Le capitalisme a connu de profondes mutations dans le monde à partir des années 1950. Tout particulièrement en France, l'essor et les bouleversements du capitalisme atteignirent leur paroxysme pendant le trente glorieuses. Désormais, le capitalisme est libéralisé, internationalisé et profondément dominé et dépendant de la finance mondiale, en atteste d'ailleurs la crise boursière mondiale de 2008. Une telle transformation ne s'est pas opérée seule mais bien avec le concours de certains acteurs tels que les pouvoirs publics qui ont joué un rôle moteur à travers la libéralisation et la modernisation du système financier notamment en créant un vaste marché unifié des capitaux, et en privatisant les secteurs industriel et financier.
Schumpeter avait la conviction profonde que le capitalisme se transformerait en un système socialiste avec le temps, son postulat a selon toute vraisemblance été démentie, d'ailleurs, la récente adhésion des pays de l'Est dans l'Union Européenne ne fait que confirmer cet état de fait.
La thèse de Schumpeter n'est cependant pas tout à fait sans intérêt.
[...] Tout d'abord (Schumpeter le reconnaît lui-même), les grandes entreprises savent innover et cette innovation bureaucratisée est source d'autant d'efficacité économique que l'innovation individualisée. Ensuite, ce qu'entend l'auteur par socialisme n'est pas toujours clair. Celui-ci semble méconnaître la réalité économique du socialisme, et oscille entre deux définitions, d'une part celle d'un système radicalement différent du capitalisme concurrentiel (appropriation collective des moyens de production), d'autre part celle d'une simple extension du secteur public aux dépens du secteur privé. Schumpeter se rapprocherait ici de la vision keynésienne de l'économie mixte. La vision keynésienne plus optimiste, part du même premier axiome. [...]
[...] Le premier ne s'attarde pas sur les conditions dans lesquelles le capitalisme concurrentiel s'est bureaucratisé et donc dévitalisé, mais il s'attache à décrire le succès d'un système à venir, l'économie mixte, et à rechercher les conditions dans lesquelles une intervention de l'état maintiendrait les possibilités de croissance. Keynes utilise le premier axiome dans une acceptation différente de celle Schumpeter, ce qui le conduit à récuser le second, selon lequel le capitalisme est condamné par le socialisme. Dés 1925, Keynes note que le communisme tire sa force de son idéologie et non de son efficacité économique. [...]
[...] L'élément dynamique, introduit par l'innovation entrepreneuriale, ne fait que se surajouter à l'équilibre précédent. L'innovation entraîne des perturbations de cet équilibre, impulse des phases de croissance de la production et des profits temporairement élevés pour l'entrepreneur qui a le monopole de l'innovation. Mais rapidement, les concurrents imitent l'innovation et les profits retombent, ce qui amène le retour à l'équilibre stationnaire. D'un équilibre à l'autre, le capitalisme concurrentiel est porteur d'une croissance plus élevée de la production et d'une augmentation des niveaux de vie. [...]
[...] Lorsqu'on lit la Théorie générale on est frappé par l'absence de référence à un quelconque avènement du socialisme. Pourtant, il admet l'instabilité du capitalisme et de la volatilité de l'économie monétaire qui poussent les acteurs à recourir à des conventions stables et à rechercher le concours de l'état et des institutions intermédiaires. Il pose même qu'une grande entreprise, non menacée, peut à sa manière incarner le summum bonum. Nous estimons donc écrit-il, [ ] que la suppression des lacunes de la théorie classique ne conduit pas à abandonner le système de Manchester (libre échange), mais simplement à indiquer quelle sorte d'environnement le libre jeu des forces économiques exige pour que les possibilités de production puissent être toutes réalisées. [...]
[...] La Suède en est une bonne illustration. Ce pays ne fut pas socialiste et a promu plus que tout autre l'égalitarisme grâce à l'accroissement de la pression fiscale afin de financer les transferts sociaux. Il a socialisé une partie de plus en plus importante de son revenu sans réduire le taux de croissance. Le ralentissement de l'activité économique mondiale des années 1980 a jeté un doute sur le bien-fondé du modèle scandinave. Toutefois, les résultats mitigés obtenus par d'autres politiques mises en œuvre dans certains pays occidentaux plutôt à relativiser ce propos. [...]
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