L'inégalité est-elle néfaste pour la croissance ?

Résumé du document

Choix politique et investissement individuel face aux inégalités :le modèle de Tabellini et Persson. Prise en compte de la dynamique et mobilité : le modèle de Perotti. L'Etat pourvoyeur de services productifs : les modèles de Alesina/Rodrik et Saint-Paul/Verdier. Penser le problème des retraites

Extraits

[...] En effet, ils nous incitent à aborder le problème à la fois sous l'angle individuel et institutionnel, et permettent de traiter l'accumulation de capital physique comme de capital humain, exprimant donc une théorie des deux sources possibles de la croissance. De plus, les modèles insistent tous sur des aspects différents de l'action de l'Etat sur les inégalités, et mettent ainsi en lumière ses multiples missions : à la fois politique de redistribution, pour lutter contre les inégalités instantanées, et politique d'investissement dans des services productifs, générateurs d'externalités positives, comme les dépenses publiques d'éducation, pour lutter contre les inégalités dans le moyen/long terme en promouvant la croissance. [...]

[...] Le modèle de Tabellini et Persson considère l'incidence des choix politiques uniquement sur l'épargne individuelle, en spécifiant que les dépenses publiques ont pour seul objectif la redistribution. Le cadre économique est un modèle à générations imbriquées standard, où les agents vivent deux périodes, et les dépenses publiques étant uniquement destinées à la redistribution, une hausse du taux de taxation provoque immédiatement une baisse du rendement de l'investissement privé . Comme l'indiquent les auteurs le taux de taxation qi est an index of how well an individual can privately appropriate the returns on his investment. [...]

[...] Or, ici, tout se passe comme si l'on pouvait négliger l'idée de toute redistribution instantanée entre les générations, puisque chaque génération effectue son investissement et sa redistribution en son unique sein . Enfin, en l'absence d'altruisme intergénérationnel, on élude toutes les considérations de mobilité sociale, la dotation initiale ei étant indépendante des décisions d'investissement des parents, seul comptant l'investissement agrégé, et on néglige donc un aspect capital des inégalités dans leur interaction avec la croissance. De plus, ceci contribue fortement à affaiblir l'idée que l'on peut se faire de k comme investissement en capital humain : car une caractéristique importante du capital humain et particulièrement scolaire, est de pouvoir être transmis à ses descendants directs, construisant ainsi des stratégies et des trajectoires familiales voire dynastiques[3]. [...]

[...] En ce qui concerne la modélisation des mécanismes politiques, le modèle s'appuie sur le théorème de l'électeur médian[2], électeur médian dont le taux de taxation optimal à titre individuel est choisi à l'équilibre politique. La particularité du modèle est que, du fait de l'absence d'altruisme intergénérationnel et en posant que seuls les jeunes votent sur le taux d'imposition à la période suivante, la résolution de l'équilibre politique se ramène à un problème statique et élimine toute considération dynamique. Ce modèle est donc assez décevant sur plusieurs points : il ne considère pas les inégalités comme un processus interagissant avec la croissance en une causalité double. [...]

[...] L'inégalité est-elle néfaste pour la croissance ? Introduction : Il existe deux canaux de croissance économique que sont l'épargne financière et l'acquisition de capital humain. La pertinence d'une politique de redistribution dépend alors du cadre économique que l'on retient : un univers kaldorien où la redistribution désincite les plus riches à épargner prône une intervention limitée des pouvoirs publics. Par contre une société marquée par l'imperfection des marchés des capitaux peut connaître une croissance plus forte si l'Etat redistribue. L'idée essentielle est aussi de distinguer redistribution des gains (effet désincitatif) et redistribution des actifs (pour diffuser les capacités d'investissement). [...]