Dégoût, rejet, attirance, envie : tels sont les sentiments que l'on peut percevoir dans le monde de la presse écrite française dans le débat entre journaux payants et journaux gratuits d'information. Si le phénomène du financement des journaux par la publicité n'est pas récent puisqu'il date du XIXème siècle, la distribution gratuite aux lecteurs sans contrepartie pécuniaire est un phénomène relativement récent. En effet, en France, les journaux gratuits d'information sont apparus en 2002. Cette arrivée a bouleversé un secteur qui est en perte de vitesse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (...)
[...] Après quoi, ils deviennent payants. On peut aussi noter un effort des payants (Le Monde, La Croix, La Tribune, Le Figaro) avec de nouvelles formules de présentation et une évolution des offres d'abonnement sur Internet. Pourtant, la relation parfois ambiguë de certains groupes de presse avec les gratuits fait relativiser la notion de concurrence déloyale. Cela peut s'expliquer par la complexité des enjeux sociaux et économiques. Dans un marché en crise depuis de longs mois, chaque source financière est sérieusement envisagée et toutes les stratégies économiques sont frénétiquement exploitées. [...]
[...] Les gratuits sont apparus en France il y a moins d'une dizaine d'années. Véritable bouleversement dans le secteur de la presse, leur apparition fait alors écho à une situation de crise que traverse le marché de la Presse Quotidienne Nationale (PQN). En effet, une analyse des dix dernières années permet de constater une diminution régulière mais prononcée de la diffusion des 12 quotidiens nationaux depuis l'an 2000. A noter également que l'audience des quotidiens nationaux a elle-aussi baissé de entre 1997 et 2003, soit une perte de 800.000 lecteurs selon les chiffres de l'Euro PQN. [...]
[...] En effet, il y a les coûts de l'information mais aussi des fournitures (principalement le papier pour la presse écrite), de fabrication, de la distribution, de la commercialisation (en direction des annonceurs et des publics acheteurs). Ainsi, un journal dépense près de 35% de son budget en frais de distribution[1]. Pour le journal 20 Minutes à 50 personnes collaborent régulièrement, dont 22 journalistes permanents titulaires de la carte de presse, le salaire de base d'un journaliste étant d'environ euros[2] mensuel. En 2005, seul Metro a dégagé un bénéfice : euros, près de quatre ans après son lancement, en mars 2002. [...]
[...] Afin de faire reconnaître davantage leur statut, les gratuits d'information ont créé l'association pour le développement de la presse gratuite d'information (ADPGI). Ses adhérents, éditeurs de comme Metro, A Nous Paris, souhaitent ainsi défendre leurs intérêts économiques, matériel, moraux et déontologiques au même titre que la presse payante Financement par la publicité Le financement par la publicité des journaux gratuits est essentiel à leur survie. A 20 Minutes, les petites annonces représentaient, en de ses revenus soit son deuxième marché. [...]
[...] Frédéric Filloux, le directeur de la rédaction de 20 Minutes a la conviction que les concessions faites aux annonceurs ne peuvent fonctionner d'autant plus que la publicité est attirée par un bon environnement rédactionnel. Enfin, il est nécessaire d'avoir un journal suffisamment puissant pour que le journal puisse soutenir la perte éventuelle en investissement publicitaire des annonceurs. Perdre en publicité à ressource lecteur équivalente, c'est dans la plupart des cas le passage au déficit. Un média qui bénéficie d'une forte audience, face à la menace d'un retrait d'un annonceur, peut espérer la remplacer. Ainsi, l'audience permet de résoudre le conflit entre droit à l'information et droit d'informer. [...]
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