La rationalisation par les théories économiques des comportements spéculatifs de certains agents financiers et l'incompréhension de cette justification par les « profanes » illustrent bien le décalage entre la définition populaire et économique de la rationalité. Ce comportement de consommateur insatiable de titres financiers, attirés par les gains potentiels est légitimé par la théorie économique, mais largement réprouvée par les agents réels qui pourraient le qualifier d'irrationnel, de déraisonnable. La distance entre ces deux pensées, en cours de réduction, est loin d'être récente.
En effet, les premières conceptions économiques s'attachent à étudier les comportements rationnels des consommateurs. Ainsi, toute activité orientée vers la réalisation calculée d'un objectif est un sujet pour l'économie (au départ, l'économie s'intéresse au domaine de l'échange et de la détermination du prix). Ce n'est que depuis récemment qu'est intégrée, dans l'analyse économique, l'étude des comportements affectifs ou pulsionnels, comme, entre autres, le mariage et la fécondité grâce à Gary Becker, prix Nobel d'Économie en 1992. Le rapprochement entre théorie économique de la rationalité et réalité est un processus enclenché, mais loin d'être achevé.
Ceci nous amène à questionner l'hypothèse de rationalité de l'agent consommateur.
Le consommateur est le premier grand type d'agent en microéconomie, c'est lui qui prend les décisions de consommation. Il est largement confondu, dans ce type d'analyse au terme « ménage ». En reprenant la définition de la comptabilité nationale, un ménage est considéré comme une unité de décision dont la consommation, présente ou future, est l'objectif ultime.
La rationalité économique est définie comme un principe de maximisation de l'utilité, sous contraintes de ressources disponibles. Elle fonde l'approche néoclassique.
La rationalité de l'agent consommateur correspond donc à la maximisation de sa satisfaction, de son bien-être compte tenu de sa contrainte de revenu. Il s'agit du comportement optimisateur, cohérent et souverain de l'homo oeconomicus, personnage du modèle néoclassique.
[...] (il s'agit plutôt d'une irrationalité du système que de l'agent) Dans les usages théoriques, la rationalité parfaite est donc largement contournée cependant, elle est, selon Edmond Malinvaud notamment, une inexactitude . moins redoutable» que d'autres face auxquelles la théorie est confrontée. La rationalité parfaite est mise à mal théoriquement. Il apparait clairement que le postulat de rationalité des agents, fondation traditionnelle de la théorie, existe mais est limité. Il va subir de vives critiques et donc évoluer pour mieux survivre. II . Mais cette rationalité n'est pas parfaite. L'hypothèse de rationalité substantielle est face à plusieurs difficultés. [...]
[...] L'hypothèse de rationalité est cependant nécessaire, selon Edmond Malinvaud, mais aussi aménageable pour la formalisation des modèles. (Pareto définit l'économie comme l'étude des actions rationnels, logiques et la sociologie comme celle des études illogiques, irrationnels) Selon les sociologues, notamment Raymond Boudon, chef de file du courant de l'individualisme méthodologique, la rationalité économique est une rationalité instrumentale, c'està-dire orientée vers l'optimisation des avantages matériels. Elle exclut donc clairement, comme le soutient Edmond Malinvaud, un grand nombre d'objets du champ d'étude économique. [...]
[...] Ceci explique la décroissance de la courbe, l'individu préférant généralement avoir plus que moins : la renonciation d'un bien ne se fera qu'en échange d'une unité supplémentaire de l'autre bien (hypothèse de non satiété, de non-saturation des besoins). L'autre déterminant du comportement du consommateur est la soumission inéluctable à un revenu. Cette contrainte dépend principalement des dotations initiales de l'individu et du prix de ces dotations. Ces dernières peuvent prendre la forme de stock de biens antérieurement acquis ou alors de temps disponible. Ce temps, utilisable pour satisfaire ses préférences, n'a pas la même valeur subjective (dépendant du TMS entre travail et loisir) pour tous les individus (mais la même valeur d'échange). [...]
[...] Cette contrainte peut être illustrée graphiquement par la droite de budget du schéma 2 représentant la frontière des consommations possibles. Schéma 2 L'espace C est appelé l'espace de budget, l'espace des possibilités de consommation. Il permet de mettre en évidence que la situation préférée par l'individu, lui est en fait interdite par son revenu, trop faible pour l'atteindre. En macroéconomie, le développement des modèles globaux prennent appui sur des bases microéconomiques, notamment sur le modèle du consommateur et son postulat fondamental. [...]
[...] Les aménagements du postulat de rationalité dans les usages théoriques prouvent ses failles. La rationalité parfaite est un postulat fondateur, donc difficile à exclure. Les microéconomistes ont largement recours à cette hypothèse mais, au fur et à mesure, ils développent des hypothèses additionnelles, modifiant celle de rationalité substantielle. La microéconomie évolue et se complexifie avec les aménagements de la rationalité substantielle. Les deux grandes analyses développées dans cette discipline sont la théorie des jeux et les théories de l'information. Elles ont en commun de supprimer le commissaire-priseur de Walras, coordinateur des offres et demandes de chaque produit et garant de l'ajustement vers le prix d'équilibre, et de perturber la concurrence pure et parfaite en développant l'étude de comportements stratégiques. [...]
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