Le soutien de l'Etat aux activités culturelles est une constante au sein des pays occidentaux, mais seule la France dispose, depuis 1959, d'un ministère dédié aux affaires culturelles, qui fait preuve d'un interventionnisme intense suscitant envie et agacement en Europe et au-delà. Notre pays a conservé un système très volontariste intervenant dans le théâtre, le cinéma, la musique, l'édition ou les arts plastiques, au risque parfois d'un certain isolement, comme nos gouvernements l'ont souvent expérimenté lors de négociations commerciales internationales. Quels sont les fondements de l'intervention de l'Etat dans la culture sur lesquels se basent les gouvernements ? Pourquoi la France fait-elle figure d'exception culturelle ? Pourquoi ne pas laisser les activités artistiques livrées aux lois du marché et à la générosité des mécènes ?
[...] La maladie des coûts W. Baumol et W. Bowen ont développé en 1966 une analyse de la croissance des coûts relatifs au spectacle vivant, démontrant que ce secteur voit sa productivité croître moins vite que celle des secteurs produisant des biens manufacturés, alors que les salaires y évoluent au même rythme. Ainsi, le coût relatif du spectacle augmente. Ce phénomène des coûts peut être illustré par un exemple (Baumol, 1984) : Comparez l'évolution, au cours des siècles, du coût de production d'une montre par rapport à celui d'une représentation musicale. [...]
[...] L'incertitude à propos des dépenses des consommateurs joue dans le secteur culturel plus qu'ailleurs un rôle structurant. Ainsi, un niveau de production élevé est le seul moyen de multiplier les chances d'explosion des succès. G. Prost avance en 1989 dans son rapport sur l'industrie cinématographique un argument qui peut s'appliquer à l'ensemble du secteur culturel : On a constaté dans les pays européens, sauf en France pour l'instant, une spirale vers le bas entre la production de films et les entrées dans les salles, moins de productions moins d'entrées, moins d'entrées moins de productions Nous craignons que l'effondrement récent des entrées dans les salles amorce cette spirale. [...]
[...] Les demandes d'option (valeurs de non-usage) Le concept de demandes d'option (parfois désignées comme valeurs de non- usage est défini par Weisbrod en 1964 comme des demandes qui concernent des biens ou des services dont on souhaite l'existence dans l‘éventualité d'une consommation future Elles sont constituées de trois composantes : - La valeur d'option, qui est le prix qu'un individu est prêt à dépenser immédiatement pour avoir la possibilité de consommer un bien ultérieurement. Ce prix est lié à l'incertitude de cette consommation future. - La valeur d'existence (définie en 1967 par J.V. [...]
[...] Ainsi, le besoin de légitimation place de façon permanente le gouvernant en état de demande vis-à-vis de la culture. La relation Etat/artiste ne peut être alors que conflictuelle : en effet, si le politique veut emprunter à l'art une part de sa puissance, il est amené, inéluctablement, à reconnaître la puissance politique de l'art, et donc, d'une certaine manière, à partager son pouvoir. Le prince est donc condamné à vivre entre le désir de célébration et la crainte de la contestation, et l'artiste à choisir entre être un créateur libre ou un courtisan. [...]
[...] Mais l'intervention de l'Etat dans l'ensemble de la culture relève d'autres préoccupations que celle dans l'art, car elle coïncide avec l'instauration des régimes démocratiques. Elle suppose la reconnaissance d'une double exigence: reconnaissance de la nécessité de faire partager par tout le peuple de l'héritage et les valeurs nationales, et de l'obligation démocratique d'assurer l'éducation des citoyens pour leur permettre d'assumer pleinement leur rôle. La Révolution française fera du respect de ces obligations un élément fondateur de l'affirmation des droits de l'homme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture