Tout d'abord, force est de reconnaître que les analyses économiques apparaissent nuancées comparées aux discours simples véhiculés par les médias. Ainsi, à la question « la mondialisation détruit-elle nos emplois et nos exportations ? », la réponse de l'économiste est souvent ambiguë et difficilement vérifiable : « Elle détruit des emplois au niveau microéconomique et au niveau local (dans certaines régions) et plutôt à court terme mais tout cela se compense au niveau macroéconomique et à long terme». L'économiste ajoute : «Rien de toute façon ne garantit que les emplois détruits par la délocalisation auraient survécu à la compétition internationale ! » Si, du fait de la concurrence internationale, les emplois devaient disparaître, c'est que leurs structures productives ne sont pas adaptées face à la mondialisation. Finalement, parce qu'il tient compte de la dimension temporelle, l'économiste anticipe les effets positifs, en retour, de la délocalisation : l'amélioration de la compétitivité, de la croissance, des firmes plus efficaces, plus performantes. Les emplois perdus vont alors renaître plus qualifiés, mieux rémunérés : c'est ce que El Mouhoud appelle dans son livre intitulé Mondialisation et délocalisation des entreprises : la compensation.
Par exemple, l'agriculture qui s'éteignait avec la révolution industrielle a été compensée par la montée de l'industrie puis des services. Mais ce raisonnement ne peut satisfaire complètement les travailleurs concernés pas la délocalisation, ni les territoires spécialisés dans les secteurs sensibles à la délocalisation.
Nous allons donc voir dans quelles mesures les délocalisations peuvent avoir des limites.
[...] Le groupe rationalise son organisation en concentrant sa production dans de grandes usines en France et en Allemagne : le groupe se recentre sur son marché d'origine. Enfin, la revue Management de Mars 2007 prend comme cas d'entreprises le fabricant de mobiliers de bureaux Samas. Après avoir transféré une partie de sa production en Chine, l'entreprise revient en France. Motif : les économies espérées se sont révélées quasi nulles ! Ainsi, l'économie sur la main d'œuvre s'est révélée moins mirobolante que prévu. [...]
[...] Faire voyager des meubles n'est pas aussi économique et aisé que faire voyager des puces électroniques. Une étude du cabinet McKinsey California Manufacturing Competitiveness Initiative d'après la revue Management Mars 2007) effectuée auprès des industriels de la plasturgie aux Etats-Unis aboutit aux mêmes conclusions : un gain escompté de une économie réelle de 11%. Il tombe quand même à 13% dans l'habillement d'après cette étude toujours. A travers ces différents exemples, force est de constater qu'effectivement, les raisons des relocalisations fournissent les limites des délocalisations. [...]
[...] Comment pourrait-on concevoir une délocalisation sans cesse croissante de notre production, sans envisager quelque part l'existence d'un seuil de rupture de ces grands équilibres ? Du point de vue de l'économie des pays développés, le phénomène des délocalisations montre donc qu'il existe une limite bien réelle à la mondialisation. Bibliographie El Mouhoub Mouhoud, Mondialisation et délocalisation des entreprises, collection Repères, La Découverte pages Revue Management de Mars 2007 Jean Arthuis, Mondialisation. [...]
[...] Cette forte croissance peut trouver son explication par le phénomène des délocalisations en cascade. Le prix de la main d'œuvre ayant augmenté dans le pays, on utilise alors ces personnes (enfants, femmes) pour que les coûts restent bas, c'est ce que l'on appelle le dumping social. Les effets du dumping social dans ce cas précis seraient donc divers : La perte des emplois des pays riches au profit des travailleurs des pays pauvres. La désindustrialisation, contestée par certains gouvernements, des pays riches. [...]
[...] Désindustrialisation et difficultés d'interprétation Il est important de s'intéresser au fait de savoir si on peut théoriquement mesurer les incidences des délocalisations en comparant par une approche empirique les pertes d'emplois dans les différentes régions du monde (théorie de Gérard Lafay). Dans son rapport, Jean Arthuis, alors sénateur, révèle ainsi, qu'entre 1970 et 1990, l'industrie de l'Union Européenne a perdu 6 millions d'emplois contre seulement aux États-Unis. Or, il y a eu exactement 6.6 millions d'emplois créés au Japon, en Corée du Sud et à Taiwan sur cette même période». Mais comment être sûr de la relation de cause à effet ? La presse économique attribue pourtant à la délocalisation la quasi-totalité des suppressions des emplois manufacturiers. Pourquoi ? [...]
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