L'Etat Providence a deux fonctions principales : une fonction de prévention des risques par l'assurance obligatoire (redistribution horizontale des actifs vers les retraités, des bien-portants aux malades, des titulaires d'un emploi aux chômeurs) et une fonction de redistribution (solidarité verticale entre les hauts et les bas revenus). Du social à l'économique, il n'y a qu'un pas. On décida d'intervenir dans l'économie pour soutenir la consommation et la croissance. La croissance économique se définit comme l'augmentation soutenue, pendant une période longue, de la production d'un pays.
[...] Thatcher au Royaume-Uni qui connaît une inflation et un chômage record et Ronald Reagan aux Etats-Unis, les idées ultra-libérales triomphent. Baisse des dépenses sociales et privatisations : les années 80 sont marquées par un recul général de l'Etat Providence dans l'ensemble de l'Europe mais il reste incomplet : l'Etat reste le principal recours pour les aides sociales. Les aides de l'Etat Providence ne sont pas toujours favorables à la croissance du pays. Les re-lances se sont souvent traduites par des déficits dans la balance des paiements. [...]
[...] Avec l'Etat Providence tel qu'il existe aujourd'hui en France, les riches deviennent plus riches. Le système français de prélèvements fiscaux et sociaux est l'un des moins progressifs et donc des moins justes d'Europe. Les prestations favorisent les catégories aux revenus confortables : le recours aux soins financés par l'assurance-maladie s'accroît avec le revenu au profit des ménages aisés ; le système de retraites profite davantage aux cadres supérieurs qu'aux manœuvres. La France a beau consacrer 30% de son PIB à la protection sociale, la pauvreté n'a pas reculé durant les deux dernières décennies. [...]
[...] Si la demande est insuffisante, il suffit d'injecter du pouvoir d'achat, les dépenses publiques (grands travaux, hausse des salaires, aides) accroissant la demande en "réamorçant la pompe". Le déficit budgétaire est une nécessité en période de récession, il se réduira avec la reprise de la croissance. La politique monétaire de l'Etat Providence consiste aussi à augmenter la masse monétaire (notons qu'aujourd'hui cela ne pourrait se faire que dans le cadre de la zone euro), ce qui fait baisser les taux d'intérêt, encourage l'investissement et décourage l'épargne qui déprime l'activité. [...]
[...] Mais justement, l'Etat Providence institutionnalise la solidarité, si bien que les transferts font partie du revenu permanent car ils sont réguliers. Si l'Etat Providence n'est pas venu à bout de la crise des années 1970, il en a atténué les effets. Les dégâts causés par le marasme économique auraient été bien plus graves sans notre système de protection sociale. En période de ralentissement de la croissance ou de baisse de la production, les prestations sociales aident à maintenir un niveau minimum de consommation, jouant le rôle d'une force de rappel. [...]
[...] Si l'on considère que la consommation est la clé de la croissance, il faut favoriser celle-ci par une redistribution des aisés vers les modestes. Le dernier euro d'une personne riche sera en grande partie épargné alors que si on le donne à une per-sonne modeste, elle en consommera une plus grosse part, stimulant davantage la demande et la croissance. L'Etat Providence est un acteur important de la croissance économique par son rôle de redistribution vers les ménages qui consomment le plus, stimulant la croissance. La réfutation que pourrait apporter M. Friedman peut être réfutée. Pour M. [...]
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