Le député britannique Gladstone faisait remarquer, lors d'un débat, que l'amour même n'avait pas fait perdre la tête à plus de gens que les multiples querelles sur l'essence de la monnaie. La monnaie est un instrument de paiement aux fonctions multiples. Selon Aristote, elle en possède trois : c'est d'abord une unité de compte, permettant d'exprimer en une seule unité de valeur des biens et services différents ; c'est ensuite une intermédiaire dans les échanges, éliminant les contraintes du troc ; enfin, la monnaie est une réserve de valeur, qui, comme le souligne Keynes, « constitue un lien entre le présent et l'avenir ». Ainsi, on peut se demander si la monnaie a des pouvoirs en elle-même ou si pour reprendre la célèbre remarque de John Stuart Mill « il n'est pas dans l'économie d'une société quelque chose de plus insignifiant que la monnaie ».
On verra dans un premier temps les théoriciens classiques pour qui la monnaie est neutre, puis nous verrons que face à celle-ci un renouveau des théories de la monnaie a eu lieu. Nous aborderons notamment la pensée keynésienne qui fait de la monnaie, perçue comme active, le moteur de l'économie. Mais nous parlerons aussi, de la conception de Friedman qui bien que reconnaissant une certaine influence de la monnaie à court terme, tente de renouveler les théories quantitatives. Enfin, nous aborderons dans une perspective plus large les nouvelles théories pour qui la monnaie est au cœur de la société et du pouvoir.
[...] Classiques et néoclassiques : une monnaie voile Dans un premier temps, nous allons aborder les théories classiques et néoclassiques, pour qui la monnaie est neutre. Nous allons voir que cette affirmation repose sur deux thèses. La première est la théorie quantitativiste. a. La théorie quantitative : la monnaie influence le niveau général des prix Au XVI° s Bodin explique que la hausse des prix est substantielle et résulte d'une circulation monétaire plus importante. En établissant un lien de causalité entre monnaie et prix, Bodin se présente comme le premier théoricien de la doctrine quantitativiste. [...]
[...] Un retour vers la monnaie signe A. La monnaie signe au cœur du pouvoir La monnaie est liée à l'Etat et au pouvoir de différentes façons. Outre que l'Etat frappe la monnaie, bien que des monnaies privées aient existé, notamment au Moyen-âge, la monnaie sert avant tout au pouvoir, sous deux angles : en étant un signe du pouvoir, elle participe à sa puissance, tout en permettant son financement. En effet, la problématique de l'Etat et du pouvoir politique est liée à la controverse économique entre partisans de la monnaie signe et de la monnaie marchandise : pour les premiers, la monnaie est un signe du pouvoir et doit sa valeur en ce qu'elle est liée à un Etat puissant. [...]
[...] Où l'on vérifie en effet que la relation LM, qui exprime l'équilibre entre offre et demande de monnaie, dépend bel et bien du taux d'intérêt. Les théories de Keynes furent appliquées dans l'Après-guerre, avant d'être remises en cause dans les années 1970, du fait de l'apparition d'une stagflation (inflation et chômage) consécutive aux chocs pétroliers. Cette situation n'étant pas prévue par les théories keynésiennes, certains économistes, comme Friedman, ont tenté d'apporter une nouvelle réponse aux questions posées par la monnaie. [...]
[...] Lorsque davantage de monnaie est mise en circulation dans l'économie les agents, ainsi dotés d'encaisses plus importantes, accroissent leurs demandes de produits. Ces demandes excédentaires entrainent à leur tour une hausse du prix des biens. Cette hausse a pour effet de réduire la valeur réelle des encaisses nominales. Un nouvel équilibre sera finalement rétabli lorsque la valeur réelle de l'encaisse effective correspondra à l'encaisse réelle désirée par les agents, après que les prix ont suffisamment augmenté pour rétablir cette égalité et faire disparaître les demandes excédentaires de biens. [...]
[...] Locke et Hume suivront dans cette lignée. Cependant, le premier à poser les bases de celle-ci n'est autre qu'Adam Smith. Celui-ci explique que l'or et l'argent ne font pas parti de la richesse des nations, car ils n'ont pas de valeurs intrinsèques. La valeur de la monnaie réside dans la quantité des autres biens. Ainsi, la monnaie n'a pas d'utilité réelle, elle n'ait rien d'autre qu'un intermédiaire des échanges; tout phénomène de thésaurisation est donc exclu. Une forme plus achevée de ce quantitativisme classique est fournie par Ricardo. [...]
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