I. Une vision commune : le capitalisme comme moment historique amené à être remplacé par le socialisme.
[...] Assurément non, et c'est ce que nous allons voir dans la seconde partie. Deux visions très différentes du ressort du changement Nous avons vu dans la première partie que Marx et Schumpeter partagent une même vision historique de l'ordre économique. Ils reconnaissent l'existence, à leur époque, d'un système économique particulier qu'ils acceptent tous deux de nommer capitalisme et entrevoient son remplacement futur par le socialisme. Pour Marx, les contradictions du capitalisme sont d'ordre économique Le capitalisme porte en lui les germes de sa propre contradiction : c'est dans sa dynamique économique propre que l'économiste et philosophe allemand du XIXe siècle voit les racines de ce qui est amené à le condamner. [...]
[...] À cette crise sociale du capitalisme s'ajoute une crise politique. Pour Schumpeter, le capitalisme a joui, dans sa période d'émergence, de la protection des institutions de l'Ancien Régime : jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'ancienne aristocratie a continué à s'occuper des affaires politiques des nations, tandis que la bourgeoisie s'occupait des affaires industrielles et commerciales. En continuant à renverser les pouvoirs anciens, la bourgeoisie a scié la branche sur laquelle elle s'était assise : elle a conquis le pouvoir politique, sans être en mesure de le porter. [...]
[...] Marx et Schumpeter sont-ils d'accord sur l'avenir du capitalisme ? Plan Introduction I. Une vision commune : le capitalisme comme moment historique amené à être remplacé par le socialisme. II. Deux visions très différentes du ressort du changement Conclusion Introduction Marx et Schumpeter sont deux penseurs atypiques dans l'histoire de la pensée économique, qui partagent un certain nombre de points communs : ils sont tous deux à la fois économistes, sociologues et philosophes, sont davantage portés par l'argumentation que par la modélisation économique et leurs réflexions théoriques dépassent le cadre strict de l'activité économique humaine pour tenter d'embrasser du regard les problèmes généraux de la société de leurs temps. [...]
[...] Cette marge réalisée par le capitaliste a donc pour source selon Marx l'exploitation des travailleurs. Or, selon lui, le capitalisme fonctionne justement parce qu'un profit est potentiellement possible pour le capitaliste, donc parce qu'une exploitation peut avoir lieu. Le capitaliste n'investit dans une structure de production, dans des machines, dans une usine, que s'il espère en retour pouvoir réaliser du profit. Si le taux de profit diminue voire disparaît, cette dynamique prend fin. Or c'est justement cela que prédit Marx, dans le livre II du Capital, lorsqu'il énonce la loi de la baisse tendancielle du taux de profit : plus l'industrie va s'automatiser et recourir à la force mécanique pour produire ces marchandises, plus elles remplaceront le travail humain et moins il sera possible pour le capitaliste de réaliser un profit, car celui-ci ne se réalise qu'au détriment du travail humain. [...]
[...] Ce ne sont plus les dirigeants, comme à l'époque des capitaines d'industrie, qui prennent les grandes décisions en matière d'orientation de la firme, de choix des modèles et des produits : c'est cette technostructure qui s'est accaparé la dynamique d'innovation, et elle procède bien plus par routine, sans prendre de grands risques (la publicité étant là pour assurer les ventes), que par génie à la manière de l'entrepreneur cher à Schumpeter. La prédiction de ce dernier s'est ainsi sur ce point accomplie : le personnage de l'entrepreneur, à l'origine du capitalisme, disparaît progressivement. Nous voyons immédiatement que cela n'empêche pas le système économique de fonctionner : l'innovation a bien toujours lieu, qui nécessite du capital, de la création monétaire et au final de l'intérêt financé par le profit. La dynamique de l'accumulation du capital n'est pas attaquée. [...]
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