Tous les économistes s'accordent à son sujet pour considérer la déflation comme pire que l'inflation. Alors que l'inflation peut se courber, s'atténuer, se réduire, la déflation obéit en effet à une logique du pire où ne rien faire (ne pas investir, ne pas consommer, conserver des liquidités) est ce qu'il y a de mieux pour chacun et de pire pour tous. Mais on se trompe si l'on définit la déflation par la baisse des prix. Car c'est la repérer trop tard, quand elle est déjà installée, et d'autant plus difficile à combattre. En fait, la déflation constitue un processus conjoint et autoentretenu de contraction de l'activité et de fragilisation bancaire et financière. Cette contraction peut venir d'un choc, le plus souvent de change, mais un choc qui n'est pas combattu assez tôt par les trois stabilisateurs de l'économie en charge de la contrer que sont : l'emploi (par des gains de productivité), le financement (par la baisse des taux d'intérêt), la demande (avec les déficits publics). Il s'ensuit une perte de compétitivité qui réduit la demande, qui affecte les profits des entreprises et menace les banques, qui détériore l'emploi et affecte les anticipations, qui réduit la demande et creuse donc les déficits publics et ainsi de suite… Du côté de l'économie réelle, l'activité fléchit ; du côté de l'économie financière, la capacité à résister aux chocs faiblit. La décélération des prix qui en résulte, dans l'industrie d'abord, les services ensuite, réduit les profits, tandis qu'elle fait monter les taux d'intérêt réels, quand bien même la banque centrale abaisse régulièrement ses taux.
C'est ce phénomène que subit depuis le début de la décennie 1990 la deuxième économie mondiale, le Japon (126 millions d'habitants pour un PIB de 4156 milliards de dollars, soit un PIB par habitants de 33000 $). Quels sont les mécanismes économiques qui permettent d'expliquer la persistance de la situation déflationniste au Japon ? Ces mécanismes ont une origine conjoncturelle qui s'explique d'abord par un problème financier majeur (I) qui entre en résonance avec des facteurs structurels liés aux difficultés du Japon face à la mondialisation (II).
[...] Quels sont les mécanismes économiques qui permettent d'expliquer la persistance de la situation déflationniste au Japon ? Tous les économistes s'accordent à son sujet pour considérer la déflation comme pire que l'inflation. Alors que l'inflation peut se courber, s'atténuer, se réduire, la déflation obéit en effet à une logique du pire où ne rien faire (ne pas investir, ne pas consommer, conserver des liquidités) est ce qu'il y a de mieux pour chacun et de pire pour tous. Mais on se trompe si l'on définit la déflation par la baisse des prix. [...]
[...] Pour sauvegarder la capacité de l'État à réguler l'économie, entre mai 1989 et août 1990, la banque centrale japonaise va en effet relever ses taux de à 6%. Cette augmentation signe la fin de l'ère de l'argent gratuit au Japon et le Nikkei commence à chuter. Parallèlement la Diète vote une loi qui taxe lourdement les gains spéculatifs sur le marché de l'immobilier tandis que le ministère des Finances ordonne aux banques de limiter la croissance de leurs prêts immobiliers. [...]
[...] Certes, le délabrement du système bancaire constitue l'hypothèque la plus lourde pour l'économie japonaise. Certes, les mécanismes de redressement sont connus. Il faut mettre les établissements sous tutelle, écarter les dirigeants, nettoyer les bilans aux frais du contribuable, rétablir la profitabilité en restructurant le système d'autorité et il faut en finir avec les pressions politiques qui obligent les banques à financer en masse des entreprises moribondes. Il existe par ailleurs des exemples réussis comme celui de la Nippon Credit Bank. [...]
[...] La bulle et l'inefficacité de la réponse économique japonaise La formation et l'éclatement de la bulle Tout commence avec les accords du Plaza en septembre 1985. Pour faciliter les exportations américaines, le Japon accepte de laisser sa monnaie s'apprécier par rapport au dollar. En un an, le yen fait un bon de 30% par rapport au billet vert. Pourtant, l'économie américaine peine toujours à se redresser et en février 1987, les accords du Louvre exigent du Japon qu'il stimule son économie, toujours pour favoriser les exportations américaines. [...]
[...] Il faut attendre les années 1997-1998 pour observer une baisse radicale des taux d'intérêts et une forte injection de liquidités. Ce retard a donné au processus déflationniste le temps de se mettre en place. Le recul de la demande a ainsi conduit à une baisse des prix des produits industriels dès 1993, puis à une disparition des hausses de prix des services en 1998, et l'inflation globale est devenue négative à partir de 1999. Pour ne rien arranger, les banques ont elles aussi été affectées par les pertes patrimoniales (que ce soit directement par la chute de la valeur de leurs garanties hypothécaires ou que ce soit indirectement par la hausse des défauts de paiement résultant des difficultés des emprunteurs). [...]
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