Le 9 novembre 1989, l'effondrement du mur de Berlin annonce l'imminence de la réunification allemande, qui s'opère en 1990. Les 14 républiques non russes sortent une à une de la Fédération et le 25 décembre 1991, le président Gorbatchev annonce la dissolution de l'URSS. Des révolutions de 1917 avec la chute du tsarisme à l'année charnière 1991, en passant par la Seconde Guerre mondiale qui a vu l'Europe se scinder en deux blocs, plus de 70 ans se sont écoulés, 70 ans pendant lesquels l'économie soviétique est apparue aux yeux de beaucoup comme une « alternative socialiste » au capitalisme.
En 2002 puis en 2007, dix pays de l'ex-Europe de l'Est font leur entrée au sein de l'Union européenne, témoignant de leur ralliement final à l'économie de marché. Pour cela, ils ont dû œuvrer à une transition, donc à un « processus de déstructuration des cohérences économiques et sociales » de l'ancien système et une « recomposition de formes institutionnelles et systémiques viables », selon la définition de Bernard Chavance.
Quelles sont les limites qui ont rendue inévitable la chute du système soviétique ? A quels différents degrés et sur quels nœuds économiques se sont concentrées les réformes qui ont précédé et succédé à la fin de l'URSS en Russie et dans les pays d'Europe centrale ?
Pour comprendre cette évolution, il semble tout d'abord capital de comprendre les caractéristiques du modèle économique soviétique ainsi que les problèmes tant conjoncturels que structurels qui l'ont mené à sa perte, avant de considérer les différentes réformes mises en place par les ex-« démocraties populaires » pour leur passage vers un marché sans entraves, tout en s'attachant à établir le bilan de cette transition.
[...] Le problème de fond des politiques de transition est qu'elles ont eu tendance à se concentrer exclusivement sur la stabilisation de la sphère monétaire - une entreprise dans l'ensemble assez réussie, avec une amélioration en termes d'inflation, de budget et de balance commerciale en pensant qu'elle suffirait à résoudre les problèmes de l'économie réelle, où l'on a assisté à une dépression de grande ampleur. Il ne faut pas oublier les problèmes liés à la difficile question de la privatisation du capital d'Etat. [...]
[...] Quelle est la politique générale appliquée dans les pays de l'Est ? - Pour une stabilisation macroéconomique, les objectifs sont de réduire les pressions inflationnistes, le déficit budgétaire et l'instabilité monétaire en général. Ainsi on procède à la libération de plus de des prix jusque-là fixés, une politique monétaire restrictive avec une limitation du crédit et une hausse des taux d'intérêt, un contrôle sévère de l'évolution des salaires, une forte réduction des dépenses publiques pour un retour à l'équilibre budgétaire, et enfin une dévaluation de la monnaie nationale. [...]
[...] L'économie est administrée par un Centre constitué du gouvernement le Politburo et le Comité central et de l'appareil central de l'Etat, la Commission d'Etat au plan, ou GOSPLAN. L'administration étatique de l'industrie s'opère à travers une gestion hiérarchique par branches de production, avec les ministères sectoriels soviétiques. Un autre élément est la distribution sectorielle des investissements, avec des ordres de priorité : ainsi les biens de production (industrie, industrie lourde) sont privilégiés au détriment des biens de consommation. Les entreprises, quant à elles, reçoivent des programmes annuels, c'est-à-dire un plan fixant les objectifs de production, d'investissement et d'innovation. [...]
[...] Les bureaucraties économiques sont aussi en concurrence pour obtenir le maximum d'investissements de la part du centre afin d'étendre leur propre sphère d'influence Les tentatives de réforme en URSS et dans les pays d'Europe de l'Est L'URSS et les pays d'Europe de l'Est connaissent dans les années 80 une grande période de crise : faible croissance, montée des pénuries et de l'inflation, stagnation du revenu réel. Ces économies avaient commencé à mettre l'accent sur les exportations vers les économies occidentales pour stimuler la croissance et financer les importations, mais la récession générale du marché mondial les contraint à réduire les exportations pour rééquilibrer les déficits commerciaux, freinant ainsi l'investissement et la croissance, et ils connaissent de graves situations d'endettement. Le bloc de l'Est est en crise, et cherche donc à réformer son système économique. [...]
[...] Les résultats des programmes de stabilisation et de redressement sont hétérogènes et mitigés. Si l'on a assisté dans un premier temps à une immense dépression, les pays les plus proches de l'Europe occidentale et dont l'expérience soviétique a été la moins longue peuvent être considérés comme des exemples de transitions réussies, comme la Pologne ou la Slovénie. Ce sont les pays de l'ex-URSS qui ont rencontré les plus grandes difficultés, comme en témoignent les situations économiques de l'Ukraine ou de la Russie, qui connaissent depuis les années 1990 de grandes inégalités, la corruption, l'inflation, les déficits budgétaires et parfois l'instabilité politique, dues en partie à une transition lente et hésitante. [...]
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