Des études menées récemment aux Etats-Unis dans le champ neuroscientifique ont démontré que, placé dans une configuration qui l'oblige à prendre une décision d'achat , le cerveau humain développe une activité beaucoup plus intense dans les régions responsables de l'émotion que dans les zones dites plus « rationnelles ». Or, si comme nous le montre cet exemple, le comportement «économique d'un individu est moins le fruit d'une réflexion pertinente et cohérente que d'une orientation émotionnelle particulière,le réalisme de l'hypothèse de rationalité est alors légitimement remis en question.
Caractéristique essentielle de la fiction théorique d'un homo oeconomicus égoïste et calculateur que la théorie néo-classique pose comme pièce maîtresse de l'analyse microéconomique, le postulat de rationalité peut se définir ainsi : il s'agit pour chacun des agents représentatifs prendre des décisions dont l'unique motivation est l'intérêt personnel , à savoir que le consommateur-type vise la maximisation du bien-être à moindre coût tandis que le producteur n'a d'autre optique que d'obtenir un profit optimal . Pour paraphraser l'américain John Rawls, chacun bâtit « un projet rationnel de vie » conformément à des aspirations qui lui sont propres.
Puisque l'hypothèse de rationalité ne résiste, d'après les avancées neuroscientifiques données en exemple, que rarement à la réalité (nous verrons au cours du développement que les exemples abondent dans ce sens), les questions suivantes apparaissent légitimes : pourquoi ce postulat est- il alors un des fondements de la théorie néo-classique et un instrument essentiel de l'économie contemporaine alors qu'au vu des faits, on peut douter de l'existence de l'homo oeconomicus, disposant de toute sa capacité rationnelle et d'une information parfaite tout en étant foncièrement égoïste ? Quel est donc l'intérêt de l'hypothèse de rationalité ? (il faut , à ce propos, noter le jeu sur la polysémie du terme « intérêt » : il est déjà au cœur de l'hypothèse de rationalité puisqu'il est le seul objectif de l'agent économique)
[...] Quel est l'intérêt du postulat de rationalité ? Des études menées récemment aux Etats-Unis dans le champ neuroscientifique ont démontré que, placé dans une configuration qui l'oblige à prendre une décision d'achat , le cerveau humain développe une activité beaucoup plus intense dans les régions responsables de l'émotion que dans les zones dites plus rationnelles Or, si comme nous le montre cet exemple, le comportement «économique d'un individu est moins le fruit d'une réflexion pertinente et cohérente que d'une orientation émotionnelle particulière, le réalisme de l'hypothèse de rationalité est alors légitimement remis en question. [...]
[...] C'est pourquoi certains économistes ne se satisfont pas de cette hypothèse et ont chercher à le faire évoluer. Pourquoi et comment ? II Un postulat évolutif et appelé à être complexifié Pourquoi le faire évoluer ? Un modèle (trop restrictif ? Le postulat de rationalité est avant tout un pari très fort, avec des critères multiples propres à son statut de modèle (le but n'est pas de montrer la réalité mais de confronter modèle et réalité). [...]
[...] Pour toutes ces raisons, des tentatives ont été faites pour l' aménager afin de le rendre plus efficace, au moins en microéconomie. La complexification du postulat de rationalité Le prix Nobel américain Herbert Simon va dans cet objectif créer un concept économique originale, dans la continuité de la rationalité de l'homo oeconomicus : la rationalité limitée Considérant que l'homme d'une part ne dispose pas d'une information parfaite et d'autre part ne peut envisager toutes les possibilités simultanément pour déterminer la situation optimale, va se contenter de la première situation satisfaisante qu'il entrevoit. [...]
[...] Quel est donc l'intérêt de l'hypothèse de rationalité ? (il faut , à ce propos, noter le jeu sur la polysémie du terme intérêt : il est déjà au cœur de l'hypothèse de rationalité puisqu'il est le seul objectif de l'agent économique) I Un élément fondamental de la boîte à outils de l'économiste Le postulat de rationalité : un passage obligé Une des particularités et des difficultés de l'analyse économique réside dans le fait que son objet d'investigation n'est autre que l'homme, à savoir une entité protéiforme, relativement difficilement saisissable et complexe. [...]
[...] Cette supposition transforme en profondeur la posture de l'économiste, qui va pouvoir travailler avec un mode opératoire plus confortable, comme nous allons le constater. Un enjeu méthodologique : vers la scientificité de l'économie Tout comportement rationnel est par essence analysable par des outils scientifiques, c'est-à-dire que le modèle maximisateur est avant tout MATHEMATISABLE. La formalisation mathématique constitue alors le rempart idéal contre l'approximation des discours littéraires Cette fois, l'économiste peut inférer des conclusions ayant une validité scientifique certaine puisqu'elles sont le fruit d'une démonstration par essence réflexive. [...]
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