On pourrait penser que le plus dur est déjà fait après les trente dernières années qui ont vu la population de l'Asie du Sud-Est augmenter très fortement et ont trouvé dans la révolution verte, démarrée dans les années 1960, un surplus de production salvateur pour bon nombre de pays. Néanmoins, rares sont les pays d'Asie du Sud-Est qui ont terminé leur transition démographique, les plus avancés se trouvent au mieux dans la seconde phase (caractérisée par une baisse lente et progressive du taux de natalité alors que le taux de mortalité stagne à un niveau assez bas) et les plus en retard sont encore dans la première phase (caractérisée par une très forte croissance de la population). Autant dire que le riz sera sans doute l'un des problèmes majeurs auxquels auront à faire face les pays de l'Asie du Sud-Est et les progrès engrangés lors [...]
[...] Autre problème, les rendements rizicoles ont tendance à diminuer au fur et à mesure que l'on cultive du riz sur une même terre alors que dans le même temps des chercheurs chinois viennent de montrer que le réchauffement climatique contribue à diminuer les rendements rizicoles. Si l'on ne peut pas augmenter les surfaces cultivées pour faire face à la croissance de la population, il faut donc augmenter le rendement à l'hectare tout en cherchant à diminuer les besoins en eau du riz. Pour ce faire, les pays de l'Asie du Sud-Est s'en remettent à l'IRRI et à la recherche génétique. L'objectif est de développer une nouvelle espèce de riz capable d'offrir les rendements nécessaires pour nourrir la population d'Asie du Sud-Est. [...]
[...] Dans la course à la meilleure variété de riz possible, l'IRRI n'est pas seule, loin s'en faut. Le recours de plus en plus grand aux biotechnologie et à la recherche génétique ont conduit les grands leaders du marché des plants génétiquement modifiés (comme Monsanto) à s'intéresser à ces recherches sur le riz. Ainsi, Syngenta, le troisième producteur mondial de semences agricoles a réussi à développer une nouvelle variété de riz, le riz doré (ou golden rice). Créé en Suisse à partir de 70 brevets technologiques détenus par 32 entités différentes, le riz doré est la seule variété de riz qui contient de la vitamine il pourrait donc guérir des milliers de personnes atteintes de carences en vitamine A ou ayant des problèmes aux yeux. [...]
[...] En effet, comme nous l'avons vu précédemment, le riz est au centre de la culture et de la vie des sociétés d'Asie du Sud-Est et l'introduction de variétés de riz génétiquement modifié va modifier le mode de vie de millions de riziculteurs. Même si la demande augmente fortement dans les années qui viennent, cela ne veut pas dire pour autant que les riziculteurs vivront mieux. Il y a deux raisons principales à cela : d'une part les recherches actuelles sur le riz semble indiquer que tôt ou tard on arrivera à créer une variété de riz à haut rendement, résistant aux insectes et aux maladies, avec un goût et un arôme qui plaira aux consommateurs. [...]
[...] Un bouleversement majeur pour l'Asie du Sud-Est Comme nous venons de le voir, la solution au problème de la forte demande à venir passe par la recherche génétique. Or, cette recherche n'est plus l'apanage des organismes publiques comme l'IRRI, elle est aujourd'hui pratiquée par les plus grands laboratoires mondiaux au premier rang desquels l'on trouve Monsanto ou Syngenta. Le riz n'est alors plus seulement une culture ou un aliment de base mais bien un enjeu économique stratégique. Beaucoup s'accordent aujourd'hui pour penser que l'Asie et en particulier l'Asie du Sud-Est sera la principale zone de croissance au XXIème siècle. [...]
[...] C'est donc à un incroyable défi que doivent faire face les pays d'Asie du Sud-Est et l'IRRI. Au-delà de considérations purement alimentaires, il ne faut pas oublier que le riz est aussi est des éléments centraux des économies du Sud-Est asiatique et notamment du Vietnam, premier exportateur mondial de riz, qui pourrait voir sa position menacée avec la forte croissance démographique qui l'attend. Vers une nouvelle révolution verte ? Une chose semble assez sure aujourd'hui, l'augmentation de la production de riz ne pourra pas se faire grâce à une augmentation des surfaces cultivées et ce principalement pour deux raisons. [...]
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