Comment la globalisation façonne le Monde
[...] Aussi tard que la fin du 18eme siècle, quand l'Europe affirme déjà une éclatante suprématie, le monde est encore un monde de territoires égaux: les inégalités entre pays sont très réduites; le PIB/ha est du même ordre de grandeur en Inde, en Chine, en Europe et dans le Nouveau Monde Durant le 19eme et jusqu'à la fin du 20eme siècle, le fait majeur est que les inégalités entre pays ne vont cesser de se creuser. En revanche, les inégalités sociales internes aux pays restent stables en moyenne au cours du 19eme et jusqu'aux années 20, puis elles se réduisent presque partout. Il faut à mon avis y voir l'effet de la peur inspirée par la première révolution socialiste victorieuse en 1917. Face à ce qui se veut un modèle alternatif, les capitalismes inventent la social démocratie. [...]
[...] Et constatons que rien de cela n'existe aujourd'hui. Inclusifs, les capitalismes qui se déploient sous nos yeux le seront probablement beaucoup moins, ignorant des masses d'hommes que pour cette raison je nomme : les hommes inutiles Ils sont structurés par des réseaux de firmes globaux, en concurrence oligopolistique affaiblie (allant jusqu'au monopole) à mesure que l'on monte vers les têtes de réseau, mais féroce et globale à la base. Les têtes de réseau, acteurs nomades déployant leurs activités dans la plupart des territoires, soit stimulent et fertilisent, soit au contraire étouffent et réduisent, soit enfin ignorent superbement la masse des activités sédentaires, celles qui emploient la multitude de ceux dont les activités se bornent à un horizon local, au plus national. [...]
[...] Soit on la nie, du moins officiellement, et on laisse alors se développer une société coupée en deux : ceux qui ont des droits et ceux qui n'en ont pas, les sans papiers Les uns comme les autres travaillant et vivant côte à côte dans le même territoire. Cette dualité est contradictoire avec les principes mêmes de la démocratie. C'est en fait un moyen de la saper profondément. Reconnu ou ignoré, l'étranger chez soi devient donc une des questions politiques majeures de la globalisation en cours, et pas seulement dans les pays riches. [...]
[...] Si tout le monde le fait, personne n'en tire bénéfice. Dans ces conditions, l'inégalité sociale dans les pays riches risque fort de continuer à se creuser entre une minorité de compétitifs et une majorité de protégés. Le seul cas où les inégalités pourraient ne pas s'accroître serait celui où le nombre et/ou les revenus moyens des compétitifs d'un territoire augmenteraient plus vite que le nombre des protégés. Dans ce cas la demande adressée aux protégés d'un territoire croît plus vite que leur nombre, et leur sort s'améliore. [...]
[...] Cependant il vit, par bien des aspects, beaucoup mieux à Bangalore qu'en Californie. En raison de la très faible productivité et donc des très faibles revenus de l'hinterland indien, il peut s'offrir une belle maison, mais surtout des domestiques, un luxe encore réservé aux très riches dans les pays riches. Il peut même s'offrir aisément une voiture, qui demeure un luxe en Inde, car Tata a commencé de commercialiser des voitures non seulement produites mais conçues par le groupe et qui coûtent moins cher que la Logan de Renault destinée aux pays pauvres. [...]
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