A l'heure où le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur explose, où des opérations financières à haut risque sont effectuées grâce à des programmes informatiques complexes, où 16707 brevets ont été déposés pour la seule France en 2008, l'appartenance de notre monde à une économie de la connaissance fait peu de doutes. Réellement développée sous sa forme actuelle dans les années 90, on lui attribue majoritairement la prospérité économique des Etats-Unis de cette période, portée par sa capacité d'innovation et sa propension à s'imposer technologiquement sur les marchés mondiaux. Au contraire, on attribue au retard européen contemporain son manque d'attention à l'égard de l'innovation facteur de croissance, trop occupée qu'était l'Europe à mettre en place sa monnaie unique.
L'économie de la croissance est le fruit de facteurs multiples et d'un contexte spécifique mais est synthétiquement définie par Dominique Foray comme « les secteurs d'activité de production et de service fondées sur des activités intensives en connaissance ». L'intensité d'utilisation des nouvelles technologies de l'information, les dépenses en R&D ou le taux d'emploi des travailleurs diplômés sont autant d'indicateurs indiquant la mesure de la production et la gestion des savoirs.
Changement n'étant pas nécessairement synonyme d'amélioration, l'impact de ces nouveaux caractères du marché sur la croissance n'est pas une évidence mais plutôt un obstacle supplémentaire à sa mesure. Quelle influence réelle possèdent l'économie de la connaissance et l'innovation sur les mécanismes de croissance? Admettant que celle-ci soit bénéfique, un contexte particulier doit-il survenir en guise de catalyseur? La corrélation entre les phénomènes n'admet-elle pas de nuances ou autres limites? L'innovation peut-elle être l'instrument unique de stimulation de la croissance et ce de manière pérenne?
[...] Il en va de même sur le marché: le développement d'innovations signifie l'expansion des entreprises qui possèdent un monopole de fait. Les autres qui ne sont plus compétitives sont supprimées car leurs techniques ou leur production sont obsolètes face aux nouvelles exigences du marché. Schumpeter soutient que la destruction créatrice use les innovations majeures poussant d'autres entreprises à innover et à mettre sur le marché des innovations mineures. Pour rester compétitives, les entreprises doivent investir sans cesse ce qui entraîne un amortissement accéléré. Les dettes contractées par les entreprises grèvent leur rentabilité. [...]
[...] Toutefois, même les secteurs plus indépendants de la connaissance suivent à moindre vitesse la même tendance. Laboratoires de services à l'innovation, travailleurs hautement qualifiés sont autant de ressources de connaissance qui exercent une mainmise considérable sur les secteurs de production. Ces ressources sont théoriquement flexibles et mobiles mais il est prouvé que de très forts effets externes peuvent ressortir de leur association. Ainsi l'importance économique de l'innovation est partiellement définie par la structuration du marché. L'apport des capacités intellectuelles est d'autant plus majeur dans la détermination de la performance économique que les institutions sont adéquates, que les bases technologiques mènent à la recherche systématique d'innovation et que les conditions de la concurrence sont favorables. [...]
[...] Des effets externes de marché ensuite car les bénéfices du produit peuvent surpasser l'augmentation de son prix pour le consommateur, partiellement parce que les situations de concurrence empêchent une hausse du prix à la mesure de la nouveauté. L'industrie informatique est une illustration parfaite de cet effet de marché, aussi appelé effet de rente. L'innovation peut éventuellement favoriser les exportations de l'entreprise notamment si elle sécurise la propriété intellectuelle de son nouveau produit. C'est ici qu'intervient l'un des enjeux cruciaux de l'économie de la connaissance : le système de brevets. La manière dont l'innovation investit le système économique est un élément décisif pour le progrès économique. La capacité d'absorption des entreprises est spécialement importante pour sa diffusion. [...]
[...] Un équilibre entre flexibilité du salariat et coûts de formation et d'adaptation de l'employé doit donc être trouvé. Schumpeter a confirmé dans ses théories que l'innovation est moteur de croissance, et que le progrès technique provoque sans nul doute un effet de productivité. Il établit un lien entre les cycles d'innovation et les cycles de croissance tel que celui de Kondratieff. Dans un cycle long, le progrès technique guide l'expansion de l'économie jusqu'à son épuisement laissant place à la dépression qui à son tour va demander de nouvelles innovations pour relancer un autre cycle. [...]
[...] Innovations de procédé et de produits influent directement sur le chiffre d'affaire de l'entreprise. L'innovation de produit augmente le volume de production et le niveau d'emploi, et quand elle est radicale ouvre de nouveaux marchés et accompagne une croissance forte. L'innovation de procédé diminue la quantité de facteurs de production nécessaires mais augmente aussi la demande du produit alors que le prix baisse. De fait, la hausse des volumes stimule production et donc emploi à condition que l'élasticité de la demande par rapport au prix soit supérieure à l'investissement. [...]
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