L'idée selon laquelle les conditions financières peuvent engendrer des fluctuations économiques n'est pas nouvelle : au XXème siècle, la Grande Dépression de 1929 ainsi que le krach de 1987 et la crise japonaise ont tous eu pour origine une instabilité financière provenant d'un surendettement des agents non financiers.
Par ailleurs, cette fragilité financière n'est pas propre au XXème siècle: elle a été perceptible dès les premiers développements des secteurs bancaire et financier. Déjà, dès le XVIIIème siècle, les débats fondateurs portaient sur le lien entre la monnaie bancaire et le crédit et son influence sur les cycles économiques. Par exemple Fisher a considéré que l'ampleur de la Grande Dépression était en partie due au lourd endettement et à la détresse financière qui en résultait.
Ce phénomène correspond à la notion d'accélérateur financier, c'est à dire comment un développement sur le marché du crédit entraîne une propagation et une amplification des chocs. On a par conséquent un lien étroit entre les facteurs financiers et le déroulement du cycle économique. On trouve également une présentation de ce lien dans les travaux de Minsky où l'instabilité financière conditionne la conjoncture économique : l'entrée en récession ou le simple ralentissement économique s'accompagnent souvent d'une crise du système bancaire et financier.
Cependant, l'importance de ces facteurs monétaires et financiers dans les cycles économiques ne fait pas l'unanimité. Il est nécessaire de rappeler que la neutralité de la monnaie et l'antagonisme entre sphère réelle et monétaire sont deux postulats de base de la théorie néoclassique. Fisher et ses héritiers s'opposent à cette vision. Pour eux, la crise financière témoigne de dysfonctionnements du système financier et elle peut contribuer aux fluctuations cycliques de l'activité ; ce que nous montrerons ultérieurement.
[...] Cet endettement conduit à l'augmentation du risque prêteur dans la mesure où la probabilité de défaut de la firme s'accroît (se traduisant par une hausse de Pi) et, parallèlement à l'élévation du risque de l'emprunteur du fait de la diminution des perspectives de rentabilité (baisse de Pk). Du fait de cet accroissement du nombre d'investissements financés en partie par endettement, les anticipations des prêteurs et des emprunteurs sont davantage optimistes en matière de risque et acceptent donc un endettement plus important. Chaque nouvel investissement provoque des augmentations de revenu qui stimulent davantage l'investissement ce qui contribue à accroître le revenu et favorise la croissance. L'économie rentre alors dans une période d'euphorie caractérisée par une perte de contact avec la réalité. Cette euphorie génère de la spéculation. [...]
[...] La dynamique des crises est alors perçue à travers les enchaînements entre crise de la production et crise financière : les caractéristiques financières de l'économie font qu'elle est intrinsèquement cyclique, notamment à cause de l'incertitude présente. Ce lien entre cycle des affaires et fragilité financière est la Financial Instability Hypothesis (FIH). Comme nous le verrons par la suite, la FIH s'appuie sur un pilier principal : les comportements des agents face à l'endettement. Avant toute chose, il est nécessaire de rappeler la distinction qu'établit Minsky entre les trois modes possible de financement des investissements pour les entreprises. [...]
[...] En revanche, la théorie de la dette-déflation a bénéficié d'une reconnaissance tardive mais grandissante de la part d'économistes soucieux de relier l'approche fisherienne de la crise à des approches plus keynésiennes centrées sur l'instabilité d'origine financière des économies capitalistes. Ainsi, l'insistance dont faisait preuve Fisher à l'égard de la séquence optimisme / surendettement / déséquilibres financiers constitue le point d'ancrage de l'instabilité financière. Ainsi la théorie de Fisher a été prolongée par l'économiste Hyman Minsky dans une série d'articles traitant de l'instabilité financière. II- MINSKY ET LA THEORIE DES CYCLES Présentation L'analyse de Minsky se place dans un contexte d'essor économique (contrairement à Fisher) et de mutation du système financier. [...]
[...] On assiste alors à une baisse des taux d'intérêt nominaux et, du fait de la déflation, à une hausse des taux d'intérêt réels. Une intervention étatique prônée par Fisher comme remède aux crises Dans ce schéma, le surendettement apparaît bien être le facteur décisif à l'origine d'un enchaînement vicieux menant à la déflation. Selon la théorie de Fisher, le surendettement créé une déflation, qui finit par éliminer le surendettement. La faillite quasi-universelle finit par laminer l'endettement et peut déboucher sur une reprise. [...]
[...] du capital ! ! ! ! I endettement I' ( I par autofinancement) effectif) Détermination de l'investissement dans le modèle de Minsky Explication du graphique L'endettement se confronte à deux prix : le prix de demande du capital et le prix d'offre du capital (Pi). Pk est évalué par le marché financier en fonction du prix maximum que les emprunteurs acceptent de payer pour financer leur investissement. Les entrepreneurs comparent alors ce prix au prix d'offre du capital qui est fonction des conditions organisationnelles et financières de la firme (coûts, pouvoir de marché ) et qui est considéré comme étant une fonction croissante de la taille de l'investissement. [...]
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