A la fin des années 80, après la chute du mur de Berlin, symbolisant la fin de l'empire soviétique communiste, les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) offraient des conditions exceptionnellement favorables à la pénétration occidentale. La plupart d'entre eux ne « pesaient » pas commercialement assez lourd pour être en mesure de négocier avec les « Douze » sur un pied d'égalité. Leurs anciens réseaux commerciaux ayant disparu avec le Comecon, il leur fallait absolument avoir accès aux marchés de ce qui était alors la Communauté Economique Européenne (CEE). Dans le même temps, au lendemain de l'effondrement du Communisme, les banques occidentales refusaient de leur accorder de nouveaux prêts, alors que, criblés de dettes, ils recherchaient désespérément des crédits. A cette dépendance économique s'ajoutaient de très fortes affinités idéologiques entre les nouvelles élites et les milieux d'affaires de la CEE. Les nouvelles politiques de l'Est ne juraient que par l'idéologie néolibérale et le slogan « Entrer dans l'Europe ». Dans ces conditions, la CEE et les Etats-Unis se mirent facilement d'accord sur la manière d'influer sur la politique intérieure de ces Etats : on leur appliquerait les techniques de l' « ajustement structurel » déjà expérimentées par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale en Amérique latine (Le FMI est une institution spécialisée du système des Nations Unies créée par traité en 1945 pour favoriser la mise en place d'une économie mondiale solide et a son siège à Washington, gouverné par 183 États membres). L'ensemble leur serait présenté comme un dispositif de « réformes » indispensables au passage à l'économie de marché. Mise au point à l'occasion du sommet du G7 de l'été 1989 à Paris, cette stratégie commune fut temporairement déstabilisée par le choc de l'unification allemande. Lorsqu'il devint évident que le chancelier Kohl voulait réaliser celle-ci de manière expéditive, par le biais de l'annexion de la RDA, le président Mitterrand fit entendre une voix discordante en présentant, à la veille du jour de l'an 1990, son projet de Confédération européenne en proposant que « tous les pays d'Europe se retrouvent sur un pied d'égalité, et avec une même dignité, dans une « confédération », dit-il, « à caractère politique et juridique où ils traiteraient d'affaires d'intérêt commun » . Et, comme allait l'expliciter ultérieurement le mémorandum CDU/CSU de 1994, la consolidation de l'influence des Douze chez les PECO était une manière d'y assurer la stabilité dont l'Allemagne, leur principal client et fournisseur, avait besoin à ses frontières orientales. La seule difficulté importante fut la guerre en ex- Yougoslavie. Mais le chancelier Kohl mit rapidement fin à ses relations initiales de patron à client avec la Croatie, afin d'éviter de diviser les Douze en fonction de leurs « parrainages » opposés dans le conflit. De grands pas furent ainsi franchis pour aligner les économies d'Europe centrale et orientale sur les normes de la division internationale du travail en Occident. Au début des années 90, les pays du groupe de Visegrad (qui comprend la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie) disposaient de capacités d'exportation dans des secteurs où ils pouvaient concurrencer les productions ouest-européennes : acier, textile et confection, agriculture, produits chimiques et charbon. Et, chez chacun d'eux, les mesures d'ajustement structurel préconisées par le FMI et la Banque mondiale provoquèrent une récession contraignant les entreprises à exporter pour survivre, aidées en cela par de fortes dévaluations de leurs monnaies.
Le FMI occupe une position centrale dans le système monétaire international — c'est-à-dire dans le système des paiements internationaux et des taux de change entre les monnaies nationales qui permet les transactions entre les pays. L'institution a pour but de prévenir les crises systémiques en encourageant les pays à adopter des politiques économiques saines; comme son nom l'indique, elle est en même temps un fonds auquel les États membres qui ont des besoins de financement temporaires peuvent faire appel pour remédier à leurs problèmes de balance des paiements. Selon ses Statuts, le FMI a pour buts de promouvoir l'expansion harmonieuse du commerce mondial et la stabilité des changes, de décourager le recours aux dépréciations concurrentielles et de faciliter la résolution ordonnée des problèmes de balance des paiements. Pour s'acquitter de sa mission, le FMI suit l'évolution de la situation et de la politique économique et financière, dans les États membres ainsi qu'au niveau mondial et, fort de plus de cinquante années d'expérience, donne des conseils aux États membres dans le domaine économique. Dans l'édition du printemps 2001 des Perspectives de l'économie mondiale, le FMI a mis en lumière les risques d'un nouveau fléchissement de la croissance mondiale et souligné qu'il y a lieu de soutenir la demande et d'engager des réformes structurelles axées sur la croissance.
