Selon UNDCP (United Nations' Office for Drug Control and Crime Prevention), le commerce mondial de la drogue représentait 400 milliards de dollars en 1997.
Même si ce chiffre correspond vraisemblablement à une surestimation de la valeur du commerce mondial de la drogue, en raison du souci de sensationnalisme de UNDCP, il montre l'importance croissante de la narco-économie, ou économie de la drogue. Organisée à l'échelle mondiale, la narco-économie se fonde sur les échanges internationaux. Dès lors, l'analyste peut être tenté d'effectuer un rapprochement entre « narco-économie » et « libre-échange », « commerce qui se fait librement entre des pays, sans barrières aux échanges (droits de douane ou quotas par exemple) » (Stiglitz et Walsh). Il est ainsi pertinent de se demander si la narco-économie est un « avatar » du libre-échange, c'est-à-dire si elle est une expression du libre-échange et de ses conséquences, même si la forme change. En effet, les conditions du développement de la narco-économie ne peuvent être envisagées sans faire mention du contexte libre-échangiste. Et le fonctionnement de la narco-économie elle-même n'est pas sans rappeler certaines caractéristiques du libre-échange. Malgré tout, il semble qu'un tel rapprochement ait aussi ses limites.
Peut-on appréhender la réalité du libre-échange à travers l'exemple de la narco-économie ?
[...] En cela, la narco-économie montre les faiblesses économiques et sociales du libre-échange. Par son fonctionnement, la narco-économie explique la spécialisation des pays qui semble indissociable du libre-échange, et, par les causes de son apparition, en montre les dangers. Cependant, cette mise en garde (à laquelle on doit d'ailleurs pas prêter une attention démesurée) ne s'accompagne pas d'une mise en valeur des effets positifs du libre-échange. II] Néanmoins, la narco-économie renvoie une image trop négative du libre- échange pour que l'on puisse la considérer comme une expression des principes libre-échangistes La narco-économie passe sous silence certains effets positifs du libre- échange Le libre-échange, par de multiples mécanismes, encourage la baisse des prix, pour le plus grand bénéfice du consommateur. [...]
[...] Affirmer que la narco- économie est un avatar du libre-échange est donc abusif. Bibliographie ( Joseph E. Stiglitz et Carl E. Walsh, Principes d'économie moderne, Editions de Boeck Université ( Pascal Salin, Le libre-échange, PUF ( Pierre Kopp, Economie de la drogue, La Découverte ( Bernard Morel et Frédéric Rychen, Le marché des drogues, La Tour d'Aigues ( Alain Delpirou et Edouard Mackenzie, Les cartels criminels : cocaïne et héroïne, une industrie lourde en Amérique latine, PUF ( Jean-Claude Grimal, Drogue : l'autre mondialisation, Gallimard ( Samuel Blixen, Le narcotrafic, allié du néolibéralisme, in Patrick Piro (dir.), Les fruits amers de la mondialisation, C. [...]
[...] Or, il n'en est rien. L'économie de la drogue reste caractérisée par des prix très élevés, et des profits extrêmement importants. La valeur ajoutée est concentrée au moment de l'exportation, pour lequel le coefficient de marge est de 10, partagé entre très peu de mains. Comme dans les pays producteurs, où les profits se concentrent dans les mains d'un petit nombre de trafiquants, souvent membres corrompus du gouvernement ou de l'armée, les paysans ne bénéficiant que de revenus faibles. Le fait que les prix de la drogue ne baisse pas s'explique par deux éléments. [...]
[...] La crise économique qui frappe les pays du Nord encourage la demande de drogue. Enfin, contrairement à maintes idées reçues, c'est parfois le manque de libre-échange, et la concurrence déloyale, qui créent les crises dans les pays du Sud, et poussent les paysans à cultiver des produits illicites. Ainsi, l'Union Européenne et les Etats-Unis, en subventionnant leurs produits agricoles, en désaccord avec les principes du libre-échange, ont créé une concurrence trop forte pour les paysans du Sud, et les ont ainsi poussé dans les bras de la narco-économie. [...]
[...] Le cannabis est cultivé en Afrique du Nord (en particulier dans la région du Rif, au Maroc), et au Nord du Golfe de Guinée. L'opium est cultivé dans le Triangle d'Or (Birmanie, Laos, Thaïlande) et dans le Croissant d'Or (Iran, Afghanistan, Pakistan). La feuille de coca est cultivée dans la Ceinture blanche (Colombie, Equateur, Pérou, Brésil, Bolivie) et au Mexique. Ces pays disposent d'une main-d'œuvre abondante, et donc peu chère, ainsi que de conditions climatiques favorables à de telles cultures. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture