Yahoo, Amazon, Google, Microsoft : ces noms familiers évoquent l'actualité économique, des succès financiers certains, le développement et la diffusion à grande échelle des outils informatiques et d'internet, mais aussi la folie boursière de la fin des années 1990 comme l'éclatement de la bulle qui s'ensuivit entre 2000 et 2001. Ces noms constituent aussi des références de ce que l'on a appelé et que l'on désigne encore aujourd'hui par le terme : « nouvelle économie ».
La nouvelle économie peut être définie comme un ensemble d'évolutions et de mécanismes liés à l'apparition de nouvelles technologies de l'Information et de la Communication (les fameuses NTIC), mais aussi de nouveaux biens et services liés à ces technologies. Il s'agit aussi des processus d'incorporation de ces nouvelles technologies dans le système de production de l'ensemble des biens et services, notamment dans les secteurs traditionnels, ou encore de la réorganisation des entreprises, de leur recrutement ou encore de leur mode de financement.
On considère souvent qu'elle est apparue dans les années 1992-1993 et elle reste très étroitement associée à la croissance exceptionnelle de certaines économies, notamment celle des Etats-Unis. Certains ont ainsi cru voir dans la croissance non inflationniste qu'ils observaient parallèlement aux nouvelles opportunités offertes par l'informatique et ou internet la possibilité d'envisager une croissance forte et durable, voire de repousser les limites imposées par des lois économiques telles que les rendements décroissants et l'état stationnaire annoncé par de nombreux théoriciens.
Peut-on dans ce contexte réellement considérer que ce que l'on appelle la « nouvelle économie » a profondément modifié le modèle de croissance des pays développés à économie de marché ? S'agit-il d'un phénomène économique déjà connu lié à l'introduction de nouvelles innovations dans le processus de production ou d'une véritable révolution permettant d'envisager des gains de productivité indéfinis et de forts taux de croissance structurels ?
Si la nouvelle économie se caractérise par un bouleversement des schémas classiques de production, il paraît cependant exagéré d'estimer que les nouvelles innovations et les nouveaux marchés caractérisant la nouvelle économie permettraient d'échapper aux limites inhérentes au modèle de croissance.
[...] Entre 1992 et 1999, l'économie américaine a créé emplois quand le taux de chômage est tombé à 4,2%. Le lien de causalité entre les deux phénomènes n'est pas évident mais l'informatique et internet représentent des innovations technologiques génériques majeures donnant lieu à l'apparition de nouveaux marchés, de nouveaux produits, mais permettant aussi d'améliorer le système productif et d'augmenter la productivité. Ainsi le travail en réseau, l'informatisation des communications, ou encore l'automatisation du système d'achat des entreprises ont favorisé le développement du Just In Time, c'est-à-dire l'intégration des fonctions de vente et de production permettant une réduction des stocks. [...]
[...] Ce retard doit cependant être relativisé par les évolutions puisque le nombre d'utilisateurs d'internet a augmenté de 90% entre le printemps 1998 et le printemps 1999. Certains économistes ont expliqué la faible réactivité de l'économie européenne à la nouvelle économie par une trop grande rigidité du marché du travail. Ils avaient constaté une corrélation négative entre le degré de protection de l'emploi et le niveau des dépenses en NTIC. Ils ont aussi pu imputer ces retards au coût élevé d'accès aux nouvelles technologies, à l'insuffisant développement des marchés financiers spécialisés dans le financement de ce secteur, ou à la difficulté de créer une entreprise. [...]
[...] Mais on peut se demander si les NTIC et les externalités qui leurs sont inhérentes permettraient aux économies des pays développés de dépasser les limites décrites par le modèle de Solow et de correspondre plus au modèle de la croissance endogène. Bibliographie -Patrick Artus, La Nouvelle Economie, Collection Repères, La Découverte, Paris -Jean Gadrey, Nouvelle Economie, Nouveaux Mythe Flammarion, Paris La Nouvelle Economie : mythe ou réalité ? Problèmes Economiques, 2642, 1er décembre 1999 -Dominique Guellec, Que reste-t-il de la nouvelle économie ? Ecoflash, n°163, décembre 2001 -Philippe d'Arvisenet, Que reste-t-il de la nouvelle économie ? [...]
[...] Si la nouvelle économie se caractérise par un bouleversement des schémas classiques de production, il paraît cependant exagéré d'estimer que les nouvelles innovations et les nouveaux marchés caractérisant la nouvelle économie permettraient d'échapper aux limites inhérentes au modèle de croissance. I - Si la nouvelle économie se caractérise par un bouleversement des schémas classiques de production L'introduction des NTIC 1-Informatique et internet La nouvelle économie se caractérise tout d'abord par la mise au point, l'exploitation mais aussi la diffusion des NTIC, terme désignant les activités liées de près à la fabrication ou à l'utilisation des matériels informatiques ou de télécommunication. [...]
[...] Transition : Nous avons donc constaté l'effet important du développement des NTIC sur l'économie des pays développés et notamment sur celle des Etats-Unis à la fin des années 1990. Les progrès technologiques et la diffusion de nouveaux moyens de communication ont alors laissé entrevoir des possibilités d'expansion et de croissance insoupçonnées, ce qui a poussé certains à proclamer la résolution du paradoxe énoncé par Robert Solow ou même à annoncer une troisième Révolution Industrielle. S'il ne s'agit pas de nier les effets importants des Nouvelles technologies sur l'économie, l'impact de ces innovations sur les gains de productivité, la productivité globale des facteurs et la croissance à long terme doit toutefois être nuancé. [...]
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