liquidité, prennent de plus en plus de risques. Une gestion plus stricte de ces refinancements (moins systématique et se transformant en refinancement individualisé et non collectif) serait donc souhaitable. Cette révision pourrait également passer par un nouveau calcul des réserves obligatoires afin d'éviter le risque illiquidité et une réglementation plus stricte quant aux ratios limitant la valeur des prêts relativement à celle des actifs financiers. Le conflit entre objectifs macroéconomiques et macro-financiers dans les actions des Banques Centrales a toujours été effectif. [...]
[...] Les erreurs démontrées par les crises récentes ont mis en avant la nécessité d'une nouvelle génération de banquiers centraux. Ceux-ci appellent à de nouvelles théories, de nouveaux objectifs, instruments et réformes ; ces avancées étant basées sur le fait que le conflit entre objectifs macroéconomiques et macro-financiers est peut-être dû plutôt à une mauvaise approche qu'à un réel conflit insoluble. Reste maintenant à savoir si cette nouvelle gestion peut éviter d'être à nouveau confronté à de graves crises comme la crise des subprimes et comment les Banques Centrales pourraient s'adapter à ces nouvelles réformes. [...]
[...] Mais quelle que soit l'époque, et leurs objectifs, les Banques Centrales se sont toujours accordées sur le fait qu'objectifs macroéconomiques et macro-financiers étaient en réel conflit, la réalisation de l'un empiétant voire empêchant la réalisation de l'autre. Seulement les crises récentes ont lancé un débat quant au rôle des Banques Centrales et les théories sur lesquelles elles basaient leurs actions. La stabilité monétaire et la stabilité financière sont-elles réellement en conflit ? Dans quelle mesure les objectifs macroéconomiques et macro-financiers des Banques Centrales ne peuvent-ils pas cohabiter ? Ne peut-on pas relativiser ce conflit d'intérêt ? [...]
[...] En effet, dans ce genre de situations, les agents économiques, que ce soient les entreprises ou les ménages jouissent de la croissance et des taux d'intérêt bas pour emprunter. Seulement le fait est qu'ils empruntent souvent trop ce qui provoque un endettement massif pouvant facilement et rapidement se transformer en surendettement général. C'est ainsi que la crise des subprimes de 2007 a débuté. On a bien vu que la réalisation d'un objectif peut être défavorable à la réalisation d'un autre. Les objectifs sont ici clairement en conflit. [...]
[...] I Le possible conflit entre objectifs macroéconomiques et macro- financiers et ses conséquences Les objectifs macroéconomiques et macro-financiers se trouvent parfois en conflit et leur réalisation commune par la Banque Centrale s'en trouve négativement affectée. Nous verrons que cette théorie de conflit d'intérêt a amené jusqu'à présent à une gestion particulière des activités des Banques Centrales. Mais certains événements récents remettent en cause les fondements de cette gestion. Le paradoxe de crédibilité et de tranquillité Durant la période allant de 1990 aux années 2000, l'objectif de stabilité monétaire a été efficacement mené par l'ensemble des Banques Centrales. [...]
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