Depuis une trentaine d'années, en liaison avec la faiblesse persistante de l'activité économique dans le monde industrialisé (Europe et Japon surtout) et avec les difficultés d'un redémarrage durable de la croissance, les économistes redécouvrent l'importance du rôle des institutions dans la dynamique économique. Alors qu'auparavant, les modèles dominants (ceux de Roy Harrod et de Robert Solow notamment) ne laissaient pas de place aux institutions, celles-ci sont désormais de plus en plus au centre des analyses et des réflexions.
Sur un autre plan, les résultats sensiblement différents des politiques de développement dans les pays du Sud ont incité de nombreux auteurs à se poser la question de savoir pourquoi certains pays (minoritaires, il est vrai) sont engagés dans un processus de rattrapage, devenant des NPI (nouveaux pays industriels), alors que d'autres (nettement plus nombreux) stagnent, leur processus de développement connaissant maints blocages et dysfonctionnements. En essayant de répondre à cette question, l'une des pistes qu'ils ont privilégiées consiste à étudier de près les interactions entre structures politiques et performances économiques, c'est-à-dire à aborder le problème sous l'angle de la gouvernance.
Au sens ordinaire, les « institutions » désignent des organisations dont la fonction est d'établir des règles de conduite et fonctionnement dans un domaine de la vie sociale et de veiller à leur application. L'ART (Autorité de Régulation des Télécommunications) et le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) en sont deux exemples parmi d'autres en France ; l'OMC (Organisation mondiale du Commerce) en est un autre sur le plan international; etc. Ce sens ordinaire n'est toutefois pas le seul, ni même celui que privilégie la théorie institutionnaliste.
[...] Evidemment avec une telle formulation il est plus facile de vendre le libre- échange et le commerce international. Cette différence pourrait apparaître bénigne si elle en restait là mais le problème est qu'elle modifie complètement les recommandations politiques. Essentiellement productiviste et fondée sur la théorie keynésienne et mercantiliste, la théorie hétérodoxe (OMC) prône la réciprocité de l'ouverture commerciale alors que dans la vision orthodoxe, il est toujours dans l'intérêt d'un pays de s'ouvrir quoique fassent les autres (Siroën, 2000) et la réciprocité n'est pas une condition nécessaire. [...]
[...] (1996), Institutions in Economics. The Old and The New Institutionalism, Cambridge University Press (first edition 1994). Stigler G. (1971), Theory of Regulation”, Journal of Economic and Management Science, 2 pp. 3-21. Stiglitz J. E. (2002), La grande désillusion : échecs de la mondialisation, éd. [...]
[...] Alesina A., Perotti R. (1994), political Economy of Growth: A Critical Survey of the Recent Literature The World Bank Economic Review. Barro R. J., (1996), “Democracy and Growth”, Journal of Economic Growth. Billaudot B. (1996), L'ordre économique de la société moderne, L'Harmattan, Paris. Boyer R., Saillard Y. (eds.) (1995), Théorie de la régulation: l'état des savoirs, La Découverte, Paris. [...]
[...] Par exemple, selon que la promotion sociale, dans un pays donné, se fait sur la base de la compétence et du mérite ou, au contraire, sur celle du favoritisme et de l'appartenance à un groupe, les individus ne seront pas motivés de la même façon pour investir dans leur formation, ni pour entreprendre, innover et prendre des risques, etc. Comme l'explique D. North (1990), si les institutions sont telles que l'enrichissement passe principalement par la piraterie, les associations de pirates se multiplieraient. [...]
[...] Toutefois, ce premier aspect n'est pas le seul. En suivant les auteurs qui ont approfondi l'analyse de cette notion et dont les travaux inspirent dans une grande mesure la Banque Mondiale et le FMI on peut dire que la bonne gouvernance se décline à travers trois questions centrales portant sur la façon dont sont conçues et conduites les politiques de développement et sur la manière dont sont gérées les affaires de l'Etat aux différents échelons de l'organisation administrative (J. Isham, D. [...]
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