A la veille de leur entrée dans l'union européenne, dans quelle mesure l'économie des pays de l'est à l'économie de marché peut-elle rester en adéquation avec les contraintes imposées par le FMI ? Pour répondre à cette question, nous étudierons tout d'abord ce qui a été concrètement fait par le FMI pour les PECO après leur transition, et, dans un second temps, ce qu'il reste à faire face aux dangers qui subsistent dans les PECO et les solutions proposées par le FMI pour résoudre ces problèmes, et en évoquant finalement l'aide du FMI pour la Russie, pays particulier.
[...] I - L'action du FMI face à la transition des PECO : ce qui a été fait Le FMI en quelques mots Le FMI : accorde des prêts aux États membres qui ont des difficultés de balance des paiements, non seulement pour les aider temporairement, mais aussi pour étayer les politiques qu'ils mènent en vue de remédier à leurs problèmes. Par exemple : Au cours de la crise asiatique de 1997–98 le FMI a agi promptement pour permettre à la Corée de consolider ses réserves. Il a engagé 21 milliards de dollars pour l'aider à réformer son économie, à restructurer le secteur financier et celui des entreprises et à se remettre de la récession. [...]
[...] Réformes juridiques et institutionnelles : ces réformes sont nécessaires pour redéfinir le rôle de l'État dans ces économies, établir la primauté du droit et mettre en place des politiques favorables à la libre concurrence. L'action du FMI face à cette transition On avait prévu que la libéralisation et la stabilisation macroéconomique pourraient être réalisées assez rapidement, tout comme la privatisation des petites entreprises. La privatisation des grandes entreprises et la réforme des lois et des institutions s'intensifieraient plus tard, au cours du processus de transition, et prendraient plus de temps. [...]
[...] La mondialisation des marchés financiers a incité beaucoup de gérants de portefeuille à investir dans un grand nombre de pays dans des secteurs spécifiques ou selon des critères de risque précis, accroissant les risques de contagion lorsque le marché vient à manquer de liquidité dans tels ou tels pays. La vulnérabilité et la propension aux crises du secteur financier. Les possibilités plus variées de placements profitables qu'offre un système de libre concurrence tendent à accroître les taux de rendement. Dans le même temps, elles exposent les investisseurs, particuliers ou institutionnels, à de plus grands risques, du fait notamment des bulles spéculatives. [...]
[...] Mais le chancelier Kohl mit rapidement fin à ses relations initiales de patron à client avec la Croatie, afin d'éviter de diviser les Douze en fonction de leurs parrainages opposés dans le conflit. De grands pas furent ainsi franchis pour aligner les économies d'Europe centrale et orientale sur les normes de la division internationale du travail en Occident. Au début des années 90, les pays du groupe de Visegrad (qui comprend la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie) disposaient de capacités d'exportation dans des secteurs où ils pouvaient concurrencer les productions ouest-européennes : acier, textile et confection, agriculture, produits chimiques et charbon. [...]
[...] C'est là une des raisons pour lesquelles on cherche aujourd'hui à associer le secteur privé à la résolution des crises. Lorsque les flux de capitaux étaient limités, au cours des années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la somme des devises qu'un pays devait attirer pour maintenir un niveau raisonnable d'activité économique correspondait essentiellement à son déficit extérieur courant, c'est-à-dire à la somme nécessaire à l'achat des produits importés, déduction faite de ses recettes d'exportation. D'où l'idée traditionnelle selon laquelle pour savoir si un pays disposait de réserves de devises suffisantes, il suffisait de calculer le nombre de mois d'importations qu'elles lui permettaient de payer. [...]
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