L'idée d'un processus de multiplication a été empruntée à un collaborateur de Keynes, R.F. Kahn, qui, dans un article de l'Economic Journal de juin 1931, intitulé « La relation entre l'investissement intérieur, la croissance et l'emploi », avançait que la création d'emplois « primaires » à l'occasion de nouveaux investissements (travaux publics par exemple), engendrait dans les autres industries un accroissement cumulatif d'emplois « secondaires », le « multiplicateur d'emploi » mesurant le rapport des uns aux autres.
Ce concept fut ensuite repris par Keynes dans sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) sous la forme du « multiplicateur d'investissement ». Une des conséquences primordiales de l'existence de ce multiplicateur est que le budget de l'Etat peut être un moyen puissant de régulation conjoncturelle.
Or si des politiques de relance sur le modèle de celles préconisées par Keynes ont semblé faire leurs preuves pendant l'entre-deux guerres (nous pensons notamment au « New Deal » de Roosevelt), qu'en serait-il aujourd'hui dans un contexte de mondialisation ? Les multiplicateurs keynésiens survivent-ils à l'ouverture des économies ?
Si les multiplicateurs keynésiens permettent de penser et de justifier la politique budgétaire en économie fermée, les études empiriques montrent qu'en économie ouverte, ils perdent beaucoup de leur pertinence.
[...] Fonctionnement et portée des multiplicateurs keynésiens fonctionnement Un accroissement de l'investissement (par exemple : 100) va provoquer la naissance d'ondes successives et décroissantes de revenu (Gilbert Abraham- Frois). Exemple : pour = 100, si la propension marginale à consommer c est égale à le total des revenus engendrés sera de 500. En effet, la dépense initiale en biens de production (investissement) se traduit dans une première étape par une distribution de revenus de 100 (salaires et bénéfices distribués par les entreprises de biens de production) ; dans une seconde étape, ces revenus sont en partie dépensés, en partie épargnés, dans la proportion de 80 et 20 : la dépense de 80 constitue pour d'autres agents économiques un revenu qu'ils dépenseront à leur tour selon la propension marginale à consommer. [...]
[...] Les multiplicateurs keynésiens sont-ils encore pertinents dans les économies contemporaines ? L'idée d'un processus de multiplication a été empruntée à un collaborateur de Keynes, R.F. Kahn, qui, dans un article de l'Economic Journal de juin 1931, intitulé La relation entre l'investissement intérieur, la croissance et l'emploi avançait que la création d'emplois primaires à l'occasion de nouveaux investissements (travaux publics par exemple), engendrait dans les autres industries un accroissement cumulatif d'emplois secondaires le multiplicateur d'emploi mesurant le rapport des uns aux autres. [...]
[...] D'après une autre étude menée par Marcellino en 2002 : kF = 1,1 et kG= 1,4 Cette étude confirme l'affaiblissement des multiplicateurs budgétaires. Cas des Etats-Unis L'étude récente de Banchard et Perotti (2002), qui porte sur la période 1947-1997 a donné le même genre de résultats. Ceux-ci ne contredisent pas l'enseignement keynésien traditionnel : un accroissement de la dépense publique ou une diminution des impôts entraîne un accroissement de l'activité et de la production. Mais dans la plupart des cas, les multiplicateurs sont faibles et proches de 1. [...]
[...] Si la théorie des multiplicateurs keynésiens a une portée très intéressante quant à la politique budgétaire dans une économie fermée Définition, démonstration et fonctionnement des multiplicateurs Définition Selon J. Stiglitz et C. Walsh dans Principes d'économie moderne, le multiplicateur est un phénomène selon lequel un changement dans les composantes de la demande globale (dans l'investissement ou les dépenses budgétaires par exemple) se répercute et conduit à une variation encore plus importante du produit national d'équilibre. Attention, hypothèse importante : l'analyse du multiplicateur s'applique quand il y a des ressources inemployées, c'est-à-dire quand Y est au- dessous de son niveau potentiel. [...]
[...] Des politiques de relance menées simultanément dans les pays européens se heurteraient moins aux problèmes de fuites dues aux importations. Au-delà de cette explication, on peut se demander si les multiplicateurs keynésiens ont un jour été pertinents Ce modèle donne une représentation trop simplifiée de l'économie : - omet l'impact des marchés financiers et de la politique monétaire sur l'économie. En effet, les variations du niveau du produit tendent à affecter les taux d'intérêt qui eux-mêmes en retour influencent l'économie. [...]
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