La navigation aérienne a depuis toujours suscité les rêves les plus fous, nourri les recherches les plus improbables. Et c'est en cela que la période située de l'extrême fin du XIXe jusqu'aux années 1950 est passionnante car elle marque l'évolution de l'aéronautique en France, du domaine de l'utopie à une relative démocratisation du transport civil aérien amorcé dans les années d'après-guerre. Les progrès de l'aéronautique ont, entre autres révolutionné les modes de transport ou encore modifié la nature des guerres. Cependant, les grandes découvertes en aéronautique, les exploits individuels des pilotes, le génie des pionniers ne peuvent être dissociés de l'industrie qui produit les avions et ses composantes : comment pourrait-on évoquer les heures de gloire de l'aéronautique française sans analyser l'effort industriel de 1914-1918 ?
Ecrire l'histoire de l'industrie aéronautique en France, c'est replacer une épopée du XXe dans son contexte naturel, qui touche à l'évolution générale du pays, en mêlant l'organisation économique, la décision politique, l'institution militaire mais aussi les pionniers, les industriels et les acteurs publics. Le choix de ce sujet est d'autant plus pertinent que les évolutions de l'industrie aéronautique française sont aussi révélatrices des forces et faiblesses de l'industrie française en général. Aux alentours de 1900, s'amorce un renouvellement de l'industrie française qui s'inscrit dans « la seconde révolution industrielle », caractérisée notamment par l'apparition de nouvelles familles de produits, comme l'aéronautique ou l'automobile.
De 1900 au début des années 1950, l'industrie aéronautique française a connu trois périodes : la première, prospère, marquée par une position internationale de premier rang, jusqu'à la fin de la Grande Guerre. Puis on assiste aux vicissitudes de cette dynamique positive jusqu'aux nationalisations. Enfin, à partir de la fin des années 1930 jusqu'au début des années 1950, l'industrie est prise dans ses contrastes : entre relance et défaite militaire, archaïsme et modernisation. Il s'agira de comprendre par quels changements l'industrie est passée de la gloire des années 1910, au déclassement des années 1930 à la renaissance des années 1950, mais aussi de tenter de représenter le tissu industriel en mettant en perspective les intérêts privés mais aussi le rôle d'impulsion de l'Etat.
[...] L'industrie aéronautique va entreprendre, dès le début des années 50, une phase d'essor considérable, aidée, il est vrai, par une conjoncture économique favorable. Conclusion L'industrie aéronautique française aura donc connu trois phases distinctes dans son évolution jusqu'aux années 1950 : une première jusqu'à la fin de la Grande Guerre, durant laquelle elle fut à l'avant-garde mondiale. Ensuite, l'industrie connut une décadence progressive, sa capacité d'innovation s'effrita en comparaison avec l'étranger, ce qui la rendit plus tard tributaire des innovations importées des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne. [...]
[...] L'industrie aéronautique est donc bien un exemple révélateur de l'évolution, et des choix de l'industrie française en général. Elle connut de son avènement aux années 1950 un conflit persistant entre l'interventionnisme étatique et les intérêts privés, qui culmina avec les Nationalisations de 1936. Il faut souligner que les politiques de l'Etat furent souvent empreintes d'incohérence (tentative de constitution de grandes entreprises en même temps que la préférence pour des petites entreprises) ou furent mal appliquées par les entrepreneurs. Néanmoins, en l'espace d'un demi-siècle, deux générations successives se dévouèrent pour l'aviation, des plus obscurs mécaniciens jusqu'aux ingénieurs les plus doués, en passant par des hommes d'Etat influents, pour en faire une industrie compétitive à l'échelle mondiale. [...]
[...] L'innovation en matière de matériel civil connut au cours de cette période un vrai boom : 54 types nouveaux d'avions de transport et de tourisme furent créés et les avions métalliques, monoplan, multimoteurs devinrent la règle en matière d'aviation commerciale et militaire. Pour parvenir à résoudre le dilemme qualité-quantité, l'Etat fit porter l'effort sur la création de prototypes : l'augmentation des dépenses en matière de prototype permettrait de produire moins d'appareils de série, mais plus efficacement. Mais ce new deal aéronautique supposait qu'on diminua le nombre d'entreprises. [...]
[...] Les dirigeables et autres zeppelin (plus légers que l'air) se développèrent jusqu'en 1930 et la catastrophe d'Hindenburg. Mais un autre secteur de la recherche allait se révéler bien plus fécond : les aéroplanes (qui sont, en opposition aux dirigeables, plus lourds que l'air). Tout le monde sait aujourd'hui que l'inventeur de l'aéroplane, en France, était Clément Ader (1841-1925), mais il garda secrètes ses découvertes. C'est donc au capitaine Ferber (1861-1909), qui fut l'un des premiers de la génération d'inventeurs civils nationaux, que l'on doit en France la révélation de l'aéroplane (le caractère novateur de cet appareil résidait dans les ailes chargées de tenir l'air). [...]
[...] Ils renonçaient ainsi à la tradition des inventeurs constructeurs soutenus par l'image technique de leur marque. Même chose chez d'anciens sous-traitants reconvertis comme Amiot/SECM, Lioret et Olivier, Hanriot, qui passèrent le début des années 1920 et le début des années 1930 à jouer sur deux tableaux : promotion d'une marque avec quelques créations, mais aussi sous-traitance massive pour rentabiliser l'usine et l'équipe technique. Au contact de la politique de Caquot ces firmes allaient néanmoins être contraintes à un recentrage qui menaçait toutes les firmes même les plus glorieuses comme l'atteste la lente agonie économique du plus brillant des inventeurs de l'avant-guerre, du plus habile industriel de la guerre : Louis Blériot. [...]
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