La monnaie s'est substituée au troc, afin de garantir un échange plus juste, par le biais d'un métal pris comme unité de référence. Des métaux comme l'or et l'argent deviennent les supports de la monnaie, ces deux métaux étant des biens rares et donc recherchés par tous. L'apparition des banques permet l'émergence d'un nouveau système de monnaie : elles offrent des substituts de papier censées valoir telle ou telle somme d'or. C'est donc l'apparition du système fiduciaire (du latin « fides » : la confiance).
La monnaie fiduciaire pourrait alors être qualifiée de « monnaie de singe », c'est-à-dire une monnaie qui n'a pas de réelle valeur. Au XIIème siècle, le roi Louis IX aurait autorisé les montreurs de singe et batteleurs à payer le péage du Petit Pont qui relie l'île Notre-Dame au quartier Saint-Jacques en grimaces ou en tours de passe-passe. L'expression « monnaie de singe » va dès lors désigner une monnaie sans aucune valeur. La monnaie fiduciaire, cet échange de confiance, est-elle réellement une « monnaie de singe » ?
Nous tâcherons de répondre à cette question en deux temps : en voyant d'abord en quoi la monnaie fiduciaire est à l'origine une monnaie de singe, puis en quoi le rôle de l'État a permis de la réguler et de la transformer en monnaie efficace.
[...] Nous tâcherons de répondre à cette question en deux temps : en voyant d'abord en quoi la monnaie fiduciaire est à l'origine une monnaie de singe, puis en quoi le rôle de l'État a permis de la réguler et de la transformer en monnaie efficace. La monnaie fiduciaire est à l'origine une monnaie de singe. La monnaie fiduciaire est fondée sur la confiance des agents économiques. Le passage de la monnaie-marchandise à la monnaie-signe implique déjà leur confiance. La monnaie-marchandise désignait l'utilisation de biens normaux, de marchandises, comme intermédiaire des échanges. [...]
[...] Elle est une monnaie de singe dès lors qu'elle est considérée comme telle : une monnaie fiduciaire qui n'a pas la confiance de ses utilisateurs est vouée à l'échec. C'est le rôle de l'État, et aujourd'hui de ses organes émetteurs de monnaie comme la Banque centrale, que de garantir cette monnaie et de permettre ainsi le bon fonctionnement d'une société évoluée. Aujourd'hui, cependant, il semble que la monnaie scripturale soit destinée à remplacer la monnaie fiduciaire, faisant définitivement de la monnaie une entité à part, sans besoin de convertibilité en or pour la garantir. [...]
[...] En cas d'inflation, la monnaie-signe, du fait de sa faible valeur intrinsèque, devient une réserve de valeur très médiocre et les agents économiques refusent de l'accepter comme intermédiaire des échanges. La monnaie fiduciaire étant à la merci de l'humeur des agents économiques, il apparaît important qu'un organisme puissant soit en mesure de la réguler. L'État s'est octroyé un droit de seigneuriage : il a fait de la monnaie un bien public qu'il a imposé. La monnaie, par son rôle social, est considéré comme un bien public. [...]
[...] Sa production privée, avec les risques de fausse monnaie, est illégale. Quand l'intermédiaire des échanges était un métal utilisé en monnaie-marchandise, la tentation était grande de rogner les pièces ou de les fondre. L'État s'est progressivement attribué le droit de seigneuriage, qui lui donne le privilège de battre sa monnaie, à qui il confère sa légitimité (Le portrait du monarque est frappé sur les pièces ; encore aujourd'hui, les euros français font apparaître les symboles de la République : Marianne, la semeuse et le chêne). [...]
[...] De la même manière, l'État ou l'organe émetteur a pu frapper des pièces représentant une valeur supérieure à leur valeur intrinsèque : ceci est aussi une monnaie fiduciaire, fondée sur la confiance. Une telle modification ne peut en effet se faire qu'avec l'accord, contraint ou volontaire, de tous les agents économiques qui utiliseront cette monnaie. C'est ici que doit jouer la confiance. Comme le déclare G.Simmel : Chacun accepte la monnaie parce qu'il s'attend à ce que n'importe quel autre l'accepte et l'acceptera dans un futur indéterminé Dès lors qu'une monnaie ne s'appuie plus sur sa valeur intrinsèque mais sur une convention, chacun doit accepter cette convention. [...]
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