Le sujet qui nous intéresse fait inévitablement référence aux théories de la modernisation, y compris sous sa forme amendée, améliorée proposée par Ronald Inglehart. Cette approche s'oppose radicalement à un auteur comme Putnam pour qui la société civile et les questions d'engagement civique peuvent déterminer les performances économiques. Parallèlement, l'idée de "path dependency" milite pour des changements culturels qui suivent leur propre parcours et qui ne sont pas soumis aux logiques économiques. Ces approches variées participent à notre réflexion sur le facteur explicatif attribué au changement économique dans la sphère culturelle. Ainsi nous sommes invités à nous interroger sur la pertinence de la thèse de Inglehart pour qui une vague de développement économique suppose systématiquement un glissement de valeurs. Il s'agit d'observer et de commenter les évolutions culturelles à partir de la période d'après-guerre marquée par les Trente Glorieuses, en particulier en adoptant une approche transversale explorant plusieurs facettes du problème : le volet artistique, la question des mutations des valeurs, les changements socio-démographiques, la délimitation des rôles sexuels, l'impact de l'émergence d'une société du risque, etc.
Au coeur de notre réflexion se trouve l'interrogation sous-jacente suivante : Les changements qui surviennent au niveau de la sphère culturelle sont-ils systématiquement dépendants et subordonnés à la modernisation dans le champ économique ? Les phénomènes culturels ne peuvent-ils pas suivre leur propre agenda et s'émanciper du champ économique dans certains cas ? Suivant ce questionnement, nous traitons la question sous trois angles différents.
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Quels changements culturels Inglehart repère-t-il dans ses travaux ? Ronald Inglehart identifie des changements culturels majeurs, et observe le lien complexe entre développement économique et changement culturel. Il insiste sur le phénomène de sécularisation (induit par le développement économique), le déclin de la religion et la disparition graduelle des différences culturelles. Pour les théoriciens de la modernisation, si on fait entrer en compte le PNB par tête et le niveau de développement, les différences de valeur entre pays et sociétés disparaîtront de la réalité. En d'autres termes, à des niveaux de développement similaires, les pays ne connaissent pas de divergences majeures en termes de valeurs (...)
[...] Les cultures, à travers leurs influences mutuelles et leurs relations, ne visent pas à faire disparaître les identités culturelles, mais au contraire, elles cherchent à s'auto-justifier. Toutefois, l'essor de la spiritualité est post-matérialiste ; risque, chez Inglehart, de confusion la religion, c'est historiquement, d'abord une force conservatrice (et paradoxalement, donc, matérialiste ) Inglehart s'inspire de la pyramide des besoins de Maslow qui souligne quelque chose d'intuitivement évident : les valeurs d'autoréalisations se développent d'autant plus que les besoins primaires sont satisfaits ; Sartre dit quelque part à peu près cela : en face d'un enfant qui a fin, la nausée ne fait pas le poids Songez que c'est aussi une justification de certains régimes autoritaires : d'abord la population mange à sa fin, ensuite (éventuellement), les droits politiques et civils. [...]
[...] Ceci dit, les hommes sont sans défense face à cette nature sous sa nouvelle forme, c'est à dire intégrée au système industriel, dans la mesure où l'on observe des dangers qui se muent, se déplacent avec les éléments tels que l'eau ou l'air. Cette approche, dérivée de catastrophes récentes comme Tchernobyl, l'épisode traumatique de la vache folle ou l'explosion de l'usine AZF, annonce notre entrée dans une époque qualifiée de Moyen Âge du danger En fait on connaît une nouvelle forme de la modernité, appelée la société (industrielle) du risque, avec un passage de la répartition des richesses à la répartition des risques[4]. Par ailleurs, la question des changements culturels chez Beck est centrale. [...]
[...] Le passage à des valeurs séculières rationnelles et à des préoccupations post- matérialistes Quels changements culturels Inglehart repère t-il dans ses travaux ? Ronald Inglehart identifie des changements culturels majeurs, et observe le lien complexe entre développement économique et changement culturel. Il insiste sur le phénomène de sécularisation (induit par le développement économique), le déclin de la religion[1] et la disparition graduelle des différences culturelles[2]. Pour les théoriciens de la modernisation, si on fait entrer en compte le PNB par tête et le niveau de développement, les différences de valeur entre pays et sociétés disparaîtront de la réalité. [...]
[...] Dans le même sens, Adorno et Horkheimer assimilent culture de masse et déclin de la conscience critique[9], puisque l'art authentique se comprend comme une force guidant les changements de notre monde. Schématiquement, le triomphe de la culture de masse revient à écraser, garrotter la conscience de l'homme[10]. Similairement, certains auteurs néo-marxistes ont un rapport intrinsèquement anti-utilitariste à la culture, jusqu'à faire preuve d'une forme de nostalgie vis- à-vis du monde classique comme en témoigne les positions de Guy Debord. Conclusion En conclusion, le présupposé de la question n'a une valeur explicative que partielle. [...]
[...] En effet ils divertissent (donc dépolitisent) les masses, et donc fin des velléités de révolte, puisqu'investissement dans la vie privée : cf. la consolation via, par exemple le cinéma, de sa propre existence, ou la téléréalité : on se voit soi-même ; 2. ils créent ces mêmes masses en identifiant des catégories de personnes comme catégories de consommateurs (Adorno évoque les spectateurs de film de série par exemple), et en structurant, en retour, leur manière de percevoir et vive le monde et donc de consommer (Marcuse dénonce la montée de l'unidimensionnalité et souligne que les valeurs de la publicité créent des manières de vivre En même temps, ces signes permettent une identification, et donc des comportements de consommation. [...]
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