Lors de son indépendance en 1968, le pays partage la plupart des problèmes typiques de l'Afrique, ainsi que le souligne James E. Meade, Prix Nobel d'Economie en 1977 : monoculture sucrière héritée de la colonisation, dégradation des termes de l'échange (on le sait particulièrement défavorables en général aux pays producteurs de matières premières, celles-ci ayant une faible élasticité), démographie galopante, tensions ethniques entre les différentes communautés, etc. Pire, l'Ile Maurice était désavantagée même par rapport au reste de l'Afrique : climat complètement tropical, éloignement maximal des marchés mondiaux, et enfin dépendance aux commodités (30% des exportations en 1970 contre 18% pour le reste de l'Afrique la même année).
Contrairement aux noires prévisions de Mr. Meade, le pire n'est pas advenu, bien au contraire. Tous les indicateurs semblent faire de l'Ile Maurice un des champions du développement en Afrique, un champion qui peut, à son échelle sans doute, tenir la comparaison sur bien des points avec d'autres nations du monde. En effet, de 1973 à 1999 la croissance moyenne annuelle a été de 5.9% par, comparé à 2.4% seulement dans le reste de l'Afrique, écart corroboré par les différences de croissance du PIB/tête : 3.25% contre 0.7%. En d'autres termes, le constat de growth collapse évoqué par RODRIK pour caractériser la situation des pays africains après les chocs pétroliers de n'a pas eu lieu à l'Ile Maurice. L'amélioration des indicateurs de développement humain est tout aussi impressionnante : l'espérance de vie moyenne (hommes et femmes confondus) est passée de 61 ans en 1965 à 71 ans en 1996, l'enseignement primaire s'est généralisé et les inégalités de revenu ont diminué, faisant passer le coefficient de Gini de 0.5 en 1962 à 0 .37 en 1986-1987.
[...] De fait, le revenu par tête est passé de 200 US$ en 2000 à 3900 US$ en 2002, le taux d'alphabétisation en 2000 est de (données OCDE), et l'espérance de vie est de 72 ans en 2000. La croissance démographique a d'ailleurs été jugulée avec succès puisque, de entre 1952 et 1962, elle est retombée à en 2005, au point que certains craignent un vieillissement de la population. De plus, le pays jouit d'un réseau sanitaire développé et, contrairement au reste du continent africain, a réussi à se protéger du fléau du SIDA : le taux d'infection au HIV est de en 2001. [...]
[...] Cependant ceci ne signifie pas qu'il existe en Afrique une fatalité du sous-développement. L'Ile Maurice, qui à la base était défavorisée par sa très faible population, sa situation géographique et ses conditions climatiques a montré qu'il est possible grâce à une stabilité politique dans le cadre d'un système démocratique d'assurer avant tout le développement économique et social d'un pays, ce qui s'est traduit par une bonne gestion. Ce pays très impliqué dans le processus de mondialisation pourrait représenter pour l'Afrique un modèle à suivre dans la poursuite de leur développement, notamment concernant l'adaptation et la diversification de l'économie. [...]
[...] L'Ile Maurice, un bon exemple de développement économique ? Introduction Plus que tout autre continent, l'Afrique symbolise les malheurs et les déboires du sous-développement. Cumulant les handicaps, des failed states aux massacres interethniques, du SIDA à l'extrême pauvreté, de l'éloignement des marchés internationaux au déficit de capital humain, elle ne semble pas pouvoir offrir beaucoup d'histoire de succès. Ceux-ci existent pourtant, et l'Ile Maurice est l'un de ceux-là. Le moins que l'on puisse dire de l'Ile cependant, c'est que le pays était relativement mal parti. [...]
[...] Dans le même temps, le système éducatif a été considérablement développé, dans une optique qui considère l'individu comme principale ressource nationale. Les formations professionnelle et universitaire ont notamment été renforcées. Cette qualité institutionnelle est le fruit d'un modèle participatif original, qui a réussi à multiplier les facteurs favorables : les réformes ont été conduites sous trois gouvernements aux idéologies pourtant différentes ; une culture de la transparence et de politique participative permet le fonctionnement de mécanisme de early warning et de feedback ; enfin, les autorités ont pris soin de développer et de chouchouter le secteur sucrier, plutôt comme dans d'autres pays africains de taxer ce secteur clef. [...]
[...] Meade, le pire n'est pas advenu, bien au contraire. Tous les indicateurs semblent faire de l'Ile Maurice un des champions du développement en Afrique, un champion qui peut, à son échelle sans doute, tenir la comparaison sur bien des points avec d'autres nations du monde. En effet, de 1973 à 1999 la croissance moyenne annuelle a été de par, comparé à seulement dans le reste de l'Afrique, écart corroboré par les différences de croissance du PIB/tête : contre En d'autres termes, le constat de growth collapse évoqué par RODRIK pour caractériser la situation des pays africains après les chocs pétroliers de n'a pas eu lieu à l'Ile Maurice. [...]
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