De nos jours, le vocable « mondialisation », traduction de l'anglais « globalization », fait recette.
Depuis le début des années 90, on a d'abord évoqué une mondialisation géopolitique et idéologique, selon laquelle la fin du communisme scellerait le triomphe irréversible et définitif du libéralisme politique et économique sur l'ensemble de la planète.
De même, on débat depuis 20 ans de la mondialisation démographique et économique, en raison de l'ouverture des frontières, des mouvements de population et de la multiplication des échanges.
Bref, en ramenant la planète aux dimensions d'un « village global », le début du troisième millénaire serait l'antichambre d'une nouvelle civilisation.
Il s'ensuit souvent qu'à l'heure de la globalisation, les frontières nationales seraient dépassées ou nuisibles, puisqu'elles font obstacle à la liberté individuelle de circulation, à la fluidité des échanges culturels ou économiques, voire à l'avènement de la démocratie.
Ainsi, le monde global, tout à la fois inéluctable, irréversible et désirable, serait à la fois un monde pacifié, un monde ouvert et un monde d'interdépendance.
Ces affirmations sont erronées tant à l'aune de la mise en perspective historique, qui permet de relativiser largement certains phénomènes, qu'au regard de la pure observation quantitative de certains faits. L'image d'une ère nouvelle, qui rendrait les frontières obsolète et nuisibles, apparaît alors pour ce qu'elle est : un mythe au service d'une idéologie nouvelle, le planétarisme.
Le procédé utilisé pour accréditer ce mythe auprès de l'opinion publique est bien connu des opérateurs qui interviennent sur les marchés financiers : il suffit de faire croire à tous les agents qu'une valeur va bientôt baisser pour qu'ils vendent aussitôt cette valeur, ce qui effectivement fait baisser son cours légal.
Le discours dominant sur la mondialisation procède un peu du même phénomène, c'est-à-dire de prophéties auto-réalisatrices. Si l'opinion publique croit que nous entrons dans une ère nouvelle, tout à la fois désirable, inéluctable et irréversible, elle acceptera ou appellera de ses vœux la suppression des obstacles qui en retardent l'avènement (les frontières).
La mondialisation ne peut donc faire disparaître les Etats-Nations que si ceux-ci le veulent bien.
[...] Le mythe de la mondialisation De nos jours, le vocable mondialisation traduction de l'anglais globalization fait recette. Depuis le début des années 90, on a d'abord évoqué une mondialisation géopolitique et idéologique, selon laquelle la fin du communisme scellerait le triomphe irréversible et définitif du libéralisme politique et économique sur l'ensemble de la planète. De même, on débat depuis 20 ans de la mondialisation démographique et économique, en raison de l'ouverture des frontières, des mouvements de population et de la multiplication des échanges. [...]
[...] Et cela n'a pas empêché l'émergence de nations souveraines. Cela n'empêche pas certains auteurs d'affirmer que l'humanité est aujourd'hui parvenue au stade ultime de réalisation de sa destinée cachée, c'est-à-dire à la fin de l'Histoire (F. Fukuyama), ère nouvelle où la concorde et le commerce épanouissent les hommes et président aux destinées des peuples. Dans l'analyse géopolitique, c'est-à-dire du point de vue des rapports de force et des principes moraux, la mondialisation désigne donc le nouvel ordre international de l'après-guerre Froide, qui repose à la fois sur une communauté de valeurs et sur la domination mondiale d'une superpuissance. [...]
[...] Là encore, le parallèle avec l'époque contemporaine est frappant, si l'on songe par exemple à la coalition internationale qui, derrière les Etats Unis, intervint en Irak en 1990-1991. D'un point de vue idéologique, l'Empire carolingien s'est construit en référence à certains principes: ceux de la chrétienté. C'est en effet un devoir chrétien qui motiva jadis l'intervention de Charlemagne en Lombardie et en Saxe. De même aujourd'hui, c'est le devoir d'ingérence humanitaire qui est invoqué pour justifier les opérations militaires américaines et les empiétements sur la souveraineté de tel ou tel Etat. [...]
[...] La contamination mondiale de la crise des subprimes n'est donc pas propre à notre époque. L'ouverture des frontières et l'interdépendance sont donc des réalités très anciennes, qui n'ont jamais empêché l'émergence de nations souveraines. Au plan technologique On affirme enfin que les nouvelles technologies de communication rendent les frontières obsolètes. On évoque Internet, et plus généralement la révolution des communications, la révolution des réseaux, qui permet des échanges immédiats et qui raccourcit les distances. Mais il y a moins de nouveauté et de révolution dans le passage contemporain de la radio - télégraphie à Internet que dans le passage, au XIXème siècle, de la messagerie maritime à la radio télégraphie. [...]
[...] Ces interventions militaires témoignent tout au contraire de la mise en place d'un système mondial de police, dont les Etats-Unis d'Amérique sont à la fois les initiateurs et les maîtres d'œuvre, et auxquels se joignent la plupart des Etats. La pax americana exhale donc d'étranges relents impériaux. On est loin de la réconciliation généralisée des hommes et de l'utopie de l'égalité des peuples dans l'ordre international. L'espoir d'un monde pacifié se heurte à la réalité d'un ordre impérial. Et cette situation peu idyllique est loin d'être une nouveauté radicale. Le rêve contemporain d'un empire mondial fondé sur les valeurs occidentales n'est pas sans rappeler l'idéal médiéval d'empire chrétien universel. [...]
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