En un demi-siècle, les mutations du système productif français ont été tellement profondes que son identité actuelle semble ne plus avoir grand chose à voir avec sa représentation traditionnelle. En effet, la France a connu, depuis une quarantaine d'années, deux épisodes qui ont bouleversé l'appareil productif et son organisation spatiale : d'abord une phase de croissance rapide, puis une phase de crise prolongée qui s'est caractérisée par un recul des effectifs, la disparition de grandes usines et une transformation du paysage industriel. En outre, l'insertion de la France dans l'économie monde, a conduit à un abandon progressif de la tradition interventionniste de l'Etat en matière industrielle (privatisations des années 80), bien que celui-ci reste le chef d'orchestre des politiques industrielles nationales. Cependant, la production ne s'est pas ralentie pour autant, et la France demeure une puissance industrielle réelle, située au cinquième rang mondial, loin derrière les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, devancée dorénavant par la Chine, le nouvel atelier du monde, et en concurrence avec l'Italie et le Royaume-Uni à ce niveau.
Ainsi suite à ces évolutions, doit-on réellement parler d'une désindustrialisation française ou plutôt de mutation du système productif?
Ces évolutions ont d'une part conduit à un bouleversement du système productif, entre crise et mutation (I), et d'autre part à une recomposition de l'espace industriel dont le bilan reste en demi-teinte (II).
[...] La recomposition de l'espace industriel : un bilan en demi-teinte 1 Un legs historique difficile Dualité productive et émiettement Les acteurs industriels français ne sont pas homogènes, il existe une dualité productive en France entre les PMI dont l'essor semble fragile et l'émiettement incontestable, et les grands groupes qui sont de moins en moins nationaux. Les PMI (entre 20 et 500 salariés) représentent 96% des entreprises industrielles des salariés et 46% de la valeur ajoutée dans l'industrie. Ainsi l'industrie française se caractérise par une structure fortement émiettée, mais surtout extrêmement disparate. Trois catégories peuvent être différenciées : - Les entreprises indépendantes, souvent d'origine familiale, confrontées surtout à un problème de succession. Souvent disparition ou reprise. [...]
[...] A l'échelle locale, on note un intérêt croissant pour les zones industrielles de périphéries urbaines (bassins d'emploi, échangeurs autoroutiers). La déconcentration industrielle ne remet pas en cause fondamentalement le déséquilibre initial, mais favorise deux types d'espaces : les villes en couronnes autour de Paris et des axes industriels orientés vers l'ouest et le sud ouest Une désarticulation spatiale encore accentuée par les nouvelles logiques de redéploiement issues de la crise Il y a trois échelles de considérations : -Tout d'abord, une logique nationale d'évitement (Damette et Scheibling) : la localisation industrielle privilégie l'absence de tissu industriel antérieur. [...]
[...] 3 Une stratégie de localisation et de développement d'avenir ? Les pôles de compétitivité En 2004, l'Etat a donné une nouvelle impulsion en matière de stratégie industrielle qui encourage le développement des pôles de compétitivité. L'ancrage dans le territoire va encore plus loin que dans la politique des technopôles, puisque avec les pôles de compétitivité il ne s'agit pas seulement de concentrer des activités éventuellement venues de l'extérieur (Sophia Antipolis) mais d'utiliser de manière plus large le patrimoine cognitif construit localement dans l'histoire longue. [...]
[...] Conclusion Pour conclure, on peut revenir sur la notion d'industrie nationale, qui semble perdre aujourd'hui de sa netteté du fait d'un double processus. D'une part, le phénomène de tertiarisation qui se développe dans l'industrie tend à estomper les frontières entre ce qui appartient au secteur industriel et ce qui ne lui appartient pas. D'autre part, le phénomène de mondialisation qui touche l'industrie et provoque une internationalisation toujours croissante des entreprises françaises. Elle devient donc un objet d'étude de moins en moins saisissable. Bibliographie Nouvel espace français, Daniel NOIN. La France, Robert Cheize. L'industrie en France, (collectif). [...]
[...] C'est d'une part, l'affirmation des systèmes productifs locaux comme la serrurerie du Vimeu, la plasturgie d'Oyonnax, la coutellerie de Thiers, l'industrie du surf de la côte landaise, le SPL du choletais. Et d'autre part les technopôles : des parcs d'activité destinés à accueillir industrie de pointe, des laboratoires de recherche, des instituts de formations et des antennes universitaires dans un tissu de fertilisation croisées et de synergies. Le modèle est Sophia Antipolis (près de Nice). Il en existe une soixantaine. Elles ont influencé une nouvelle répartition des industries sur le territoire français. [...]
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