La gravité du phénomène hyperinflationniste en Amérique latine ne fait qu'accroître l'intérêt de l'étude tant des mécanismes qui sont à la base des hyperinflations que des politiques capables de rétablir la régulation monétaire et de briser l'envolée des prix. C'est ainsi qu'on peut rapprocher ces expériences des périodes d'hyperinflation des années 1920 et 1940, tout particulièrement le cas de l'Allemagne de 1922-1923 et celui de la Hongrie de 1922-1924 et de 1945-1946. En effet, dans ces pays les finances publiques ont dû faire face au fardeau des réparations de guerre qui impliquaient de lourds transferts à l'extérieur. Dans ce contexte, l'accélération de l'inflation fut inhérente à l'instabilité macro-économique d'ensemble engendrée par l'impossibilité dans laquelle se sont trouvés les gouvernements de concilier les exigences en matière de dépenses avec les limites imposées par le niveau des recettes fiscales ; d'où le recours à la « taxe inflationniste » dont l'efficacité allait buter sur la chute des liquidités réelles
[...] La période 84, juste avant l'hyperinflation de l'année 1985, est ainsi marqué par le fait que la Bolivie devient un exportateur net de capitaux. Elle a ainsi de plus en plus de difficultés pour organiser le remboursement des intérêts contractés auparavant. Le TFN est ainsi négatif durant cette période et représente jusqu'à du PIB en 1984. A l'instar de ce qui arrivera quelques années plus tard dans d'autres pays latinos américains (Pérou la ponction interne interne à laquelle est soumise la Bolivie demande une gestion du budget et des finances publiques qui est en fait quasiment insoluble. [...]
[...] Crise et hyperinflation en Bolivie : la réussite du choc orthodoxe 1. Déséquilibre des finances publiques et hyperinflation Voyons tout d'abord les principales caractéristiques de l'évolution de l'économie bolivienne lorsque éclate l'hyperinflation de l'année 1985, c'est à dire la nature de la crise qui est à la base des déséquilibres majeurs engendrant le processus hyperinflationniste. On assiste en fait à partir de la seconde moitié des années 70 à une crise irrémédiable du modèle traditionnel d'insertion de la Bolivie dans l'économie mondiale, basé sur l'exploitation des mines. [...]
[...] Or depuis les années 1980, un type nouveau d'hyperinflation, dite rampante, gangrène l'économie de plusieurs pays du Sud. Cette situation où les prix rasent non le sol, mais plutôt la limite la séparant de la crise totale, est auto entretenue par des mécanismes qu'il convient d'étudier. B. L'hyperinflation rampante et ses conséquences Premièrement, les économies souffrant d'hyperinflation voient les bénéfices qu'ils peuvent tirer des prélèvements fiscaux s'effondrer au fil dû l'évolution du phénomène. Or cette détérioration a deux conséquences : elle signifie une baisse des ressources pour les entreprises publiques, une hausse des impôts indirects pesant sur le prix de vente des produits mais surtout une perte sèche pour le budget de l'Etat qui n'est dès lors plus capable d'assurer une politique budgétaire à même de lutter contre l'inflation. [...]
[...] Après une brève stabilisation de l'inflation en 1985, celle-ci repart de plus belle une année après. Le plan Austral avait pourtant mis en place des mesures tout à fait orthodoxes (augmentation des impôts, des tarifs du secteur public, baisse des dépenses, renoncement à la monétarisation de l'économie). Celles-ci n'aboutissaient pas en effet, contrairement à la Bolivie, à une réforme fiscale de fond qui permette d'élargir les recettes de l'Etat, c'est un des talons d'Achille de la politique argentine. Dans ces conditions le fardeau de la dette extérieure qui ne fait qu'augmenter avec les taux d'intérêts au fur et à mesure que l'instabilité s'installe, devient rapidement insupportable pour le pays. [...]
[...] On assiste d'abord à une fuite accélérée devant la monnaie nationale, qui accentue plus qu'elle ne répond à une forte inflation. Dans les cas d'hyperinflation rampante, les fonctions de réserve de valeur et d'unité de compte sont exercées par le dollar, ou par des titres nationaux calqués indirectement sur le dollar, tandis que la fonction de moyen de circulation est exercée le plus souvent par des monnaies nationales. Cette dollarisation conduit à une dégradation du taux de change, puisque le cours du dollar parallèle monte d'une façon incontrôlée. [...]
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