Ce que nous voulons montrer ici, c'est que les modèles d'économie politique ont des formes réduites qui sont toutes globalement validées par l'analyse empirique et qui démontrent une relation négative entre les inégalités et le développement économique. En revanche, dès qu'il s'agit de tester le rôle qu'ont les politiques dans cette relation, c'est-à-dire tester l'intuition centrale de ces modèles, les résultats empiriques sont loin d'être catégoriques. Et, la faiblesse des données n'explique pas tout ! Pour livrer une analyse relativement exhaustive du problème, nous avons choisi d'exposer et de discuter un à un les tests économétriques des différents modèles d'économie politique, puis d'étudier les conséquences de ces résultats sur la pertinence des choix politiques
[...] C'est-à-dire que la seule différence d'impact sur la croissance introduite par la distinction démocratie/dictature passe par les inégalités de revenu. Autrement dit on assiste à une confirmation indirecte mais importante du canal des choix politiques. Cependant, il faut prendre garde au fait que, en général, les démocraties ont des PIB moyen par tête plus élevé que les pays non démocratiques. Comment être sûr, dès lors, que la relation mise en évidence ne reflète pas simplement une différence de comportement entre les pays riches et pauvres, plutôt qu'entre les démocraties et les pays non démocratiques ? [...]
[...] Dans tous les cas, MIDDLE a un impact significativement positif sur la croissance future. La grosse différence avec Alesina et Rodrik tient dans les résultats des tests sur l'impact de la nature du régime : ils font d'abord 2 régressions avec les démocraties d'un côté et les dictatures de l'autre. Dans la deuxième régression, le test de Fisher de nullité de tous les coefficients conduit à accepter l'hypothèse nulle. Puis ils font une régression commune en ajoutant une dummy démocratie Les résultats montrent que la relation positive entre égalité et croissance n'est effectivement présente que dans les démocraties, quelles que soient les variables de contrôle. [...]
[...] Surtout, le fait de prendre en compte les décisions politiques d'ouverture commerciale permet d'insérer la réflexion sur l'inégalité et la croissance dans le cadre des analyses sur la mondialisation, qui est un facteur clé à la fois de croissance et d'inégalité (à la fois within et between). Et on peut ainsi mieux comprendre en quoi les stratégies commerciales coréennes ont assuré sa réussite sociale et économique par rapport à d'autres pays a priori identiques. Ainsi la politique est une véritable arme de développement, qui agit sur l'interaction inégalité/croissance. [...]
[...] En effet ces deux auteurs parviennent à montrer que le régime politique a une influence sur la relation entre inégalités et croissance, ce qui pourrait conforter l'intuition théorique des modèles d'économie politique. Détaillons un peu cela. Tout d'abord, Tabellini et Persson testent leur modèle réduit à la manière d'Alesina et Rodrik, sur un échantillon de 9 pays développés sur la période 1830-1985 découpée en tranches de 20 années. Leur indicateur d'inégalité est quelque peu différent : il s'agit de la part des 20% de revenus les plus élevés dans le revenu total. [...]
[...] Là où le bât blesse, c'est quand il s'agit de savoir si le canal de cette effet négatif est bien la décision politique par le truchement de l'électeur médian. Or pour tester cela, la spécification des auteurs est très déficiente : ils se contentent d'ajouter une dummy démocratie Et leur résultat est que le coefficient de cette dummy dans la régression n'est pas significatif, la relation entre inégalité et croissance ne dépendant donc pas de la nature démocratique ou non du régime. [...]
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