A l'heure où l'économie française peine à trouver un sentier de croissance forte et régulière, on en vient à se demander si elle n'est pas condamnée à une croissance molle, nulle voire négative. Il y a de quoi s'inquiéter lorsqu'on sait qu'il faut une croissance économique supérieure à 1 % pour créer de l'emploi et d'au moins 1,5 % pour créer les conditions d'une baisse du chômage. Dans ce contexte, la question « Dans quelle mesure une croissance économique nationale forte et régulière est-elle possible ? » prend tout son sens. D'autant plus que sur la scène internationale, des pays se démarquent avec une croissance forte, par exemple la Chine qui affiche une moyenne de croissance d'environ 8 % sur les trois dernières années. Il existe donc des inégalités de croissance entre les pays.
La croissance économique se trouve depuis la rupture de la Révolution industrielle au cœur de l'analyse économique. On est passé d'un modèle malthusien de croissance avec un rythme de 0.5 % par an avant 1800 a un modèle de croissance moderne avec un rythme moyen supérieur à 2 % par an après 1800. La croissance économique peut être définie comme l'augmentation soutenue pendant une période donnée d'un indicateur de dimension, le produit global net selon François Perroux ou plus communément le produit intérieur brut (PIB).
[...] Il faut aussi noter qu'il existe des limites à une croissance économique nationale forte et régulière pour plusieurs raisons. Aujourd'hui, la recherche d'une telle croissance sans autre considération que l'accroissement des richesses n'est plus possible. La croissance se heurte à de nouvelles exigences et préoccupations, notamment la question d'une croissance soutenable. Cette problématique émerge dans les années 1970 avec entre autres le rapport de Meadows en 1972 intitulé Halte à la croissance! C'est un rapport alarmant sur les limites de la croissance s'appuyant sur le constat d'une croissance démographique rapide, de l'épuisement des ressources non renouvelables et de la pollution. [...]
[...] Pour cela, il faut tenter de maîtriser le caractère aléatoire de la croissance en instituant un cadre national et international favorable à son développement. Le rôle de l'Etat dans chaque pays consiste entre autres à mettre en œuvre des politiques de croissance pour favoriser celle-ci, mais aussi la maîtriser. Cette fonction de l'Etat est admise depuis les études faites par John Maynard Keynes sur les politiques économiques à mener. Le but d'une politique de croissance est de faire durer le boom et de maintenir la croissance sur un sentier équilibré lorsque la conjoncture est favorable, et de relancer l'économie par une politique contra-cyclique lorsque la conjoncture est mauvaise. [...]
[...] Dans ce contexte, la croissance ne peut être un phénomène linéaire et régulier. Ainsi, les cycles de Kitchin d'environ 40 mois s'appuient sur des facteurs de stockage/déstockage pour expliquer les périodes de récession et de reprise. Juglar utilise l'analyse des prix pour justifier l'existence des cycles de 8 à 10 ans. Enfin, Kondratiev met en évidence des cycles de 40 à 65 ans divisés en phase A et en phase B. Les cycles sont ponctués par des crises, comme celles de la fin du 19e siècle, des années 1930 (Grande Dépression), des années 1970 ou plus récemment des années 2000 ou de 2008 (Grande Récession). [...]
[...] Aujourd'hui, l'innovation est le fruit de grandes entreprises, telles les entreprises pharmaceutiques, mais aussi de l'Etat qui prend en charge une partie de la recherche et développement trop lourde à assumer pour les entreprises. Le progrès technique et l'innovation permettent une plus grande efficacité dans la combinaison des facteurs de production, et sont à l'origine d'externalités positives. Par exemple, la diffusion des innovations et le débordement des connaissances hors du champ initial d'application permettent d'entretenir la croissance, ce que Paul Romer appelle le learning spill over Cependant, une croissance nationale forte ne suffit pas, encore faut-il qu'elle soit régulière. [...]
[...] La mise en œuvre d'une croissance forte et régulière suppose donc d'autres facteurs. Dans un premier, ce résidu de croissance inexpliqué est attribué par Robert Solow à un progrès technique exogène, qui apparaît comme une manne tombée du ciel Mais, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, les théoriciens de la croissance endogène mettent en évidence le caractère endogène du progrès technique. Les modèles de croissance endogène analysent de nouveaux facteurs de croissance, les nouvelles formes du capital, à savoir le capital technologique, le capital public, le capital naturel et le capital humain. [...]
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