En 1936, Keynes présente les grands principes qui présideront à l'intervention publique à
partir de la Grande Crise. Il plaide en faveur d'une intervention de l'Etat, pour limiter la phase
descendante du cycle, pour accentuer la phase ascendante, ce qui doit permettre d'éviter les
équilibres de sous-emploi. L'efficacité de la dépense publique, dans son soutien à l'activité, tient à
l'effet multiplicateur et à l'efficacité économique de la redistribution. On entend par multiplicateur
l'effet, plus que proportionnel, que produit la dépense publique sur l'activité : si le taux d'épargne
des agents est de 20%, une dépense publique de 100 entraîne une demande de (1 – 0,2) 100 = 80,
puis de (1 – 0,2) 80 = 64, puis encore de (1 – 0,2) 64 = 51,2 etc. Plus le taux d'épargne est bas, plus
l'effet multiplicateur est important. Il s'agit de distinguer trois multiplicateurs, trois moyens
d'atteindre ce résultat.
[...] Keynes et la dépense publique : les différents types de multiplicateurs Keynes et la dépense publique : les différents types de multiplicateurs En 1936, Keynes présente les grands principes qui présideront à l'intervention publique à partir de la Grande Crise. Il plaide en faveur d'une intervention de l'Etat, pour limiter la phase descendante du cycle, pour accentuer la phase ascendante, ce qui doit permettre d'éviter les équilibres de sous-emploi. L'efficacité de la dépense publique, dans son soutien à l'activité, tient à l'effet multiplicateur et à l'efficacité économique de la redistribution. [...]
[...] Ceci étant, quelle forme doit prendre la dépense publique pour faire jouer l'effet multiplicateur ? Pour Keynes, les politiques de grands travaux sont une éventualité : elles ont l'intérêt d'avoir un effet conjoncturel, en jouant sur la demande, et un effet structurel, en améliorant par exemple les infrastructures. Elles permettent donc de se rapprocher de la croissance potentielle par le biais de cet effet conjoncturel, et d'élever le taux de croissance potentielle par le biais de l'effet structurel (la croissance potentielle est le taux maximal que l'on peut atteindre compte-tenu de la dotation factorielle, sans accélérer l'inflation). [...]
[...] Il s'agit de distinguer trois multiplicateurs, trois moyens d'atteindre ce résultat. Tout d'abord, le multiplicateur budgétaire consiste à faire varier, dans un sens contracyclique, les dépenses publiques : en période de crise, les pouvoirs publics doivent réaliser d'importantes dépenses pour soutenir l'activité, quitte à voir les déficits se creuser (ils seront, en théorie, compensés par des excédents dans la phase ascendante du cycle). Ainsi, un niveau conséquent de demande effective est assuré, compensant la frilosité des ménages. Ce multiplicateur budgétaire joue notamment par le biais de ce que l'on appelle les stabilisateurs automatiques : du fait en particulier des politiques sociales, le budget des pouvoirs publics joue toujours un rôle contracyclique. [...]
[...] En période de croissance, les recettes augmentent et cette captation de richesse qui en résulte pèse sur l'activité pour éviter la surchauffe. Le mécanisme est plus ou moins le même avec le multiplicateur fiscal, qui consiste à diminuer les impôts et taxes, pour fournir aux ménages des ressources qui leur permettent de consommer davantage, et donc de maintenir ou d'augmenter le niveau de la demande effective. L'efficacité du multiplicateur fiscal dépend bien évidemment de l'impôt ou de la taxe que l'on a choisi de baisser : la propension marginale à consommer étant une fonction décroissante du revenu (loi psychologique fondamentale), les baisses d'impôts ou de taxes ciblant les plus bas revenus sont les plus efficaces. [...]
[...] Bush : sa politique a consisté, d'une part, à faire jouer le multiplicateur fiscal, probablement involontairement, puisque ses baisses d'impôts destinées aux plus riches, donc à ceux qui ont la propension marginale à consommer la plus faible, semblaient plus s'inspirer des ratiocinations lafferiennes et de la maxime simpliste et naïve selon laquelle trop d'impôts tue l'impôt que d'une volonté de faire jouer réellement le multiplicateur keynésien ; et, d'autre part, à pratiquer un keynésianisme militaire correspondant à une importante dépense publique due aux guerres en Afghanistan et en Irak. Cette politique de relance involontaire a été des plus efficaces : les Etats-Unis sont rapidement sortis de la dépression liée à l'éclatement de la bulle Internet en 2000 et aux attentats du 11 Septembre (avec l'aide d'une politique monétaire également expansionniste). C'est la plus grande relance keynésienne de l'histoire économique L'Europe aurait bien besoin d'une relance fédérale d'une telle ampleur. [...]
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