La nationalisation d'une activité économique consiste à transférer, par confiscation ou par rachat, la propriété d'une entreprise entre les mains de l'Etat. En France, une vague de nationalisations eut lieu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et une autre au début des années 1980. A l'inverse, la privatisation consiste à vendre à des actionnaires privés les titres de propriété d'entreprises détenues par l'Etat, ce qui se produisit en France à partir de 1986. La nationalisation ou la privatisation d'entreprises modifie non seulement leur propre organisation, mais aussi celle des entreprises qui en sont les clients ou les fournisseurs, et en fin de compte c'est l'ensemble du système productif qui peut subir les conséquences de ces modifications. Nous allons voir dans quelle mesure ce fut le cas en France, et comment l'économie française fut affectée tout d'abord par les nationalisations, puis par les privatisations.
[...] Cela concerne particulièrement les monopoles naturels constitués en 1945, dont les caractéristiques poussent l'Etat à en assumer les pertes financières au nom de l'intérêt collectif. Cela concerne aussi, à la même époque, la reconstruction des infrastructures lourdes que seul l'Etat semble capable de financer sur le long terme. La nationalisation du crédit, destiné à faire sauter le mur de l'argent fait de l'Etat le banquier et l'investisseur des entreprises : en 1947- à 60% des investissements industriels sont financés sur fonds publics. [...]
[...] Enfin, celui du biais introduit dans l'allocation optimale des ressources, dès lors que les entreprises nationalisées ne pratiquent pas la vérité des prix à laquelle appelait le rapport. II. Les privatisations des années 1980-1990 provoquent une diminution importante du secteur public et transforment le fonctionnement du capitalisme français La privatisation des entreprises marchandes du secteur concurrentiel et la déréglementation de certains services publics n'empêchent pas l'Etat de chercher à maîtriser l'organisation du système productif Le mouvement de privatisation a d'abord porté sur les entreprises privées du secteur concurrentiel. [...]
[...] En conclusion, nationalisations et privatisations ont donc rythmé et structuré l'économie française depuis cinquante ans, dans un mouvement qui a vu croître puis décroître le périmètre du secteur public d'entreprises. Opposées apparemment en tous points, elles partagent pourtant l'idée que la grande entreprise, organisée en conglomérats par des liens capitalistiques, est nécessairement la meilleure. Reste à savoir dans quelle mesure la troisième révolution industrielle ne repose pas sur une dynamique interne de PME beaucoup plus fluides et réactives que ne l'ont été les champions nationaux qu'ils soient publics ou privés. [...]
[...] Après les nationalisations rampantes de la sidérurgie dans les années 1970, seront nationalisées, en 1981-82, des entreprises industrielles de biens intermédiaires ou de technologie de pointe (Matra, Dassault, Bull) ainsi que les principales banques d'affaires. Le poids dans l'économie française : en 1982, le secteur public industriel représente 21% du chiffre d'affaires de l'emploi salarié de la valeur ajoutée de l'investissement et 53% des immobilisations du secteur industriel. La comparaison de la part des immobilisations et de l'emploi salarié montre que les entreprises nationalisées sont très capitalistiques. Par ailleurs, elles sont aussi fortement exportatrices. [...]
[...] D'un point de vue structurel, la privatisation a pu permettre aux gouvernements français d'utiliser cette recette exceptionnelle pour se désendetter, objectif qui fut particulièrement important dans la perspective de répondre aux critères du traité de Maastricht. Avec le retour du marché, les entreprises, privées du soutien de l'Etat actionnaire, ont été obligées de rétablir la vérité des prix et de mettre en œuvre des stratégies industrielles et financières qui ne tiennent plus compte d'autres exigences que celles de renouer avec la rentabilité. [...]
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